29/5/2022

Danube 24 — Wachau (2) Ybbs

Classé dans: — Brigitte @ 21:04:57

               Au km 2059, nous débarquons dans la petite ville d’Ybbs, que nous visitons.

          Située à l’intersection d’importantes routes commerciales avec le Danube et à la frontière entre le Strudengau et le Nibelungengau, Ybbs occupait déjà une position importante au Moyen Âge. Avec Linz et Klosterneuburg, Ybbs était, en effet, l’une des trois villes à péage les plus importantes. Le bâtiment du péage du vin, l’office du sel et ce qu’on appelle le Passauer Kasten rappellent encore cette époque. La vieille ville historique et pittoresque est située directement sur le Danube - plus proche du fleuve que toute autre ville autrichienne, toutes séparées du fleuve soit par des rues, soit par des structures de protection contre les inondations.

          À Ybbs, en revanche, l’accès sans entrave au Danube a été conservé dans le cadre de la rénovation exemplaire de la vieille ville. Après quelques pas, vous vous trouvez dans la vieille ville avec ses ruelles romantiques et ses recoins. L’hôtel de ville sur la place principale date du XVIIe siècle et a reçu plus tard une façade classique. L’église paroissiale gothique de Saint-Laurent du XVe siècle a préservé, malgré les incendies de la ville un intérieur baroque.

          L’ancienne capitainerie évoque encore aujourd’hui les capitaines de navire qui réglementaient autrefois le trafic sur le Danube. Le plus connu est probablement Matthias Feldmülle. Aujourd’hui, l’ancienne maison du capitaine abrite “l’Atelier sur le Danube“, une plateforme internationale d’art contemporain, qui offre aux artistes autrichiens et internationaux des conditions de travail et des possibilités d’échange uniques. À Ybbs, un musée du vélo situé au 12 Herrengasse mérite également la visite.

          À 16h 30, nous quittons Ybbs pour poursuivre notre route vers Passau, notre point de départ du 16 mai, que nous atteindrons demain matin, 30 mai. Ce sera la fin de notre croisière sur le Danube…

               L’église fortifiée Saint-Michel est une église catholique romaine orientée à l’est avec une tour ouest située dans la paroisse cadastrale de Saint-Michel dans le bourg de Weißenkirchen dans la Wachau en Basse-Autriche. C’est une église filiale de la paroisse de Wösendorf dans le doyenné de Spitz.

                Il est temps d’aller dîner et de passer une dernière nuit sur le navire avant le débarquement qui se fera le lendemain après le petit déjeuner. Nous retrouverons, à Passau, notre voiture qui nous ramènera en France. Mais nous voulons terminer cette visite du Danube en effectuant une halte et une visite de Nüremberg, où nous passerons la nuit…

Danube 23 — Vallée de la Wachau (1)

Classé dans: — Brigitte @ 19:49:42

          La vallée de la Wachau, que nous parcourons, ce matin, est une vallée magnifique, de Basse-Autriche traversée par le Danube et située à environ 80 km à l’ouest de Vienne entre les villes de Krems et Melk. La vallée, longue d’environ 30 km, est un haut lieu touristique d’Autriche. Nous ferons escale à Ybbs, après l’écluse de Melk, que nous atteindrons vers 13 heures.

Entre Melk et Krems, le Danube traverse le Massif de Bohême. C’est ce mélange de Danube et de basses montagnes qui forme la Wachau. Le point culminant est le Jauerling qui atteint 960 m d’altitude. Les reliefs du Nord appartiennent au plateau de granit et de gneiss, qui s’étend sur presque tout le territoire autrichien situé au Nord du Danube, tandis que le Sud de la Wachau est constitué du Dunkelsteinerwald.

Le site de la vallée de la Wachau et inscrit au patrimoine de l’UNESCO.

          Krems (au km 2001) débute la vallée. C’est l’une des plus anciennes villes d’Autriche. La vieille ville de Krems est inscrite au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO depuis l’année 2000. C’est la grande ville de la région.

          Au km 2009, la ville de Dürnstein (la “perle de la Wachau”). Centre historique. C’est ici que fut emprisonné Richard Cœur de Lion. Ruines d’un château du XIIe siècle et abbaye fondée en 1410 dont la tour bleue est un des symboles de la région.

          Au km 2013, nous nous trouvons à Weissenkirchen, avec son célèbre centre historique et son église fortifiée du XIVe siècle. À côté, on peut voir la plus vieille école de Basse-Autriche, où l’on enseigne encore aujourd’hui depuis 600 ans !… C’est, également, la deuxième plus grande région viticole de la Wachau.

          Spitz (km 2019) est le centre de la vallée de la WachauHinterhaus, impostant château du XIIe siècle.

            Le château de Schönbuhel (du XIIe siècle et constamment remanié au cours des siècles) :

          Au km 2036, Melk marque la fin de la vallée. Elle est dominée par le magnifique édifice baroque du monastère bénédictin, édifié au début du XVIIIe siècle sur les plans de Jakob Prandtauer. Elle figure au patrimoine mondial de l’UNESCO.

          Après le déjeuner, nous débarquons à Ybbs (km 2059), que nous visitons.

28/5/2022

Danube (22) — Bratislava 2 (Slovaquie)

Classé dans: — Brigitte @ 20:32:30

                         Nous poursuivons la visite de Bratislava (alias Presbourg). Nous avons encore beaucoup à faire et à voir…

La bibliothèque du Centre slovaque, où l’on peut s’installer pour lire ou se reposer, et, même rechercher un livre, dans les rayons, à l’aide d’une échelle obligeamment installée ! ;-)

Les petites rues toujours animées :

Un pub irlandais très connu et bien achalandé :

Des statues bizarres et pittoresques, qui parsèment la ville, comme ce Cumil, représentant un homme sortant d’un égout… :

Et voilà que nous pouvons faire une halte pour nous restaurer l’esprit et l’estomac dans cette pâtisserie-musée très connue : la “Konditorei Kormuth” :

L’intérieur est meublé de meubles anciens originaux du 16ème au 19ème siècle et décoré de peintures anciennes. On n’y peut entrer que pour consommer, mais, pour la somme de 10 euros, on peut déguster une boisson et un gâteau délicieux :

                  

                            

                            

Après cet halte réconfortante, nous reprenons notre chemin dans les rues vivantes de cette capitale :

… pour nous rendre à la cathédrale Saint-Martin, que nous n’avions pas pu visiter, jusqu’à présent, parce qu’elle était occupée par une cérémonie de mariage :

Au sommet de la Tour de la cathédrale est posée une réplique dorée à l’or fin de la couronne de Saint Étienne, premier roi de Hongrie.

                 Autrefois, les services religieux avaient lieu au château de Bratislava. Mais, lorsque sa sécurité fut menacée, l’église fut déplacée hors du château (en 1221). Au fur et à mesure que la ville se développait, on entreprit la construction d’une église plus importante – c’était en 1311. La construction fut interrompue par la guerre, mais la cathédrale fut finalement consacrée en 1452, bien que les travaux se poursuivirent beaucoup plus longtemps. La cathédrale fut également l’église de couronnement des rois et reines de Hongrie. Onze rois et reines et huit de leurs époux y furent couronnés entre 1563 et 1830.

                              

                                      

                              

À 18h 30, il nous faut être de nouveau sur notre navire, où nous attend un beau coucher de soleil, qui accompagne un dîner de gala :

                    Nous sommes, à présent, en Autriche. Demain, nous nous dirigerons vers YBBS, à travers la magnifique vallée de la Wachau, l’une des vallées fluviales les plus enchanteresses d’Europe…

Danube (21) — Bratislava 1 (Slovaquie)

Classé dans: — Brigitte @ 19:59:00

                                 Aujourd’hui samedi 28 mai, notre navire continue sa route sur le chemin du retour et nous arrivons à Bratislava à 13h 30. Il nous faut attendre jusque vers 14h 30 que l’on nous permette de débarquer, mais, par chance, le port est tout près du centre ville et de la vieille ville. Nous aurons toute l’après-midi pour visiter.

Comme on le voit, sur la carte, Bratislava est située à la frontière de l’Autriche et de la Hongrie, sur les rives du Danube. C’est la seule capitale nationale qui jouxte deux pays voisins. Cela lui confère une position stratégique et une richesse culturelle. Bratislava est aussi proche de Vienne, capitale de l’Autriche, éloignée d’environ 60 km. Les deux villes sont reliées par un service régulier de bateaux et de trains.

                                Bratislava a une histoire riche et mouvementée, qui remonte à l’Antiquité. Fondée par les Romains, sous le nom de “Posonium“, elle a été le lieu de passage de nombreuses civilisations, comme les Celtes, les Romains, les Slaves, les Hongrois, les Habsbourg, les Ottomans, la France de Napoléon et les Tchécoslovaques. Elle se nomma, tour à tour, Pozsony, Preßburg (Presbourg), Presporok, elle fut la capitale du royaume de Hongrie du XVIe au XVIIIe siècle et vit le couronnement de onze rois et reines hongrois entre 1563 et 1830. Elle a, également, été le siège du parlement hongrois entre 1848 et 1849, et le centre du mouvement national slovaque au XIXe siècle. Elle a fait partie de la Tchécoslovaquie entre 1918 et 1992, sauf pendant la Seconde Guerre mondiale où elle fut annexée par l’Allemagne nazie, et elle est, actuellement, devenue la capitale de la Slovaquie indépendante en 1993.

C’est dans l’harmonieux centre historique, sur la rive nord du Danube, que se dévoile le charme de Bratislava. Il fait bon flâner dans ses ruelles piétonnes ponctuées de places ombragées, de belles églises et de palais baroques ou rococo dans lesquels sont aménagés les principaux musées de la ville.

                                Non loin de l’embarcadère, nous admirons le magnifique bâtiment de la Reduta, l’un des bâtiments historiques les plus célèbres et les plus beaux de la ville, construit dans un style éclectique. Construit entre 1913 et 1919, il est le siège de l’Orchestre Philharmonique Slovaque.

                               Nos pas nous mènent, un peu plus loin, sur la place Hviezdoslavovo námestie (littéralement place Hviezdoslav). C’est l’une des places les plus connues de Bratislava, située dans la vieille ville, entre le nouveau pont et le Théâtre national slovaque.

                               La place porte le nom de Pavol Országh Hviezdoslav, poète slovaque (1849-1921), dont on voit la statue plus grande que nature. Cette place existait dans le Royaume de Hongrie depuis 1000 ans. De nombreuses maisons médiévales y ont été construites. Les bâtiments les plus remarquables sont le cloître Notre-Dame et l’actuel Théâtre national slovaque, qui se trouvent dans la partie est de la place. Auparavant, les nobles les plus importants envoyaient leurs filles étudier dans ce cloître, par exemple : Pálffy, Forgách, Harrach, Lichtenstein.

(Au fond, l’ambassade des USA)

Le 17 mars 1848, le leader national hongrois Lajos Kossuth proclama depuis le balcon de l’hôtel Zöldfa (littéralement : Arbre vert) “La Hongrie renaît” à la foule rassemblée sur cette place, Ferdinand V ayant signé la veille les lois de mars au Palais du Primat. La salle de pratique de la première école de fanfare hongroise fonctionnait également ici. Lajos Kossuth, Francois-Joseph, Albert Einstein et Alfred Nobel ont également séjourné dans cet hôtel, qui est, aujourd’hui l’hôtel Carlton.

En 1911, la sculpture de Sándor Petőfi, poète inspirateur du nationalisme hongrois et de la révolution de 1848, fut érigée en face de l’actuel Théâtre national slovaque. Après l’occupation de la ville par l’armée tchécoslovaque en 1918, elle fut attaquée sans succès à la dynamite. Elle a été retirée, depuis. Cette place a subi d’importantes reconstructions à la fin du XXe siècle. Avant la reconstruction, elle ressemblait à un petit parc urbain ; à présent, c’est une belles promenade. Le 24 février 2005, le président américain George W. Bush a prononcé un discours public sur la place Hviezdoslav, lors de sa visite à Bratislava pour le sommet slovaque de 2005 en présence du président russe Vladimir Poutine.

Un peu plus loin, nous nous dirigeons vers une des plus jolies curiosités de cette cité : L’Église Sainte-Elisabeth, ou Église bleue. Baptisée en l’honneur d’une princesse hongroise, cette église populaire est un étonnant sanctuaire de style Sécession (Art nouveau hongrois) bâti dans les années 1910. En dehors de ces couleurs inhabituelles, on peut admirer ses mosaïques, notamment celle du portail qui conte un miracle de la sainte.

                                   

                                   

            Un peu plus loin, l’église et le monastère Sainte-Élisabeth de Hongrie

                                   

                Élisabeth de Hongrie ou Élisabeth de Thuringe (Presbourg, 7 juillet 1207 - Marbourg, 17 novembre 1231) est une souveraine de Thuringe membre du Tiers-Ordre franciscain et reconnue comme sainte par l’Église catholique. Sa fête est fixée au 17 novembre. L’ordre Teutonique fait construire une église gothique destinée à recevoir ses reliques. Celles-ci attirent des foules nombreuses faisant de Marbourg un grand centre de pèlerinage de l’Occident chrétien. Des franciscains allemands font découvrir à la jeune landgravine l’esprit de François d’Assise et elle décide alors de renoncer à une vie de luxe et de frivolité pour se mettre au service des pauvres. Sa piété la fait juger extravagante voire indigne par la cour et notamment sa belle-mère, la landgravine Sophie…

Le miracle des roses : On raconte qu’elle portait secrètement du pain aux pauvres d’Eisenach, à pied et seule, ce que réprouvait son mari. Un jour, la rencontrant sur son chemin, celui-ci, contrarié, lui demanda ce qu’elle cachait ainsi sous son manteau. Elle lui répondit d’abord que c’étaient des roses, puis, se rétractant, elle lui avoua, pour finir, que c’était du pain. Mais, lorsque son mari lui ordonna alors d’ouvrir son manteau, il n’y trouva que des roses…

                                   

La rue Michalská est l’une des plus anciennes et célèbres de Bratislava. Elle traverse l’axe nord-sud de la vielle ville. Cet itinéraire très fréquenté, bordé de boutiques de luxe, joue le rôle d’un corso urbain où il est bon de flâner. Les maisons, autrefois maisons marchandes, sont pour la plupart de style Renaissance. L’impressionnante porte St-Michel, symbole de Bratislava, est la seule des quatre portes des remparts ayant été conservée.

Le musée de la ville de Bratislava, sur la place primatiale :

Le palais Primatial (qui abrite, désormais, la mairie de la cité) :

C’est dans ce palais à la séduisante façade néoclassique, construit en 1778-1781, qu’après la bataille d’Austerlitz, l’empereur Napoléon Ier signa avec l’empereur François Ier d’Autriche la paix de Presbourg en décembre 1805. La rue de Presbourg à Paris célèbre ce souvenir. Le palais renferme un véritable trésor : de somptueuses tapisseries qu’on estime réalisées en 1619-1688 à Londres.

La place principale (Hlavne namestie)

C’est l’ancienne place du marché. En son centre s’élève une fontaine Renaissance que fit construire le roi Maximilien II en 1572. L’édifice le plus impressionnant reste l’ancien hôtel de ville avec sa grande tour. La place est le point de rendez-vous des habitants de la ville qui en été viennent y chercher un peu de fraîcheur. En hiver, elle accueille le marché de Noël où il fait bon flâner sous les effluves de vin chaud et de pains d’épices. L’Ambassade de France donne sur cette place.

Au fond, le Wild Elephants Hostel (« Meilleure auberge pour faire la fête » (sic) :-)

(suite et fin de Bratislava dans le prochain article)

27/5/2022

Danube (20) — Budapest 4 (Hongrie)

Classé dans: — Brigitte @ 23:18:51

                    Après un dîner au restaurant décoré, cette fois, aux couleurs de la Hongrie, que nous allons bientôt quitter :

je monte sur le pont-soleil pour admirer la traversée de la cité illuminée, ce qui me permet de revoir les monuments déjà vus ou visités :

          Les illuminations génèrent des reflets magiques sur les eaux du Danube…

          et, à tout seigneur, tout honneur, le Parlement, dans son entièreté :

                    (vous pouvez voir cette image en grande taille dans une autre fenêtre en cliquant ici)

          Il est, à présent, l’heure d’aller dormir, mais, si vous voulez regarder, ici ou en plein écran, une petite vidéo de cette traversée, je vous l’ai partagée ci-dessous :

Danube (19) — Budapest 3 (Hongrie)

Classé dans: — Brigitte @ 22:50:24

                    La Grande Synagogue de Budapest est aussi connue sous le nom de “Synagogue Dohány” car elle se trouve dans la rue Dohány. Elle est considérée comme la plus grande d’Europe1 et la seconde du monde par sa capacité d’accueil (3 500 places), et non par sa taille, après le Temple Emanu-El à New York.

                    « L’édifice a été construit [ je cite, ici, Wikipedia ] entre 1854 et 1859 par l’architecte viennois Ludwig Förster dans le style mauresque, inspiré principalement par les modèles musulmans d’Afrique du Nord et d’Espagne (l’Alhambra), selon un plan de Ludwig Förster, avec un style intérieur dû en partie à Frigyes Feszl. Cette synagogue se distingue aussi par les éléments d’aménagements chrétiens notables qu’y a apportés son architecte, lui-même catholique : plan basilical, table de lecture de la Torah (tébah) au fond du bâtiment et non pas au milieu, riche décoration ou encore présence de deux chaires latérales. »

Elle se situe dans le quartier juif de Budapest. Sa façade fait face à l’est, en direction de Jérusalem. Une surface intérieure de 1200 m2, 2964 places assises (1492 hommes, 1472 femmes), 53,1 m de longueur et le point le plus haut est à 43,6 m.

                                

                    Des musiciens célèbres y ont joué de l’orgue, comme Franz Liszt (lors de l’inauguration) et Camille Saint-Saëns. Cette synagogue est, du reste, l’une des rares à posséder un orgue (avec la Grande synagogue de Paris, rue de la Victoire, ou la synagogue espagnole, à Prague). Jouer de la musique étant interdit durant le chabbat, c’est un non-juif, le Shabbes goy, qui joue pendant les cérémonies.

                                

                                

Dans la cour arrière, le Raoul Wallenberg Emlékpark (parc de mémoire)

abrite le mémorial des Martyrs juifs hongrois (600 000 d’entre eux ont été assassinés par les nazis) en même temps qu’un mémorial dédié à Raoul Wallenberg et à d’autres « Justes parmi les nations ».

À côté, et contrairement aux règles religieuses habituelles, on trouve un cimetière dans le jardin de la synagogue. L’édifice se trouve, en effet, dans l’ancien ghetto juif où, pendant la Seconde Guerre Mondiale des milliers de personnes ont perdu la vie. D’où l’obligation était d’enterrer les corps.

On peut, également y admirer l’Arbre de vie, monument dédié aux victimes de la Shoah. Œuvre en métal d’Imre Varga, dévoilée en 1991, ce saule pleureur à la mémoire des 600 000 juifs hongrois tués par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale fut en partie financé par l’association de l’acteur américain d’origine hongroise Tony Curtis. Les noms de victimes sont écrits sur les feuilles de cet arbre.

                                

                    Après cette visite émouvante et un dernier adieu à cette magnifique synagogue, et avant de retourner au bateau, nous avions l’intention, pour nous reposer de cette journée de marche, de faire un arrête au New-York Café, qui aurait la réputation d’être le plus beau café du monde ! Rien que ça !… Ce fut chose faite.

                             

                                

          La décoration est sublime, en effet :

                                     

                       

          Le temps de se reposer de manière agréable en musique, en dégustant une douceur…

                                

                    En rentrant au port, nous nous recueillons auprès de paisibles statues d’une église paroissiale :

          Le dîner est à 19 heures, et le départ du bateau prévu à 20h 30. Le temps est magnifique. Nous nous réjouissons de pouvoir contempler la cité illuminée que nous longerons en partant (voir le prochain article).

                                                                                                

Danube (18) — Budapest 2 (Hongrie)

Classé dans: — Brigitte @ 22:40:49

                    J’entreprends, donc, de rendre une visite au Palais de Budavár (ou Château de Buda), situé sur la colline de Buda.

La construction du Palais de Budavár débute au XIIIe siècle, sous le règne du roi Béla IV de Hongrie. Au siècle suivant, le roi Sigismond de Luxembourg agrandit nettement le palais et consolide ses fortifications. Au XVe siècle, Matthias Ier de Hongrie ajoute à son tour sa pierre à l’édifice en faisant construire un palais renaissance adjacent au château existant déjà.

Aux XVIe et XVIIe siècles, le Palais de Budavár est endommagé à plusieurs reprises et presque complètement détruit lors des affrontements opposant l’Empire ottoman au Royaume de Hongrie puis à la Maison de Habsbourg. Mais l’édifice est entièrement reconstruit dans le style baroque au XVIIIe siècle, sous le règne de la reine Marie-Thérèse d’Autriche, puis brièvement converti en université avant de devenir la résidence du Palatin de Hongrie (le plus haut dignitaire du royaume après le roi).

          Pendant la Révolution hongroise de 1848, le Palais de Budavár est détruit dans un incendie. Il est par la suite reconstruit, cette fois-ci dans le style néo-classique.

Cependant, lors de la Seconde Guerre mondiale, le Château de Buda est détruit pour la troisième fois. Il est reconstruit dans les années 1960, mais cette reconstruction est aujourd’hui très critiquée par les spécialistes. Si les volumes en sont reconstruits, ses riches ornements et ses statues ne sont pas reconstitués, et sa coupole, ancienne pièce maîtresse du palais, n’est pas refaite à l’identique, mais remplacée par une version aux courbes modernes. De nouvelles rénovations sont à l’ordre du jour pour corriger les erreurs commises dans les années 1960 et rendre au Palais de Budavár sa splendeur d’antan !

Il n’est malheureusement pas possible de pénétrer dans le Palais de Budavár de Budapest. Mais la visite est intéressante, ne fût-ce que pour la vue que l’on a, de la colline, sur le Parlement, le Danube et la ville de Pest.

            Le Turul : oiseau perché sur le portail du Palais de Budavár, face au Danube. Dans la mythologie hongroise, le Turul est un oiseau mythique proche de l’aigle ou du faucon, et, selon la légende, c’est lui qui aurait mené le peuple Magyar (les ancêtres des Hongrois) dans le bassin des Carpates.

          La statue équestre du Prince Eugène de Savoie, face à l’entrée principale du Palais : considéré comme l’un des plus grands généraux de son époque, il s’est illustré dans la guerre opposant l’Empire ottoman aux armées autrichiennes. Réalisée par l’artiste József Róna, la statue est à l’origine une commande de la ville de Senta, en Serbie. Cette dernière ne pouvant finalement pas se permettre de la payer, la statue a trouvé sa place devant le Château de Buda.

          La fontaine du roi Matthias : située dans la cour ouest du Palais de Budavár, cette fontaine monumentale de style néo-baroque est l’œuvre de l’artiste hongrois Alajos Stróbl. Elle représente une partie de chasse menée par le roi Matthias Ier, représenté arc en main, un cerf mort à ses pieds. Sur les rochers en contrebas, son lieutenant souffle dans sa corne, tandis qu’un autre chasseur se repose. Trois chiens complètent la partie centrale de la fontaine.

          Ilonka (à droite) et Galeotto Marzio (un chroniqueur italien qui vivait à la cour du roi Matthias, à gauche), encadrent la fontaine de chaque côté.

                              

                                        

Et encore une statue de 4 m du sculpteur Statue de György Vastagh Jr :

Une vue du Parlement :

                    J’ai traversé le Danube et me dirige, en effet, vers le Parlement, dans l’intention de rejoindre le bus, afin de visiter la Grande synagogue de Budapest, la plus grande d’Europe.

Nous passons devant le Musée ethnographique de Budapest.

Il est situé sur la place Lajos Kossuth,

où a été érigé un monument en hommage au chef de la révolution hongroise. Il converse avec les autres membres du gouvernement provisoire de 1848-1849 constitué avant la répression de l’Autriche, aidée par la Russie. En fait, ces gens se livrèrent une lutte acharnée… et le monument n’est pas l’original, mais une copie de l’œuvre réalisée entre 1906 et 1914.

Nous sommes, ici, à quelques minutes à pied du Parlement.

                    Au XIXe siècle, Pest et Buda deviennent Budapest. À l’époque, il n’y a encore aucun monument symbolisant la nouvelle ville. Ce sont les mots « Notre nation n’a pas de maison » prononcés par le poète hongrois Mihály Voromarty qui ont présidé à la construction d’un bâtiment hongrois à l’image de la capitale. Après un concours lancé par l’empereur François-Joseph et le premier ministre de la Hongrie, l’architecte Imre Steindhl ressort gagnant et lance la construction du Parlement de Budapest en 1882. On raconte que, si ce Parlement est construit face au Château royal, c’est pour revendiquer l’indépendance naissante de la Hongrie, face à l’Empire….

Il s’agit d’un vaste bâtiment, inauguré au début du XXe siècle, situé sur la rive orientale du Danube. La construction, qui dura 17 ans, mêle deux styles artistiques : byzantin et néo-gothique. Le bâtiment était censé être achevé en 1896, mais il ne verra le jour qu’en 1902. Il aura fallu 1000 ouvriers, 40 millions de briques, 40 kg d’or et un demi-million de pierres semi-précieuses pour bâtir le deuxième plus haut bâtiment de Budapest.

Depuis 1902, il est le siège de l’Assemblée nationale de Hongrie et héberge à ce titre les services parlementaires ainsi que la Bibliothèque de l’Assemblée nationale de Hongrie. Cet édifice, dont les volumes s’organisent autour du dôme central, possède une façade néo-gothique, mais un plan au sol qui suit des conventions baroques. En 2010, il s’agissait encore du plus grand bâtiment de Hongrie et d’un des plus grands parlements d’Europe avec 18 000 m². 242 statues décorent la façade, et représentent des souverains de Transylvanie, héros militaires, rois, ducs…

La synagogue n’ouvrant qu’à 14 heures, nous prenons un peu de repos dans l’entrée du Parlement

Pour voir la photo précédente (du Parlement) en très grande taille dans une autre fenêtre, vous pouvez cliquer ici.

Je décrirai la synagogue dans le prochain article..

                                                                

Danube (17) — Budapest 1 (Hongrie)

Classé dans: — Brigitte @ 22:25:12

          En ce vendredi 27 mai, nous faisons escale à Budapest, dont je vais, à présent relater la visite.

          Mais j’ai déjà beaucoup parlé de Budapest, lors de notre voyage d’aller, le 18 mai, quand nous avons traversé en bateau cette capitale. Je ne reviendrai, donc, pas sur les détails déjà écrits, afin d’en ajouter d’autres, aujourd’hui. Je renvoie mes lecteurs à l’article Danube (5) - de l’Autriche à la Hongrie, qu’ils pourront retrouver en cliquant sur le lien (ce qui ouvrira une nouvelle page avec l’article que l’on peut, par conséquent, consulter en même temps que celui-ci).

          Adoncques, sur le chemin du retour, notre navire accoste à Budapest, que nous ne quitterons que vers 20h 30, ce qui nous donnera beaucoup de temps pour nous promener et visiter la ville.

En arrivant, vers 8 heures, nous retrouvons et saluons le Pont de la Liberté que nous avions pu admirer il y a neuf jours.

Et la statue de la Liberté, également, qui s’élève fièrement sur les hauteurs :

          Dès le débarquement, je file à l’Office de tourisme le plus proche, afin de me faire conseiller sur le moyen le plus simple et le plus efficace de visiter la cité. Deux dames pas très sympathiques, que, visiblement, notre venue gênait dans leurs papotages, me répondent que je n’ai qu’à aller voir « là-bas » (un geste vague qui montre l’autre côté de la place), pour acheter un billet pour le bus touristique.

Le bus touristique de Budapest est, en effet, une manière pratique de parcourir cette ville. On peut monter et descendre à n’importe lequel de ses arrêts pour explorer la ville comme l’on veut.

Le circuit de ce véhicule décapotable à deux étages, jaune ou rouge, , qui se fait toujours dans le même sens, compte 22 arrêts. Muni d’un plan de la ville, on peut, alors, choisir judicieusement ses étapes, afin de visiter les principaux lieux d’intérêt. Pendant le trajet, on peut, à l’aide d’écouteurs, entendre les commentaires dans la langue de son choix. Le seul inconvénient est le temps d’attente aux arrêts, qui est très variable. Une petite croisière d’une heure sur le Danube est comprise dans le prix de la journée, mais elle doit se faire à l’heure où nous devrons rentre pour le dîner. Et, aussi bien, nous la ferons à bord de notre bateau ! :-)

          À tout seigneur tout honneur, je désire commencer par la Basilique Saint-Étienne, le roi de Hongrie que j’ai déjà évoqué le 18 mai et qui apporta la foi chrétienne en Hongrie. Nous passons, sur la place Deák Ferenc devant le fabuleux palais Art nouveau, conçu par József Kollár et Sámuel Révész.

                                

Cependant, son bastion était autrefois une tour qui se dressait sous un dôme. Le bâtiment a été gravement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale et, une fois réparé, sa décoration la plus étonnante n’a jamais été reconstruite. cette tour est abondamment décorée à chaque fête de Noël.

L’hôtel Ritz-Carlton :

                                

Et nous voilà devant la Basilique Saint-Étienne.

C’est le plus grand édifice religieux de Hongrie. On dit que cette basilique permet d’accueillir plus de 8 500 personnes en son sein. Son nom en hongrois est Szent István-bazilika.

Elle a été consacrée à Saint-Étienne, le premier roi de Hongrie (975-1038), qui a créé la Hongrie en lui apportant la foi chrétienne. Il fut canonisé en 1083. À l’intérieur de l’église est conservée l’une des reliques sacrées les plus importantes du pays : sa main droite, que nous verrons tout à l’heure.

La base de l’édifice mesure 55 mètres de large sur 87 mètres de longueur, cependant que sa coupole est à 96 mètres de hauteur. Il est, avec le Parlement le bâtiment le plus haut de Budapest. Sa construction, commencée en 1851 et terminée en 1905, s’est poursuivie durant plus d’un demi-siècle ; elle fut retardée par l’effondrement de la coupole en 1868. C’est l’empereur François-Joseph 1er qui l’inaugura.

L’intérieur est magnifique : murs en marbre, décorés de mosaïques, de tableaux, de sculptures des plus grands artistes hongrois, et de très beaux vitraux.

                                

Des épisodes de la vie du roi sont représentés derrière le maître-autel, orné au centre d’une effigie d’István, taillée dans le marbre par Alajos Stróbl.

La châsse contenant la main du roi :

Sur le tableau qui se trouve derrière, composé par Gyula Benczúr, le roi István, resté sans héritier, dédie la Hongrie à la Vierge, en la faisant Patrona Hugariae, la protectrice du pays. La relique a subi bien des vicissitudes avant de revenir ici :

Nous nous trouvons, à présent, devant l’Académie hongroise des Sciences :

Non loin d’elle se dresse le buste de Gabor Szarvas (1832-95), un linguiste membre de cette académie, qui a œuvré pour préserver la pureté de la langue hongroise. Il créa, en 1872, la revue « Magyar Nyelvor afin de lutter contre l’usage incorrect des formes de mots dans la langue, les néologismes et les emprunts aux langues étrangères. Il publia, également, des articles sur l’étymologie. Ce buste est l’œuvre du sculpteur Jankovits Gyula qui représente une femme tentant de couronner le savant.

               Nous passons sur la Place des Héros, l’une des places les plus importantes de Budapest. Ses statues ont été érigées en l’honneur des chefs des septs tribus fondatrices de Hongrie. On y voit le monument commémoratif du millénaire

dont la construction, de 1896 à 1922, s’inscrit dans une série de grands travaux célébrant les mille ans d’installation des Magyars dans la plaine des Carpates en 896. Il est formé d’une imposante colonne de 36 mètres de hauteur surmontée d’une statue de l’archange Gabriel constituant le monument aux morts de la guerre de la libération de 1848-1849. Le soubassement s’orne d’une statue équestre du chef Árpád entouré des six autres chefs de tribu de l’Honfoglalás : Tétény, Ond et Kond puis Tas, Huba et Előd.

Pour voir l’image en plus grande taille dans une nouvelle fenêtre, cliquez ici.

Puis ce sont les Thermes, et l’hôtel Gellert :

                    Nous nous dirigeons vers le Palais royal de Buda. Non loin de là, le musée d’histoire militaire, devant lequel se dressent d’impressionnantes sculptures de 4 m de hauteur représentant des combattants de la Première Guerre mondiale :

                   Et nous voilà à l’entrée du château de Buda. Il va falloir monter sur la colline :

(voir l’article suivant)

                                                                

26/5/2022

Danube (16) — Batina (Croatie)

Classé dans: — Brigitte @ 22:56:38

          En cette matinée du jeudi 26 mai, nous voguons en Croatie et faisons une courte escale, à l’heure du petit-déjeuner, dans la petite ville d’Aljmas, afin de permettre aux autorités croates de venir vérifier les papiers, puis aux passagers qui veulent visiter Osijek de débarquer.

          Nous continuons, ensuite, sur 40 km, notre route vers la petite ville de Batina que nous atteindrons à 12 h :

           Un pont sur le Danube construit en 1974 relie Batina à la ville serbe de Bezdan. À la convergence des frontières croate, serbe et hongroise, Batina est le siège d’un imposant mémorial datant de l’ère communiste, œuvre du célèbre sculpteur croate Antun Augustinčić ; il commémore une victoire majeure des forces soviétiques sur les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. La vue sur le Danube y est splendide.

          Nous avons à peu près 1 heure avant le déjeuner (fixé à 13 h 30, aujourd’hui). Nous débarquons pour monter, en marche rapide, jusqu’au monument, situé sur une colline qui domine la ville.

          La vue sur la ville et le Danube que nous avons, depuis ce sommet, est, en effet, magnifique.

          Après la visite d’un charmant cimetière, avec vue sur les flots,

         nous redescendons. Après tout, il est temps de se rafraîchir avant d’aller déjeuner.

          Notre navire repart aussitôt pour le port de Mohács, en Hongrie. Demain, nous visiterons, en effet, Budapest !… :-)

          Au restaurant, c’est, aujourd’hui, le drapeau croate, qui est déployé. Et, le soir, nous admirons, au cours du dîner, un beau coucher de soleil sur le Danube :

           Mais la soirée n’est pas terminée pour autant. L’on nous a réservé une surprise musicale…

En effet, après le repas, vers 21 heures, nous sommes conviés à un spectacle de Jazz et Dixieland :

          Je vous quitte, pour ce soir, en vous invitant à en écouter quelques extraits dans la vidéo suivante :

25/5/2022

Danube (15) — Novi Sad (Serbie) 2

Classé dans: — Brigitte @ 23:30:33

          Dans le centre de Novi Sad, de l’autre côté de Trg slobode (la « place de la Liberté ») se dresse l’Église du Nom-de-Marie  :

                                

Cette église, la plus vaste de Novi Sad, les habitants l’appellent « la cathédrale », bien que la paroisse relève du diocèse de Subotica, ville qui abrite la cathédrale catholique diocésaine. Après le traité de Karlowitz de 1699 qui concluait la Grande guerre turque, Novi Sad devint une possession des Habsbourgs. La paroisse catholique locale fut organisée en 1702, et une église fut construite en 1719 à l’emplacement de l’église actuelle ; l’église fut dédiée à Marie, secours des Chrétiens, en mémoire de la victoire de la Sainte-Ligue lors de la bataille de Vienne contre les Ottomans (1693), et renommée peu après «  église du Nom-de-Marie ».

                                

En 1739, après la reconquête de Belgrade par les Turcs, de nombreux catholiques riches vinrent s’établir à Novi Sad, et l’église originelle fut démolie pour permettre la construction d’une seconde église au même endroit. En 1849, au moment de la révolution hongroise, l’église, comme beaucoup d’autres bâtiments de Novi Sad, fut gravement endommagée par le bombardement de la forteresse de Petrovaradin et son clocher fut détruit. En 1891, le conseil municipal prit la décision de démolir cette seconde église et d’en construire une troisième entièrement nouvelle ; l’architecte hongrois György Molnár dessina le nouvel édifice en 1892, en travaillant gratuitement pour la ville, et le bâtiment fut achevé en novembre 1893 ; le clocher surmonté d’une croix d’or fut terminé quant à lui en 1894.

L’église, de style néo-gothique, mesure 52 m de long sur 25 m de large et est constituée d’une triple nef. À l’extérieur, elle possède un portail à deux vantaux surmonté d’un blason en relief portant l’inscription « Crux amore  ». Le toit, qui s’élève à 22 m, est décoré de tuiles de céramique émaillée.

Nous assistons, à l’intérieur, à une cérémonie où le prêtre, agenouillé seul aux pieds d’une statue de Marie, récite un rosaire au micro, tandis que des choristes accompagnent, dans la nef, sa prière par leurs champs.

                                

L’intérieur de l’église possède quatre autels. L’autel de la Résurrection de Jésus, un autel dédié au tombeau du Christ, le maître-autel, situé sous l’abside avec une grande icône représentant la Mère de Dieu avec les rois hongrois canonisés Istvan et Laszlo, et un autel dédié à saint Florian. Dans une niche sous le chœur est placé un buste de Molnár György, l’architecte de ce magnifique bâtiment.

                                

          Le chemin de croix en bas-reliefs :

                                

          Nous sortons, en passant devant la statue impressionnante de Laza Kostić (1841-1910), considéré comme l’un des plus grands écrivains du romantisme serbe. Monument de 3 m de haut, érigé à l’occasion du 170e anniversaire de sa naissance. Il a fréquenté le lycée de la ville et y a été professeur, avant d’être avocat, notaire, voire président de tribunal.

                                

          J’arrive enfin devant la Galerie de la Matica Srpska

La Matica Srpska est l’institution scientifique et culturelle la plus ancienne du peuple serbe. Elle a été fondée en 1826 à Pest et transférée en 1864 à Novi Sad, la ville la plus importante de la région de Voïvodine, qui faisait alors partie de l’Empire d’Autriche. En raison de sa valeur patrimoniale, culturelle et architecturale, le bâtiment qui accueille l’institution est inscrit sur la liste des monuments culturels protégés de la République de Serbie.

Ce musée, le plus important pour l’art pictural serbe, propose une approche assez complète de la peinture nationale des XVIIIe et XIXe siècles. La galerie n’expose qu’une petite partie des 7 000 pièces stockées dans ses caves : tableaux, sculptures, dessins. On ne peut, donc, y admirer que des œuvres des deux derniers siècles de la période XVIe-XIXe siècle dont dispose le musée. Les œuvres exposées rendent bien compte du processus complexe d’européisation de l’art pictural serbe depuis les grandes migrations de 1690 jusqu’à la création de la Yougoslavie en 1918. La section consacrée au XXe siècle offre une bonne illustration de l’art visuel en Voïvodine.

Par bonheur, la galerie ferme tard. J’ai le temps de la visiter avant de retourner au bateau pour dîner. Quelques exemples de tableaux, pour le plaisir des yeux :

                                

                                

          Il est temps, à présent, de retourner au port… Un petit coup d’œil à la citadelle, sous le soleil :

          Après le dîner, nous ressortons, pour visiter Novi Sad by night ;-) en nous promenant dans la ville illuminée, toujours très vivante et animée.

          Peinture murale

Le palais épiscopal est magnifique, la nuit :

          Des rues et places très vivantes et des terrasses de restaurants et cafés bien remplies :

          Les monuments sont brillamment éclairés, aussi :

                                

          Et, voilà. Il est temps de rentrer. Les autorités serbes vont venir faire les opérations d’usage, puisque nous quittons la Serbie et retournons dans l’Union européenne par la Croatie : le navire appareille, en effet, pour Aljmas que nous atteindrons au réveil. Nous disons, sur le pont, dernier au revoir à la charmante cité de Novi Sad , avec sa citadelle de Petrovaradin et son pont de Žeželj tout éclairés :

Danube (14) — Novi Sad (Serbie) 1

Classé dans: — Brigitte @ 23:18:40

          Nous sommes le mercredi 25 mai et avons changé d’heure cette nuit, en regagnant une heure, pour repasser à l’heure de l’Europe Centrale, qui est la nôtre à Paris. Nous remontons le Danube, qui constituait, jusqu’alors, la frontière entre la Roumanie et la Serbie et naviguons, à présent, complètement en Serbie. Nous prévoyons de visiter, cet après-midi, la ville serbe de Novi Sad, où notre bateau fera escale à partir de 15 heures jusqu’à 22 h 30.

          La côte serbe, que nous admirons, depuis le pont…

          Nous passons devant l’impressionnante forteresse de Smederevo :

… que vous pouvez voir en plus grande taille dans une autre page en cliquant ici.

          À l’époque romaine, Smederevo portait le nom de Semendria. C’est, du reste, encore sous cette appellation que la Roumanie et l’Allemagne la connaissent.

          Lors de la conquête ottomane des Balkans au début du XVe siècle, les souverains chrétiens de la région subirent de nombreuses défaites, mais Stefan Lazarević réussit à maintenir un État serbe, sous la forme du Despotat de Serbie. Vers 1403, il accepta la suzeraineté hongroise du roi Sigismond Ier et établit sa nouvelle capitale à Belgrade, qui lui fut cédée en récompense de ses services. Mais, à la mort de Stefan en 1426, son neveu et successeur, Đurađ Branković, devant restituer Belgrade aux Hongrois, décida de compenser cette perte en établissant sa nouvelle capitale à Smederevo. D’autant que la situation de Smederevo, entre Belgrade et Golubac, lui permettait à la fois d’avoir un accès facile aux autres villes le long du fleuve, mais aussi de contrôler tout trafic sur le Danube, qu’il soit hongrois ou turc.

La construction de la forteresse de Smederevo, se poursuivit de 1428 à 1439. Le 20 avril 1434, on y célébra le mariage de Katarina, la fille la plus jeune de Đurađ Branković avec Ulrich II de Celje, proche parent de la reine de Hongrie. Cette union inquiéta la Sublime Porte, qui proposa au despote le mariage de sa fille aînée Mara, avec le sultan Mourad II ; ce mariage fut accepté. Le 14 avril 1435, un accord de « fraternité et d’amitié » fut signé entre la Serbie et la République de Venise dans la salle de réception de la forteresse de Smederevo. En outre, cet accord offrit à Đurađ et ses fils la citoyenneté vénitienne.

Mais la paix fut de courte durée… En 1489, Mourad II prit, avec 130 000 hommes, les collines dominant la ville, qui résista. Laissant le commandement à son fils Grgur, Branković demanda aux Hongrois une aide qui se fit attendre et Smederovo repoussa l’attaque des Ottomans, même quand ceux-ci usèrent de canons ! Cependant, après trois mois de siège, les Serbes, poussés par la faim, se rendirent. Grgur et Stefan furent envoyés, prisonniers, en Anatolie, où on leur brûla les yeux, malgré les supplications et les pleurs de Mara, leur sœur, devenue sultane. Đurađ Branković ne récupéra ses fils que cinq années plus tard, grâce au traité de Szeged.

Cependant, dès 1453, Mehmed II attaqua de nouveau la ville, qui résista à 6 000 hommes contre 20 000. Mais, en 1456, le jour de Noël, Đurađ Branković mourut à Smederevo et, en 1459, la cité tomba une nouvelle fois aux mains des Ottomans, ce qui mit un terme à l‘État médiéval serbe. La citadelle, qui jouait un rôle stratégique à la frontière entre la Hongrie et l’Empire ottoman, fut plusieurs fois agrandie et renforcée par les Turcs ; et il fallut attendre 1805 et la première révolte serbe contre les Turcs pour voir la ville libérée, qui devint, un temps, la capitale de la Serbie. C’est en 867 que les Turcs remirent officiellement les “clés” de la cité. Occupée par les forces allemandes pendant la Seconde guerre mondiale, la forteresse a subi une explosion et des bombardements qui ont engendré d’importants dégâts.

          Nous passons, à présent, devant Belgrade, que nous avons visitée en descendant le Danube et dont vous retrouverez l’article ici (cliquez).

          Après le déjeuner, nous regardons, sur le pont, défiler le paysage, avant d’arriver à Novi Sad.

          Et voilà qu’apparaît, sous nos yeux, le célèbre pont de Žeželj de Novi Sad, tout neuf, puisque, détruit en 1999 par les bombardements de l’OTAN (lors de la guerre du Kosovo), il a été reconstruit et n’a été rouvert qu’en 2018 !…

          Notre arrivée ne saurait, donc, tarder !

Le pont originel de Žeželj (377 mètres de long) était un pont en arc construit entre 1957 et 1961, qui reliait la zone de la ville de Novi Sad et Petrovaradin. Il y avait une ligne de chemin de fer internationale et une route de transit à travers Novi Sad. Ce pont a subi 12 bombardements. Le 23 avril 1999, il a définitivement été détruit, ce qui interrompait le trafic ferroviaire entre Belgrade et Subotica, c’est-à-dire entre la Serbie et la Hongrie. Sous le bombardement de l’OTAN, les trois grands ponts du Danube à Novi Sad (pont Žeželj, pont de Varadin et pont de la Liberté) ont été totalement détruits…

Sur la rive droite, la forteresse de Petrovaradin, juchée sur son promontoire, semble veiller sereinement sur la ville. Ses nombreux saillants à étages et sa situation stratégique sur le Danube ont valu à Petrovaradin le surnom de Gibraltar du Danube car elle fut construite selon le système Vauban de 1692 à 1780 : Eugène de Savoie délogea les Turcs de ce site, mais c’est après la victoire définitive de 1716 que les Habsbourg entreprirent des travaux de fortification de grande ampleur. Sur 112 hectares, plus de 16 km de galeries souterraines, réparties sur quatre étages, furent creusées pour recevoir 400 canons et 12 000 meurtrières. Cette place forte avait une telle réputation d’inexpugnabilité que la famille impériale autrichienne y fit transporter le trésor de la couronne lors de l’avancée de Napoléon sur Vienne. A l’est de la forteresse, un peu en contrebas, se trouvent plus de 88 ateliers d’artistes creusés dans le roc.

La tour de l’horloge blanche est l’un des symboles importants de la forteresse de Novi Sad, avec ses cadrans noirs sur les quatre côtés. Les chiffres sont très grands pour être vus de loin, et une particularité de cette horloge est que la grande aiguille indique les heures tandis que la petite indique les minutes. Et cela afin qu’à lépoque les marins sur le Danube pussent voir l’heure à grande distance. En outre, pour les quarts de travail des gardes de la forteresse, les heures comptaient bien plus que les minutes…

Certains nomment cette horloge l’horloge ivre. Car, le mécanisme supportant mal les changements de température, elle retarde en hiver avec le froid et avance en été avec la chaleur. C’est un mécanisme très ancien, qui est remonté quotidiennement.

                  

De récentes études archéologiques ont apporté un nouvel éclairage sur l’histoire de cette région. Dans la partie haute de la forteresse on a découvert les restes d’un village du paléolithique supérieur datant de 19 000 à 15 000 avant Jésus-Christ. Il est, à présent, établi que le site a accueilli sans discontinuer une présence humaine depuis le paléolithique jusqu’aujourd’hui. Durant les fouilles effectuées en 2005, les archéologues, en examinant des vestiges de l’âge du bronze (aux alentours de 3000 av. J.-C.), ont découvert des restes de remparts, preuve qu’à cette époque le site était déjà fortifié. Les premières grandes fortifications furent construites par les Romains à leur arrivée dans la région ; la forteresse (alors baptisée forteresse de Cusum) se trouvait sur un limes longeant le Danube.

         Nous débarquons, très près du centre de la cité.

          L’histoire de Novi Sad est intimement liée au Danube. Sur la rive gauche s’est développé un pôle commercial et fluvial de première importance. Dès le XVIIIe siècle, la ville est une étape importante sur le Danube, entre l’Europe centrale et les Balkans : on y décharge les produits miniers pour y transporter les céréales de la région. Novi Sad devient ainsi la capitale économique de l’immense plaine céréalière de Voïvodine. Vient s’y ajouter au XXe siècle une importante activité industrielle. Et c’est ainsi que Novi Sad est aujourd’hui la seconde ville du pays, avec 300 000 habitants. Cité multiethnique (Serbes, Hongrois, Monténégrins, Slovaques, Ruthènes, Croates, Tziganes), elle est la capitale de la province autonome de Voïvodine. L’influence austro-hongroise, bien présente, donne à la ville un charme tout particulier.

Novi Sad est, en effet, le berceau de la culture serbe, qui s’y est développée sous la protection austro-hongroise et grâce à des personnalités de caractère. La « Matrice serbe », réunissant tous les plus grands hommes de lettres et penseurs de langue serbe, est créée en 1826, suivie du premier lycée et de la première bibliothèque serbe. Au XIXe siècle, la ville accueille toute l’intelligentsia serbe, qui y trouve refuge après avoir fui le joug ottoman et souvent après avoir fait des études dans les grandes universités de Vienne, Budapest ou Cracovie.

          L’après-midi est avancé, quand nous débarquons, et je me dépêche d’aller visiter le musée de Voïvodine, qui présente des collections d’archéologie, d’histoire et d’ethnologie. Heureusement, je m’aperçois qu’il ne ferme qu’à 19 heures ! Ouf !…

L’Antiquité y est notamment représentée par deux casques de cérémonie recouverts d’argent doré décorés d’incrustations et d’ornements martelés du IVe siècle découverts à Berkasovo :

          Pour la Préhistoire, le Néolithique (6000-3200 av. J.-C.), qui correspond à l’installation des premières cultures agricoles en Voïvodine, est la période la mieux représentée.

Deux dames, la première de l’âge du cuivre (3200-2000 av. J.-C.), qui précéda l’âge du bronze, dont relève la seconde jeune femme :

Un monsieur un peu plus tard :

                                                      

Des paysans serbes :

De beaux vêtements de personnes plus riches :

L’impératrice Marie-Thérèse, reine de Hongrie, de Bohême, de Croatie, de Slavonie et autres lieux… :

          J’ai l’intention, également, de visiter la Galerie Matice Srpska, qui contient nombre d’œuvres d’art des XIXe et XXe siècles. Mais elle ne ferme qu’à 22 heures. Nous avons, donc, le temps de marcher en ville avant de voir cette galerie et de rentrer pour le dîner que l’on nous a fixé à 19 h 30, aujourd’hui. Je ressortirai ensuite, puisque le bateau n’est censé repartir qu’après 22 h 30…

                     Le centre ville, historique, a l’avantage d’avoir de petites dimensions. On y flâne aisément. Le musée Voïvodine, que je viens de quitter, est tout près du fameux Parc du Danube, “le plus beau, le plus ancien, le plus célèbre", paraît-il.

(Vous pouvez voir cette image en grande taille dans une autre fenêtre en cliquant ici.)

Des rues très animées avec de nombreux cafés, fort bien achalandés.

          Nous passons devant l’évêché :

Ce magnifique palais résulte de la combinaison de plusieurs influences stylistiques différentes. Les éléments décoratifs de la cour sont d’origine byzantine et orientale, mais l’on y rencontre, encore, des éléments qui rappellent la façade des monastères médiévaux serbes. Ce monument est, à présent, protégé en tant que monument culturel et il est devenu la résidence de l’évêque de Backa, Irinej Bulovic, qui est professeur à la faculté de théologie de Belgrade.

          Nous approchons, maintenant, de l’hôtel de ville et de la Place de la Liberté qui s’étend devant lui.

Construit en 1895, dans un style “néo-renaissance", il serait une copie de l’hôtel de ville de Graz. Il y eu de gros désaccords sur l’emplacement de ce bâtiment avant le début de la construction. Le maire Svetozar Miletic, dont la statue a été érigée sur la place, voulait que le Théâtre national serbe fût construit à l’endroit où se trouve actuellement l’hôtel de ville, et que ll’on implantât ce dernier sur le terrain de Hanski. Mais les catholiques exigèrent que la mairie commence à construire juste en face de l’église catholique, sur la place principale de la ville.

La place, construite au XVIIIe siècle, a souvent changé de nom, au cours de l’histoire. Au cours du règne des Habsbourg, elle se nommait “Place François-Joseph“. Après la Première Guerre Mondiale, c’était la “Place de la Libération“, et elle ne reçut son nom actuel ” Trg slobode ” qu’après la Seconde Guerre Mondiale.

(Vous pouvez regarder cette image en grande taille en cliquant ici).

On distingue, à droite, le bâtiment de la banque Vojvođanska. Autrefois, en 1754, il hébergeait un restaurant. Puis il est devenu un hôtel. Les propriétaires ont souvent changé l’apparence du bâtiment jusqu’au XIXe siècle où la ville l’a démoli. En 1892, Emmerich Mayer construisit un hôtel de luxe sur ses fondations, de style néo-baroque, le “Grand Hotel Mayer“. Peu de temps après, Lazar Dunđerski, le Serbe le plus riche de l’époque, l’acquit, le destinant à devenir un centre pour les événements cérémoniels et politiques. Dans l’une des salles de congrès se tint la Grande Assemblée nationale des Serbes, des Bunjevci et d’autres peuples slaves, qui déclarèrent ici la fusion du Royaume des Serbes, en novembre 1918.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’hôtel fut rebaptisé “Sloboda” et a fonctionné jusqu’en 1953, avant de devenir le bâtiment de l’Armée nationale yougoslave (JNA). Enfin, il devint le bâtiment administratif de la Vojvodjanska Bank. Les nombreuses transformations intérieures et extérieures le rendent, à présent très différent de l’aspect original.

                

Cette place est le cadre de tous les événements importants de la ville, et la statue, en bronze de 5 m de haut, du maire Svetozar Miletic (1826-1901) se dresse fièrement. C’est l’une des sculptures les plus célèbres du sculpteur et architecte yougoslave Ivan Mestrovic , laquelle fut érigée, sur un socle carré de granite gris, pour la première fois en 1939 devant l’hôtel de ville. Svetozar Miletic était l’un des personnages politiques les plus influents, à l’époque de la monarchie des Habsbourg, à la fin du XIXe siècle. Il fut délégué, avocat, rédacteur en chef et maire de Novi Sad à deux reprises.

          Nous nous dirigeons vers l’église catholique, dont je parlerai dans l’article suivant.

24/5/2022

Danube (13) — Les Portes de Fer (2)

Classé dans: — Brigitte @ 17:21:27

          Aujourd’hui, mardi 24 mai, nous ne quitterons pas le bateau, étant donné que nous retrouvons, en sens inverse, les écluses et les paysages des Portes de Fer que nous avions contemplées il y a cinq jours.

          Je vous renvoie, donc, pour la descriptions des lieux, à mon article de vendredi 20 — danube (9) — ici (cliquez).

          La journée sera, par conséquent, consacrée au repos, à l’observation, sur le pont, de ces beaux paysages qui défilent sous nos yeux, et à la peinture… D’autant que ma cabine est dotée d’un balcon à la française dont je compte profiter…

Quelques images du jour, cependant :

          La journée sera rythmée par le déjeuner, à midi, puis le thé, à 16 heures, et, enfin, nous sommes conviés à 18 h 30, à un dîner-pirate !!!…

                              

                    Notre serveur…

          La table a été dressée n’importe comment, enfin, dans un chaos parfaitement organisé ! :-)

                    

                              

          Et le drapeau pirate trône au fond du restaurant :

          Il nous faudra défroisser les menus pour pouvoir distinguer quelque chose, redresser salière et poivrière, reprendre les couverts, etc. Mais le repas sera bien servi, par notre pirate, et sera parfait ! :-)

23/5/2022

Danube (12) — Bucarest

Classé dans: — Brigitte @ 20:05:29

Aujourd’hui, 23 mai, notre navire fait escale à Oltenita, en Roumanie à 10 h 30. Il repartira une heure après pour continuer vers Giurgiu. Mais nous ne restons pas à bord et partons en excursion afin de visiter la ville de Bucarest. Ce qui va durer environ 5 heures et demie. Nous rejoindrons le navire à Giurgiu, et il repartira, du reste, aussitôt que tous les passagers de l’excursion seront à bord.

          Si Bucarest est la capitale de Roumanie depuis 1861, la cité fut fondée dès le IVe siècle par Mircea l’Ancien, prince de Valachie. Au XVe siècle, Vlad Țepeș (le voïvode qui inspira le personnage de Dracula) y fit construire une cour royale, dont on peut encore admirer les ruines aujourd’hui.

Bucarest devient un centre commercial important au XVIIe siècle. Occupée tour à tour par les Ottomans, les Autrichiens et les Russes, elle acquiert son statut de capitale et se développe considérablement au XIXe et au XXe siècle. Son architecture offre au regard une traversée intéressante des époques qui ont marqué la ville ; l’on peut même voir quelques édifices médiévaux dans la rue Lipscani, la plus ancienne rue de Bucarest.

Certes, elle apparaît, de prime abord, quelque peu chaotique, sans homogénéité architecturale, du fait des mélanges et de sa transformation par la mégalomanie d’un homme et la pauvreté se fait sentir en bien des endroits, de même que la publicité sauvage qui est, hélas le lot de nombreuses cités des anciens pays de l’Est… Mais une grande partie du centre historique a miraculeusement échappé à de la folie destructrice de Nicolae Ceauşescu, et il est agréable de flâner dans ses rues piétonnières et animées, et de s’attarder aux terrasses des cafés qui mordent sur les trottoirs.

          De fait, la première visite sera pour cet immense bâtiment qu’est le Palais du Parlement ou Maison du Peuple. Symbole controversé de la dictature, le palais du Parlement, initialement appelé la Maison du peuple, a été construit dans les années 1980 après la démolition d’un vaste quartier de maisons anciennes particulièrement pittoresques et d’édifices historiques d’une valeur inestimable, gratte-ciel stalinien, qui abrite le Parlement roumain composé de la Chambre des députés et du Sénat. Avec sa surface intérieure de 350 000 m2 habitables (!!!), il est l’un des plus grands bâtiments d’Europe avec le marché aux fleurs d’Aalsmeer (Pays-Bas) et le complexe de bureaux « Cœur Défense » (France). Enfin, il est le plus grand bâtiment en pierre et le deuxième plus grand bâtiment administratif au monde après le Pentagone !

Le leader communiste, qui le considérait comme son logis personnel, souhaitait, alors, regrouper dans un seul bâtiment, ses propres logements de fonction, ceux des ministres et les quatre plus grandes institutions du pays : la présidence de la République, la Grande Assemblée nationale, le Conseil des ministres, et le Tribunal suprême (« Tribunalul Suprem  »). Des bâtiments résidentiels situés devant le palais, vers l’est, sur la place de la Constitution et le long du boulevard de l’Union, complètent l’ensemble avec pour vocation de loger les hauts fonctionnaires du régime.

Une vue panoramique du Palais et de ses alentours donne la mesure de cette construction :

Et, en face, vue du Palais :

Une avenue aux jets d’eau rachitiques, le Bulevardul Unirii (Boulevard de l’Union) complète l’ensemble…

          Nous poursuivons notre visite de la ville et passons devant l’Arc de Triomphe, sur le Boulevard de la Reine Elisabeth :

En 1878, un mois après l’accession du pays à l’indépendance, un premier arc de triomphe en bois est érigé rapidement afin d’y faire défiler les troupes victorieuses. Après la Première Guerre mondiale, un autre arc provisoire lui succède sur le même emplacement en 1922. Mais, détruit en 1935, il est remplacé par l’arc de triomphe actuel, de 27 m, inauguré en septembre 1936. Il est orné de sculptures réalisées par des artistes célèbres.

          Puis devant la l’Université de Bucarest.

Situé en face du musée national d’Art, ce superbe bâtiment de 1895 est l’œuvre de l’architecte français Paul Gottereau. Construit par le roi Carol Ier, il accueille la bibliothèque centrale universitaire, la plus vieille de la ville. Gravement endommagé pendant la révolution de 1989, l’édifice, formé de trois corps, a été rénové. En 2010, on installa une statue équestre de Carol Ier devant le palais de la fondation, qui constitue le corps d’origine.

Ici, nous croisons des étudiants qui viennent de recevoir leur diplôme :

          Le Palais CEC (une banque). Il héberge, en effet, l’activité de la CEC Bank, mais, à partir de 2005, on y trouve, également, un Musée CEC.

Présenté comme l’un des symboles de l’influence française sur l’architecture roumaine du début du XXe siècle, le Palais CEC est l’un des bâtiments les plus remarquables de Bucarest. C’est sur les ruines de l’église “Sfântul Ioan cel Mare", dans l’Avenue de la Victoire, qu’a été construit le premier Palais CEC, d’après les plans de l’ingénieur français Jean Alfred Gottereau. La nouvelle institution reçoit le nom de CEC — Caisse des dépôts et des envois.

Cependant, ce n’est que le 8 juin 1897, que la première pierre du palais que nous connaissons aujourd’hui, est posée, en présence du roi Carol Ier et de la reine Elizabeth. Ce palais semble devenir une affaire de famille, construit qu’il est d’après les plans du fils de Jean Alfred Gottereau, l’architecte français Paul Gottereau. Ce dernier s’était fait connaître pour son implication dans la construction du Palais Royal et de la Bibliothèque Centrale Universitaire Carol I, mais aussi pour avoir réalisé les plans du Palais Cotroceni.

Le bâtiment est édifié dans un style éclectique, qui rappelle les formes du Petit Palais de Paris érigé pour l’Exposition universelle de 1900. Sa haute entrée en arc est symétriquement soutenue par des colonnes en ordre composite ; les petites coupoles inspirées par la Renaissance, couvrent les quatre sections de coin de l’édifice. Elles sont couronnées par un véritable dôme en verre et en acier, qui abrite le couloir central de l’institution.

          Nous avançons, à présent, dans le quartier de Lipscani, dans le centre historique de la cité, dans un dédale de rues piétonnes riche en librairies et vieilles échoppes. À l’époque communiste, l’endroit était devenu dangereux, partiellement détruit, les maisons art déco abandonnées, saccagées. Longtemps mal famé, il n’était plus fréquenté, car devenu le terrain des chiens errants et des enfants en guenilles. Une extrême pauvreté y régnait…

Aujourd’hui, le quartier renaît, les vieux immeubles ont été réhabilités… On y rencontre une multitude de bars branchés, de galeries d’art et de jeunes créateurs. Le niveau de vie moyen s’est considérablement amélioré.

Et nous arrivons devant une merveille : le monastère Stavropoleos. En fait, comme la plaque apposée l’indique : Église des saints archanges Michel et Gabriel, du saint martyr Justin le Philosophe, et du saint hiérarque Athanase le Grand… Excusez du peu !

C’est le petit joyau du centre historique. Édifié, en 1724, dans le style brâncovenesc, c’est un superbe exemple parmi les nombreux édifices apparus durant le siècle des Phanariotes, ces gouverneurs imposés par les Turcs. La façade est richement décorée de colonnes sculptées, de médaillons et de multiples motifs végétaux. L’intérieur est également remarquable, recouvert de fresques et doté d’une belle iconostase en bois sculpté. La modeste taille de l’édifice, la pénombre qui y règne, le jeu des lumières sur les icônes lui confèrent une atmosphère très particulière.

Derrière l’église, une très belle cour ensoleillée et fleurie est entourée sur trois côtés par des arcades. Une série de pierres tombales, certaines datant des années 1700. On peut y voir aller et venir des religieuses, depuis la bibliothèque de l’église qui abrite une collection de 8 000 livres sur l’art, l’histoire et la musique byzantins.

Dans ce même quartier, nous passons devant le Palais de la Banque Nationale de Roumanie, construit en 1830 par deux architectes français :

et le Palatul Pinacotecii (Palais de la pinacothèque), ancien Palais Dacia :

Des plaques d’égout diverses, dont certaines avec l’euro : € :

          Nous avions, évidemment, emporté un en-cas, pour le déjeuner ; nous faisons une halte reposante dans un charmant café pour prendre une boisson et échanger nos sentiments, sur cette visite. Les lavabos des toilettes sont assez pittoresques…  

          Il est temps de retourner au bateau qui nous attendra, donc, à Giurgiu. Nous quittons la ville en passant devant quelques immeubles de type soviétique aux façades colorées :

          Et puis, nous admirerons, sur le pont, le coucher de soleil sur le Danube…

Demain, pas de visite de ville, puisque nous remontons vers les Portes de Fer. Demain, aussi, nous gagnerons une heure de sommeil, puisque nous reculerons, cette fois, nos montres d’une heure, en revenant de l’heure de l’Europe de l’Est à celle du Centre.

22/5/2022

Danube (11) — Delta du Danube

Classé dans: — Brigitte @ 19:55:55

Tulcea - Delta du Danube

          En cette matinée du dimanche 22 mai, nous arrivons à Tulcea  (au km 71,3 ou mille marin 38, rive droite et rive gauche pour la petite commune de Tudor Vladimirescu intégrée à Tulcea), grande ville de 95 000 habitants, dans la région de Dobrogée (Dobrudja) roumaine, préfecture du district du même nom. Elle est aujourd’hui avec son port fluvial la porte d’entrée incontournable pour rejoindre la partie roumaine du delta du Danube et sa Réserve de biosphère. La direction de la Réserve de biosphère du delta du Danube siège à Tulcea.

          Comme on le voit, nous nous trouvons, ici, à la frontière de l’Ukraine (en guerre contre l’invasion russe) et proches de la Moldavie.

          Nous débarquons pour visiter, en petit bateau à moteur, la partie roumaine du delta.

Pour le moment, nous croisons de bien plus gros bateaux. Mais nous pourrons nous faufiler dans les petits bras pour observer la faune et la flore.

Le delta du Danube est la formation géologique la plus récente de Roumanie et d’Ukraine : elle commence par la mise en place d’une série de cordons littoraux après que le niveau de la mer Noire eut atteint son niveau actuel, 5 500 ans avant notre ère, à la fin de la transgression marine néolithique. Ces cordons, qui ont varié dans le temps, délimitent des complexes lagunaires que les alluvions danubiennes vont progressivement combler jusqu’à nos jours.

La présence humaine sur les rives nord et sud du delta est attestée depuis le néolithique, alors que le delta lui-même était encore un golfe de la mer Noire. L’apport d’alluvions par la mer a créé des langues et bancs de sable qui ont divisé le golfe en lagunes, peu à peu comblées par les alluvions terrigènes du Danube et par les accumulations de végétaux morts et vivants flottants aux hautes eaux.

Il y a environ 2 500 ans, selon Hérodote, le Danube se divisait en sept bras. Aujourd’hui, il se divise, en amont de Tulcea, en trois bras qui vont se jeter dans la mer : au nord Chilia, qui fait office de frontière roumano-ukrainienne (sauf à son embouchure, intégralement ukrainienne), au centre Sulina et au sud Sfântu Gheorghe, mais beaucoup d’autres canaux irriguent le delta en nombreux secteurs avec des roseaux, des marais ou des forêts, qui sont parfois inondés au printemps et en automne.

Environ 15 000 personnes vivent dans les villages du delta, pour la plupart de la pêche, et, de plus en plus, du tourisme. Les villes, elles, comptent ensemble environ 25 000 habitants. Ils se divisent en différentes ethnies qui cohabitent depuis des centaines d’années : des Roumains, des Ukrainiens, des Russes, des Turcs, des Grecs et des Russes Lipovènes ! Un litige territorial subsiste, entre la Roumanie et l’Ukraine, dans la région Nord, surtout au niveau du golfe de Musura, à l’embouchure du bras de Sulina, où la sédimentation fait progresser le delta secondaire du bras de Chilia en direction de Sulina, ce qui a amené l’Ukraine à poser, en 2006, des balises-frontière le long de la digue nord du chenal de Sulina, juridiquement territoire roumain…

Le delta du Danube est le deuxième plus grand delta d’Europe, après celui formé par la Volga. À l’heure actuelle, il couvre une superficie de plus de 5 700 km² (qui augmente chaque année d’environ 40 m²) dont seulement 10 % sont des terres. Il comprend pas moins de 23 écosystèmes différents. On y trouve des rivières aux eaux douces ou salées, des canaux, des marais, des lacs, des îles, des prairies, des plages, etc., ce qui en fait le refuge de nombreuses espèces de plantes, d’animaux, de reptiles, d’amphibiens, de crustacés, de poissons, d’escargots, de coquillages, d’insectes et surtout d’oiseaux.

                                Un martin-pêcheur

                                L’aigrette garzette mesure entre 55 et 65 cm avec une envergure de 85 à 95 cm. Elle pèse 500 g en moyenne. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel. Elle est entièrement blanche avec un bec noir légèrement gris bleuté à la base et ses pattes sont noires avec des doigts jaunes. En période nuptiale, elle porte sur la nuque deux longues plumes fines de 20 cm environ (les aigrettes).

          Ce labyrinthe de lacs, d’îles et de canaux possède aussi la plus grande surface de roseaux compacts au monde, d’environ 1750 km².

Le delta du Danube abrite la plus grande colonie de pélicans en dehors de l’Afrique, presque toute la population mondiale de canards à cou-rouge, mais aussi d’autres espèces menacées. Le climat tempéré et l’abondance de poissons y attirent chaque année les oiseaux migrateurs.

                  Tiens, un cormoran ! ;-)

        

          Au fil de notre promenade fluviale, nous observons la végétation et les oiseaux :

 

 

 

 

 

 

 

                                 

                                                    Tout un village de cormorans…

          Nous nous trouvons très précisément ici :

                                           

 

 

          Des aigrettes garzettes, encore. Et nous arrivons à un village que nous visitons…

 

                                           

          Izmaïl est une ville de l’oblast d’Odessa, dans le sud-ouest de l’Ukraine. Nous sommes tout près de la frontière !…

          Encore quelques canaux…

 

          Et nous repartons vers le Danube pour rejoindre notre navire…

 

 

                    Si, maintenant, vous désirez faire un petit tour en bateau à moteur sur le delta du Danube, cliquez ici (vous pouvez, naturellement, regarder la vidéo en plein écran ou en “image dans l’image”) :

          Le soir, nous aurons droit à un beau repas de fête… et un magnifique coucher de soleil sur les calmes eaux. Demain, lundi, nous visiterons la ville de Bucarest, capitale de la Roumanie.

 

21/5/2022

Danube (10) — Roussé (Bulgarie)

Classé dans: — Brigitte @ 17:44:25

          En ce matin du samedi 21 mai, nous faisons escale à Roussé, en Bulgarie.

          Roussé (Ruse ou Pyce), ville de 180 000 habitants) est l’un des plus grands ports de Bulgarie, le plus grand sur le Danube, et la capitale du Nord. Le pont au-dessus du Danube, Dunav Most, assure la jonction terrestre avec la Roumanie par un poste-frontière gigantesque, avec la ville roumaine de Giurgiu. On dit que Ruse est la ville la plus européenne de la Bulgarie. C’est un savant mélange de cultures bulgare, roumaine et autrichienne. La place principale est magnifique, le centre-ville est vivant, moderne, et d’une architecture très esthétique. Au XIXe siècle, ville cosmopolite, marchande et intellectuelle, Ruse fut la porte de l’Europe pour la Bulgarie. Elle était surnommée la Vienne de l’Est.

C’est la quatrième ville de Bulgarie. Elle s’appelait, Roustchouk (son nom turc), jusqu’à l’indépendance de la Bulgarie en 1878. Son patrimoine architectural rappelle, de manière quelque peu nostalgique, une Bulgarie danubienne de la « Belle Époque ».

                            

                                Place et Monument de la Liberté

« L’Europe, c’était le reste du monde. Quand quelqu’un remontait le Danube vers Vienne, on disait : il va en Europe ; l’Europe commençait là ou finissait l’empire ottoman ». Elias Canetti (1905-1994), prix Nobel de Littérature, « La Langue sauvée : Histoire d’une jeunesse (1905-1921) »

            Des découvertes archéologiques ont permis d’établir que des hommes s’étaient installés sur ces lieux dès l’époque néolithique. Des populations thraces, d’origine indo-européenne, s’y établissent par la suite. Les Romains leur succèdent.

À l’époque où cet empire s’étendait jusqu’aux rives du Danube (provinces de Thrace et de Mésie), la cité-forteresse portait le nom de Sextanta Prista (Soixante navires) en raison, semble-t-il, de la présence de nombreux bateaux, les « pristes » de la flotte militaire romaine danubienne qui était chargée de protéger le Limes.

Les premières tribus slaves arrivent ensuite dans la région au Ve siècle. Les Turcs envahissent le second empire bulgare au XIVe siècle et conquièrent Ruse en 1388. Ils en font à leur tour un port pour leur armada militaire et la rebaptisent du nom de Routschouk (petite ruse en langue turque). La ville restera comme la Bulgarie sous la domination des Ottomans pendant près de cinq siècles…

                                Le Palais de Justice

                                Le Panthéon de la Renaissance

C’est un monument-ossuaire national des héros, tombés pour la liberté de la Bulgarie. Il a été inauguré le 28 février 1978 lors du centième anniversaire de la libération de la Bulgarie du joug ottoman. Lorsque le régime communiste se met en place, en 1946, un rideau opaque tombe brutalement sur les années de gloire de la « Petite Vienne » bulgare.

                                Le Théâtre National

L’atmosphère séduisante et décontractée de la ville, son patrimoine architectural comme le Théâtre National, la place de la Liberté, la place Alexandre de Battenberg, la cathédrale catholique Saint-Paul en style néo-gothique (1892), le Musée d’Histoire Régionale et son trésor thrace de Borino, le lycée et la bibliothèque, l’église orthodoxe de la Sainte-Trinité (construite en 1632), la charmante rue piétonne Alexandrovska, la gare (premier édifice de ce genre en Bulgarie construit en 1866), ou encore la promenade sur le Danube, reflètent un savant mélange cosmopolite d’ambiances, de cultures et d’influences occidentale et orientales.

Certes, François Maspero n’est pas aussi enthousiaste que Canetti, qui décrit, ici, je cite : « une impression ténue de désastre irrémédiable […] dans des parcelles de temps décomposé [ …], un catalogue de l’architecture du siècle dans toute la splendeur de ces médiocrités successives » (sic)

          Et il est vrai que l’on déplore des restes de l’architecture stalinienne massive de l’après-guerre, et des immeubles encore habités, mais bien délabrés :

          Cela dit, je tente d’apprécier dans l’instant les beautés qui me sont offertes…

          Et ce banc de construction assez particulière rappelle, en ses inscriptions bulgares, que cette ville a été la première en beaucoup de choses :

Par exemple, on y avait fondé la première gare de Bulgarie, et on inaugura en 1866 la première ligne de chemin de fer de l’empire ottoman reliant Ruse à Varna. C’est à Ruse qu’ont lieu les premières séances publiques de cinéma et que sont fondées la première maison d’édition et la première compagnie d’assurances de Bulgarie, etc.

          Nous voilà devant la charmante cathédrale orthodoxe de la Sainte Trinité (Sveta Troitsa Cathedral). Datant de 1632, et reconstruite à plusieurs reprises, cette superbe église s’inspire de l’architecture russe, mêlant façade baroque, et intérieur de style médiéval.

                                     

Cette pseudo-basilique a trois nefs de 31,20 m de long et 15,60 m de large. Deux rangées de sept colonnes séparent les nefs. Elle a été creusée à quatre mètres et demi sous le niveau de la cour en raison des exigences des autorités ottomanes. Les vestiges de catacombes, datant peut-être du Ve siècle, sont situés dans l’angle sud-ouest du temple. Pendant la domination ottomane, il était plus facile de délivrer une autorisation pour la construction d’une nouvelle église à l’emplacement d’un temple plus ancien. Les chrétiens de Ruse ont vraisemblablement utilisé l’ancienne catacombe pour construire l’église.

Nous nous promenons à travers la ville :

Et nous visitons la jolie petite église orthodoxe St Nicolas :

Puis l’église catholique Saint Paul. C’est dans cette église catholique que se trouve ce qui fut le premier orgue bulgare, datant de 1907. Elle fut érigée en 1890 dans le style néoclassique d’après les plans de l’architecte italien Valentino. Elle se trouve, par ailleurs, proche du Danube, ce qui lui confère une position remarquable, et nous permet de nous rapprocher de notre bateau, où nous devons déjeuner vers 13h 30. Un bel édifice qui se démarque des autres églises orthodoxes :

                                

                                

           Pendant que nous déjeunons, notre navire quitte le port pour filer vers le delta du Danube que nous atteindrons demain matin et que nous nous réjouissons de visiter en petit bateau. Pour l’heure, il ne me reste plus qu’à attendre et admirer, sur le soir, les feux du coucher de soleil sur le Danube…

                                    

20/5/2022

Danube (9) — Les Portes de fer

Classé dans: — Brigitte @ 18:09:48

          Aujourd’hui, vendredi 20 mai, nous traversons la région des « Portes de Fer  ». En fait, il s’agit d’une gorge du Danube. C’est ici, dans le plus grand défilé fluvial d’Europe, à la lisière de la Roumanie, que la Serbie offre ses paysages les plus spectaculaires, là où le fleuve mythique sépare les Carpates au nord, en Roumanie, des Balkans au sud, en Serbie. Ces gorges s’étendent sur 135 km, de Bazia à Turnu-Severin. La largeur du Danube varie de 2 km à moins de 150 mètres par endroits. Le fleuve disparaît dans la puissante percée, à travers les dernières montagnes des Carpates du Sud. Le lit se rétrécit et il est dominé par de véritables murailles pouvant atteindre jusqu’à 600 mètres de haut. On aperçoit les vestiges d’une route taillée par les Romains à l’époque de l’empereur Trajan.

          Le canyon des Portes de Fer a été creusé il y a environ cinq millions d’années, au Messinien, avant la série de glaciations et de phases interglaciaires commencée depuis deux millions d’années, dont l’alternance a cependant aussi contribué à sa morphologie actuelle. En amont, on trouvait le lac Pannonien, dont le proto-haut-Danube était un affluent. Le niveau hydrologique de base s’étant abaissé au Messinien, de nombreux cours d’eau ont alors accru leur capacité d’érosion et, à un moment, le lac Pannonien put se déverser via le bas-Danube jusqu’en mer Noire : le Danube était dès lors formé, les Portes de Fer représentant la jonction. Avec le temps, le lac Pannonien se combla d’alluvions, devenant une plaine que parcourent le moyen-Danube et ses affluents.

          C’est sur la rive serbe des Portes de Fer, à Lepenski Vir , que se trouvent les traces archéologiques de l’un des plus anciens villages sédentaires d’Europe, datant de la fin du paléolithique. Durant des siècles, ce défilé, dont l’entrée est gardée par la forteresse de Golubac, a été une frontière des empires romain, grec, bulgare, serbe et turc : le premier y a laissé les langues roumaines, le deuxième la religion chrétienne orthodoxe, les suivants les langues slaves, la dernière des forteresses et une bourgade fortifiée peuplée de Turcs sur une île : Ada Kaleh (« île fortifiée » en turc), qui fut submergée en 1970 par le lac de retenue du barrage des Portes de Fer. Au nord du défilé et parfois par le fleuve lui-même passèrent maintes invasions : Celtes, Huns, Germains, Avars, Magyars, Tatars et bien d’autres, avant que des principautés vassales de la Hongrie puis des Turcs ne s’y établissent (Transylvanie et Valachie). Ce défilé forme, depuis 1878, la frontière internationale entre Serbie et Roumanie.

          Nous nous levons très tôt, ce matin, parce qu’il nous faut être sur le pont dès six heures, quand nous entamons le défilé, encore appelé Kataraktenstrecke en allemand.

La forteresse de Golubac:

          Au km 1040,5, nous voyons se dresser sur la rive droite du Danube, la ville médiévale fortifiée de Golubac avec son château, qui garde l’entrée du défilé et fut le théâtre de célèbres batailles. Elle aurait été construite au XIVe siècle et est inscrite sur la liste des monuments culturels d’importance exceptionnelle de la République de Serbie. Les bases de l’édifice sont aujourd’hui immergées, le niveau du Danube ayant significativement monté, à la suite de la construction du barrage aux Portes de Fer achevé en 1972.

Cette très belle forteresse domine le Danube à un emplacement stratégique : à cet endroit le fleuve devient plus étroit et tumultueux dans le défilé, rendant la navigation (surtout avant l’apparition des moteurs) plus difficile : ainsi les possesseurs de ce fort pouvaient à leur aise contrôler le trafic fluvial et taxer les marchandises. Au Moyen Âge, on barrait le passage aux navires grâce à une forte chaîne ancrée à un récif appelé Babakaj, de l’autre côté du fleuve.

Golubac comporte trois grandes enceintes défendues par dix tours et deux herses, solidaires des remparts par des refends épais de 2 à 3 mètres. À l’entrée de la forteresse, la première muraille doublait la défense assurée par les fossés, alimentés par des éclusettes au Danube et certainement noyés en cas de siège. Il y avait un petit village hors les murs. Bien entendu cet emplacement stratégique en a fait le théâtre d’affrontements fréquents, notamment entre Serbes, ou Hongrois et Ottomans.

La brume matinale fait fumer le Danube… ;-)

          Nous naviguons de détroit en détroit. L partie la plus belle est le troisième canyon que nous atteindrons vers 9 h 20.

          Au km 1004, nous trouvons, sur la rive serbe, le site de Lepenski vir, un site archéologique du Mésolithique, qui figure sur la liste des sites exceptionnels de Serbie.

La culture de Lepenski Vir site s’est développée sur un grand site principal, Lepenski Vir, et une dizaine de villages secondaires, appartenant à la même culture et à la même époque, situés dans un espace géographique voisin, désormais à cheval sur la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie : Hadjucka Vodenica, Padina, Vlašac, Icoana, ou encore Kladovska Skela.

On suppose que l’origine de la culture de Lepenski Vir, parfois appelée Vârtejul Teiului en Roumanie, remonte aux premières populations européennes de chasseurs-cueilleurs de la fin de la dernière ère glaciaire. Des traces archéologiques d’une occupation humaine des grottes avoisinantes ont en effet été datées d’environ 20 000 ans avant notre ère. L’occupation du site s’étend largement sur un millénaire, du Mésolithique jusqu’au Néolithique.

Les premières fouilles archéologiques ont eu lieu en 1965 mais ce n’est qu’en 1967 que l’importance du site fut pleinement reconnue, après la découverte des premières sculptures mésolithiques. Les fouilles furent achevées en 1971, quand l’ensemble du site fut déménagé près de trente mètres plus haut pour éviter son engloutissement par le lac de retenue résultant de la construction du barrage roumano-yougoslave de Kladovo-Turnu Severin. 136 bâtiments et autels ont été découverts durant les fouilles initiales, de 1965 à 1970. À côté de sculptures simples composées de dessins géométriques, on a trouvé des sculptures plus complexes au style anthropomorphique, comme la statue dite du Dieu-poisson de Lepenski Vir. Ele est datée de 7 000 ans. Ces sculptures sont le témoin d’une civilisation très développée dotée un haut degré de savoir et de technicité.

Si la datation est correcte, cette civilisation serait plus ancienne que celle de la Mésopotamie et cela témoignerait du fait que l’agriculture et l’élevage du bétail n’ont pas été introduits via des cultures orientales, mais existaient déjà dans cette région du Danube pour se répandre, ensuite, vers l’Ouest, dans toute l’Europe…

          Au km 974, nous arrivons aux gorges de Kazan. La largeur du fleuve se réduit drastiquement et les falaises s’élèvent à pic sur les 19 km du haut et du bas-Kazan. Par endroits, la largeur ne fait plus que 150 m tandis que la profondeur est de 53 m… Et ne peut passer qu’un bateau à la fois !

C’est la partie la plus pittoresque. Et on peut y voir des monuments intéressants :

Sur la rive roumaine, au km 968, le monastère Mraconia (Mănăstirea Mraconia)

“Monastère sous l’eau, Mraconia", c’est la réplique d’un ancien monastère englouti par les eaux du Danube lors de la construction du barrage des Portes de Fer. Mraconia signifie “eau sombre” ou “endroit caché". Le monastère de Mraconia a connu toutes les vicissitudes de l’histoire, depuis les envahisseurst jusqu’à être englouti par les eaux du Danube. L’église est dédiée aux Saints Archanges Michel et Gabriel et à la Sainte Trinité.

         Non loin de là (voir carte ci-dessus), et encore sur la rive roumaine, la sculpture de Décébale : une sculpture monumentale, réalisée de 1994 à 2004, haute de 40 m et large de 20 m, c’est actuellement la sculpture rocheuse la plus haute d’Europe.

La roche est à l’effigie de Décébale, le dernier roi des Daces (qui régna de 87 à 106) et qui combattit les empereurs romains Domitien et Trajan afin de préserver l’indépendance de son pays, l’actuelle Roumanie.

Sous le visage de Décébale se trouve une inscription en latin : DECEBALUS REX—DRAGAN FECIT (traduction : le roi Décébale - fait par Drăgan), du nom du mécène qui a financé l’œuvre et a acheté le rocher en 1993. La sculpture a nécessité dix ans de travaux et douze sculpteurs1, pour un coût d’un million de dollars américains. Les six premières années ont été consacrées au dynamitage du rocher en la forme grossière voulue, et les quatre autres années, à la sculpture du visage.

          Sur l’autre rive du Danube, en terre serbe, la Table de Trajan (au km 964) :

Table réalisée par l’empereur Trajan pour commémorer le lieu de la victoire de l’armée romaine qui a conduit à la conquête de la Dacie en 105 ap. J.-C., contre, précisément, le roi Décébale et les tribus menaçantes du nord-est du Danube. C’est une plaque verticale taillée dans le rocher ornée de deux dauphins ailés, de roses à six feuilles et d’un aigle aux ailes déployées, qui mesure 3,20 m de longueur sur une hauteur de 1,80 m. Elle est surplombée d’un fronton portant une inscription moderne « Tabula Traiana ».

Ce symbole des conquêtes romaines et de l’appartenance au monde latin de la Roumanie faillit disparaître au XXe siècle lors de la construction et de la mise en eaux du barrage de la centrale hydro-électrique de Djerdap (1963-1972) car il se trouvait, alors, au-dessous du futur niveau des eaux de la retenue. Pour le sauver on entreprit de découper la table avec son entourage de rocher pour la réinstaller une cinquantaine de mètres plus haut.

On peut lire sur la plaque l’inscription en langue latine abrégée et rédigée comme suit :

  • « IMP CAESAR DIVI NERVAE F
  • NERVA TRAIANVS AUG GERM
  • PONTIF MAXIMVS TRIB POT IIII
  • MONTIBVS EXCISI. ANCO..BVS
PATER PATRIAE COS III
  • SVBLATIS VIA. .E. »

soit, dans sa reconstitution intégrale : « IMP(ERATOR) CAESAR DIVI NERVAE F(ILIVS) NERVA TRAIANVS AUG(VSTVS) GERM(ANICVS) PONTIF(EX) MAXIMVS TRIB(VNICIA) POT(ESTATE) IIII PATER PATRIAE CO(N)S(VL) III MONTIBVS EXCISI(S) ANCO(NI)BVS SVBLAT(I)S VIA(M R)E(FECIT) »

Et sa traduction en français :

L’empereur César, fils du divin Nerva, Nerva Trajan Auguste, vainqueur des Germains, Suprême pontif quatre fois investi de la puissance des tribuns, Père de la patrie, trois fois consul A entaillé la montagne et posé des poutres Pour la réfection de cette voie.

Cet empereur conquérant n’hésita pas également à faire tailler sur la rive droite du Danube, dans les parois rocheuses des Portes-de-Fer, une voie partant de Belgrade pour permettre le passage de ses armées au cœur du défilé. Cette voie rejoignait en aval, à hauteur de Drobeta Turnu-Severin, un pont sur piles de briques avec un tablier en bois, construit par l’ingénieux architecte Appolodore de Damas (entre 50 et 60-130) et sur lequel les soldats purent aisément et rapidement franchir le Danube. Quelques vestiges de ce premier pont en dur sur le fleuve sont encore visibles sur les deux rives roumaines et serbes bien que le successeur de Trajan, l’empereur Hadrien (76-138), craignant que des tribus barbares ne s’en servissent à leur tour, cessa de l’entretenir.

                          L’empire romain à la mort de Trajan

Nous passons, au km 954,2 devant la nouvelle ville d’Orsova construite à l’embouchure de la rivière Czerva. L’ancienne ville, érigée sur une île nommée Tierna par les Romains, a été engloutie sous les eaux du barrage.

                    C’est le capitaine qui a pris les commandes du bateau. Nous arrivons au barrage, au km 943. En fait, nous pouvons voir, ici, deux doubles écluses, un barrage et une centrale hydroélectrique. La différence de niveau de l’eau, de part et d’autre des écluses, est de 32 m. Ce barrage fait 78 m de hauteur et sa puissance est de 2160 MW. La première écluse a été ouverte en 1972.

Vous pouvez voir, ci-dessous, un résumé que j’ai réalisé en vidéo du passage du défilé des Portes de Fer. Vous pouvez également la regarder en plein écran ou en “image dans l’image” :

Le Danube entame, après ce passage, un grand virage vers le sud. Il traverse Gruia, Pristol, Cetate et Calafat. Il poursuit ensuite son chemin vers l’est où il forme sur 400 kilomètres la frontière avec la Bulgarie.

Demain, nous serons en Bulgarie. Mais admirons, ce soir, le coucher de soleil sur le Danube :

19/5/2022

Danube (8) — Belgrade (Serbie) 2.

Classé dans: — Brigitte @ 22:16:04

         Nous quittons ce beau Musée National et, repassant par la Place de la République, nous prenons des rues animées et d’agréables jardins qui respirent le calme :

 

 

 

 

 

 

          Comme nous nous dirigeons vers le parc Kalemegdan, où se trouve la forteresse, nous trouvons, près de l’entrée, le « monument de reconnaissance à la France »

 

                                    

 

          Érigé en 1930 par le sculpteur Ivan Meštrović dans un style Art déco, il se veut un hommage du peuple serbe à la France pour l’aide qu’elle lui a apportée pendant la Première Guerre mondiale. C’est en effet l’armée d’Orient qui a récupéré l’armée serbe en 1915 pour la remettre sur pied et, à partir du front de Salonique, exécuter, à l’automne 1918, une progression victorieuse à travers la Serbie. C’est cet esprit de sacrifice et les liens très forts qui se sont noués à cette occasion entre Serbes et Français que Meštrović a voulu honorer. Sous plusieurs bas-reliefs de soldats français, il est écrit : « Nous aimons la France comme elle nous a aimés. »

          Nous arrivons à la forteresse.

 

 

                               Vestiges du mur romain de Singidunum

 

En raison de son importance, elle figure sur la liste des « monuments culturels d’importance exceptionnelle » de la République de Serbie1 et sur la liste des biens culturels de la Ville de Belgrade. L’actuelle ville de Belgrade s’est développée autour de la forteresse ; construite au début du 1er siècle avec des murs en terre, elle est devenue un castrum romain au IIe siècle, pui un château byzantin de vie au XIIe siècle. Capitale fortifiée du Despotat de Serbie du XIIIe au XVe siècle et fut occupée par les Autrichiens aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle constitue aujourd’hui un des hauts lieux culturels et historiques du parc de Kalemegdan et, plus généralement, de la capitale serbe.

La forteresse changea souvent de maîtres, conquise tour à tour par les Hongrois, les Bulgares et les Byzantins. Elle fit ainsi partie des terres de l’empereur Samuel Ier de Bulgarie et de ses successeurs jusqu’en 1018 puis redevint byzantine avant de passer aux mains des Hongrois, qui la conservèrent jusqu’au XIIe siècle. En 1127, le roi Béla la forteresse est offerte en cadeau à Béla II, pour son mariage avec la princesse serbe Jelena, ou Ilona (ou Hélène de Rascie), la fille de Stefan Uroš Ier. Béla II et son père Almos avaient eu les yeux crevés en 1115 pour s’être rebellés contre le roi Coloman (frère d’Almos). Mais, quand Béla II, aveugle, fut couronné roi de Hongrie après qu’Étienne II, succédant à Coloman, fut décédé sans postérité, Hélène prit les rênes du pouvoir et l’un de ses premiers actes fut de faire condamner et exécuter sous ses yeux les 68 seigneurs hongrois qu’elle accusait d’être responsables du châtiment de son mari !   Et, après la mort, dix ans après, de ce dernier, elle continua à régner sur la Hongrie. Cette jeune reine ne plaisantait guère avec les principes. Belgrade resta principalement une terre hongroise, sauf entre 1282 et 1319.

Puis la citadelle fut assiégée par les Turcs, trois fois, avant d’être emportée en 1521 par Soliman le Magnifique. Les Autrichiens s’en emparèrent en 1688 mais elle fut reprise par les Turcs deux ans plus tard. Et ce fut un aller-retour incessant jusqu’au jour où la Principauté de Serbie devint complètement indépendante de la Sublime Porte en 1868 et, à cette occasion, le prince Michel Obrenović reçut symboliquement des Turcs les clés de la forteresse….

Depuis la citadelle, on peut admirer un panorama magnifique sur la ville et le confluent du Danube et de la Save. (Vous pouvez obtenir les images en plein écran agrandissables d’un clic dans une autre fenêtre en cliquant sur les photos)

 

          Pobednik (en serbe cyrillique : Победник), en français Le Vainqueur, a été érigé en 1928 dans la Haute ville de la forteresse de Belgrade à l’occasion de la célébration du dixième anniversaire de la percée du front de Thessalonique.

                                                 

     Le monument est constitué d’une figure d’homme portant un aigle dans la main gauche et l’épée abaissée dans celle de droite. Œuvre du sculpteur Ivan Meštrović, sur un socle en forme de colonne dorique creusée de cannelures sur une haute base cubique, de l’architecte Petar Bajalovic1. L’aigle représente l’accueil chaleureux d’un peuple qui accepte les étrangers, mais l’épée signifie que quand même les Hongrois sont accueillants, ils savent se venger de la trahison, et n’ont pas vocation à se laisser écraser…

          Un peu plus loin, au-dessus de l’église Ružica, des ouvriers turcs œuvrent à la restauration des fortifications de la citadelle… Ironie de l’histoire… ;-)

       En descendant, nous découvrons, dans la partie basse, l’église Ružica ("rose", en serbo-croate), qui est l’église la plus ancienne de la ville, et qui a subi de nombreuses vicissitudes au cours de son histoire. Transformée en mosquée en 1521, l’église fut tour à tour en possession des Turcs, des Hongrois, des Autrichiens… Au XVIIIe siècle, le bâtiment servait de poudrière. Et en 1867, après le prince Obrenovic eut reçu les clés de la forteresse de Belgrade, le bâtiment fut rénové et consacré à nouveau - cette fois en tant qu’église de garnison. C’est alors qu’elle reçut le nom de Ruzica. Mais ses malheurs ont recommencé lors de la Première Guerre mondiale, où elle fut pratiquement détruite. Reconstruite ensuite par les artisans de Kragujevac qui lui ont fabriqué trois lustres uniques composés de sabres, de baïonnettes, de douilles, d’obus d’artillerie, de pièces de fusils et de pièces d’armes légères en souvenir de la Grande Guerre.

                                     

Devant l’entrée de l’église, deux sculptures ont été installées - le roi serbe Stefan Dušan en armure de l’époque de la bataille du Kosovo et un fantassin des guerres des Balkans qui ont précédé la Première Guerre mondiale.

Une vue d’ensemble de la citadelle, depuis le bas de la ville pendant que nous rejoignons le navire, avant le repas du soir, pour ressortir plus tard, pour le spectacle vespéral.

À 20 heures, nous avons un spectacle folklorique où nous pouvons assister à un florilège de danses serbes, certaines ayant des accents typiquement orientaux.

        Ci-dessous une vidéo montrant des extraits de ce spectacle que vous pouvez, également, regarder en plein écran ou en “image dans l’image :-) :

    Il est temps de rentrer, le bateau va bientôt continuer son voyage sur le Danube. Nous quittons cette belle ville, toujours animée, dans la nuit.

          Demain, il fera jour… Et nous passerons les célèbres Portes de fer… Brrrrr !…

Danube (7) — Belgrade (Serbie) 1.

Classé dans: — Brigitte @ 19:05:12

                    En ce jeudi 19 mai, nous allons visiter Belgrade, capitale de la Serbie. Nous y arriverons vers 11 heures et débarquerons après le déjeuner, et après que les autorités serbes auront accompli les formalités de douane et police. Nous ne reviendrons que pour le repas du soir ; après quoi, une sortie est prévue pour un spectacle de danses folkloriques serbes, cette nuit.

À l’entrée du pays, la rive droite est croate, la rive gauche serbe. Mais, très vite, le Danube forme une boucle et traverse la Serbie vers le sud-est en s’éloignant de la frontière croate et en se rapprochant de la frontière roumaine. Cette région est charnière, car elle marque le passage entre l’Europe centrale et l’Europe orientale. Par sa situation, elle fut longtemps la convoitise des différents empires romains, byzantins, ottomans, austro-hongrois, etc. Elle porte encore les stigmates de cette situation, cette mosaïque culturelle étant à l’origine de discordes, qui ont entraîné des conflits, certains assez récents.

La ville portuaire d’Apatin est la première cité de moyenne importance que nous rencontrons après la frontière. Plus en aval, le fleuve passe Novi Sad , dont les ponts ont été gravement endommagés en 1999 lors de la guerre du Kosovo. Nous visiterons cette ville au retour de notre croisière. Pendant plus de six ans, la circulation entre les deux parties de la ville s’est effectuée à l’aide d’un pont flottant de fortune perturbant la navigation sur le fleuve. Le nouveau pont appelé Pont de la Liberté a été inauguré le 11 octobre 2005. 70 kilomètres plus loin, le Danube atteint Belgrade, la troisième plus grande ville riveraine du fleuve avec 1,6 million d’habitants. Elle est construite autour du confluent de Danube avec la Save et son centre est dominé par l’imposante forteresse Kalemegdan.

Étape aujourd’hui importante du canal Rhin – Main – Danube, le port de Belgrade se trouve sur l’axe fluvial le plus important d’Europe, qui mène des navires de grand gabarit de la mer du Nord à la mer Noire.

Elle draine, également, un important trafic depuis l’Europe centrale vers les confins orientaux des Balkans. La route de Salonique, d’Istanbul et de Sofia passe ainsi nécessairement par Belgrade. C’est pourquoi l’Union européenne a choisi de faire passer le Corridor 10, ensemble de voies autoroutières et ferroviaires de première importance, par la région de Belgrade.

          Belgrade (j’emprunte, ici, des éléments de Wikipedia, repris un peu partout) est l’une des plus anciennes cités d’Europe, avec une histoire qui s’étend sur plus de 7 000 ans. Selon les historiens, on évalue la destruction de la ville entre 28 et 33 fois, sa position stratégique en Europe faisant, à la fois, son bonheur et son malheur, d’où les vers du xve siècle de Constantin le philosophe, « Pleure ville blanche, le noir de tes deuils ». Les premières traces de présence humaine dans la région remontent à la Préhistoire et à la culture de Vinča. Elle a été la cité de Singidunum, colonie romaine située dans la province de Mésie. Le nom slave Beograd apparaît pour la première fois le 16 avril 878, dans une épître envoyée par le pape Jean VIII au prince Boris Ier de Bulgarie. Il signifie la « ville blanche ». Au fil de son histoire mouvementée, la ville a été conquise par quarante armées : elle fut, tour à tour, romaine, byzantine, hongroise, serbe, autrichienne, ottomane puis capitale de la Serbie officiellement indépendante de la Sublime Porte en 1878.

                    Je donnerai, au fur et à mesure de ma visite, d’autres éléments historiques se rapportant aux monuments et œuvres que j’approcherai ou visiterai. Pour l’heure, j’ai très envie de me rendre, en passant par la ville, au Musée national, situé en son cœur et qui, outre un panorama complet de l’archéologie et de l’art de la Serbie, est réputé posséder une très riche collection de peintres impressionnistes, en particulier français… Il a été rouvert en juin 2018, après quinze ans de travaux de rénovation.

          Nous montons par une rue pittoresque, aux pavés irréguliers :

et parvenons au centre par des rues et places fort animées (il est aux alentours de 13h 30) :

          Ce restaurant souhaite la bienvenue au Français ! ;-)

                    La Place de la République (Трг Републике) est l’un des quartiers les plus vivants de la capitale.

C’est, aussi, là que se trouve le musée que je cherche, non loin de la statue à cheval du Prince Michel

C’est une œuvre en bronze du sculpteur italien Enrico Pazzi, qui représente le prince à cheval. Il fut érigé en 1882 pour célébrer le départ définitif des Turcs en 1867. Jusqu’à cette date, sept villes étaient encore occupées par une garnison ottomane ; leurs noms sont gravés sur une plaque apposée sur le piédestal de la statue. Le monument est aujourd’hui classé. D’après certains Belgradois, sa main (voir photo précédente) montre aux Turcs la direction du retour à Constantinople. Le prince Michel joua un rôle important dans l’autonomie de la Serbie.

                    Pour entrer dans le Musée, il me faut toquer à la porte. Un monsieur, fort aimable, nous ouvre et nous tend deux billets. L’entrée est gratuite et l’on peut photographier sans problème. Mais je ne puis me rendre directement au 2e étage, où se trouvent les pièces maîtresses (Tintoret, Renoir, Impressionistes). Il faut obligatoirement commencer par le bas…

                                        

         La photo suivante montre l’immense tableau de la Proclamation de la loi de Dušan, qui a une belle histoire :

La proclamation du codex de la loi de Dušan (en serbe : Проглашење Душановог законика , Proglašenje Dušanovog zakonika) est le nom donné à chacune des sept versions d’une composition peinte par Paja Jovanović qui représente Dušan le Puissant présentant le premier codex de loi de Serbie à ses sujets, en 1349. Le gouvernement royal serbe commanda la première version pour 30 000 dinars en 1899, dans l’intention de la présenter à l’Exposition Universelle de l’année suivante à Paris

Lors de sa commande initiale, le tableau devait représenter le couronnement de Dušan en 1346 en tant qu’empereur de Serbie. Après avoir consulté le politicien et historien Stojan Novaković, Jovanović a décidé de ne pas peindre une scène du couronnement de Dušan et a choisi de représenter, plutôt, la proclamation de son codex de lois. Jovanović a accordé une grande attention aux détails historiques, visitant plusieurs monastères orthodoxes serbes médiévaux au Kosovo et en Macédoine, étudiant les costumes et les armes médiévales et consultant des experts sur la période. Stefan Dušan était, en effet, l’un des dirigeants les plus puissants de Serbie. Au milieu du XIVe siècle, il a participé à la création d’un grand État serbe qui s’étendait du Danube au continent grec. En raison de son œuvre historique, il est appelé Dušan le Puissant ou Dušan le Législateur.

La première version a été achevée à temps pour l’Exposition universelle, où elle a été largement saluée par la critique et a reçu une médaille d’or par le comité artistique de la foire. Il jugeait, alors, cette peinture à égalité avec les œuvres des plus grands artistes du monde. Un certain nombre d’historiens et de critiques d’art considèrent La Proclamation du codex de la loi de Dušan comme l’une des plus belles œuvres de Jovanović, et Jovanović lui-même a estimé que la peinture était « sa plus belle composition ».

           Quelques tableaux de notre 2e étage de ce musée très riche :

                de Beta Vukanović (1872-1972), connue, également, sous le nom de Babette Bachmayer, et mariée au peintre impressionniste Rista Vukanović, qui eut une grande influence sur l’évolution de la peinture serbe.

                de Boža Ilić, 1948.

                de Marie Laurencin (1883-1956)

                de Maurive Utrillo (1883-1955)

                    

                Marie Laurencin, encore

                            

                    

                de Camille Pissaro (1830-1903)

                                             

                marbre de Giuseppe Croff (1810-1869)

                de Canaletto (1697-1768)

                              

                1930, Portrait d’Anne, d’André Lhote (1885-1962)

          Nous quittons le musée en revenant sur la place. Il nous reste beaucoup de belles choses à voir… Je me rendrai, tout à l’heure, à la forteresse Kalemegdan, site dont l’histoire est très riche, et dont j’évoquerai quelques événements dans le prochain article, toujours consacré à Belgrade. :-)

=====> Pour ce second article, le lien est celui-ci (cliquez)

18/5/2022

Danube (6) — Pécs (Hongrie)

Classé dans: — Brigitte @ 20:22:31

Arrivés à Solt (km 1561), nous débarquons après le déjeuner, à 13h 30, pour visiter la belle ville de Pécs. Nous rejoindrons, ensuite, sur le soir, le bateau qui repart aussitôt pour Mohacs.

          La ville de Pécs a eu une histoire mouvementée. Située sur le site de Sopianae, fondée par les Romains et perdue lors de la chute de l’Empire, elle fut connue dès 871 sous le nom de Quinque Basilicae, parce que son église fut construite à partir des restes de cinq autres. D’où son nom français : Cinq-Églises, son nom italien Cinquechiese,et son nom allemand : Fünfkirchen.

          L’arrivée des Magyars dans les Carpates conduit, en l’an 1000, à la fondation du royaume de Hongrie. Son premier roi, Étienne 1er, y fonde un épiscopat en 1009. Ce roi, Saint Étienne de Hongrie fut, en effet, le premier à consacrer un royaume à la Vierge Marie ; il avait épousé sainte Gisèle, la sœur de l’empereur d’Allemagne Henri II et, consacrant les quarante années de son règne à christianiser son royaume, il fonda huit évêchés et de nombreux monastères.

          Après 1235, la ville est connue sous le nom de Pécs. Louis 1er y fonde en 1367 la première université du pays et elle devient, ainsi, au XVe siècle, un haut lieu de l’humanisme de la Renaissance. Mais les Ottomans la prennent au XVIe siècle. Puis ils sont chassés et l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche lui confère le statut de ville libre royale. Cinquième ville de Hongrie, son patrimoine est très riche.

          Nous débutons la visite de la ville par celle de sa cathédrale Saint Pierre & Paul

             

Reconnaissable aisément grâce à ses quatre tours qui dominent la ville, la cathédrale de Pécs fut construite au XIIe siècle sur les vestiges de l’ancienne église épiscopale détruite en 1064 par un incendie. Inspirée, alors, par le courant venu de l’Italie du Nord, elle a connu de nombreuses modifications au cours des siècles. Au XIVe et au XVe siècle, elle est fortement endommagée lors des incursions mongoles. L’on remplace, alors, son toit plat par des voûtes gothiques. Au moment de l’occupation turque, elle est utilisée comme mosquée et sa crypte devient un magasin d’armes.

Lorsque la ville est libérée du joug turc, on pense à la transformer entièrement en édifice baroque mais ce projet n’aboutit pas. La cathédrale connaît alors peu de transformations jusqu’au XIXe siècle où, en très mauvais état, on construit une deuxième façade pour l’église qui menace de s’effondrer.

La seconde façade n’aidant en rien, on décide de restaurer la cathédrale en la reconstruisant presque entièrement, tout en respectant le plan d’origine. C’est l’architecte viennois Friedrich Schmidt qui en a la charge et qui donne à la cathédrale Saint-Pierre de Pécs son apparence actuelle. De nombreuses sculptures de pierre et des peintures murales oubliées ont été redécouvertes en cette occasion. Elle a été relativement épargnée lors de la Seconde Guerre Mondiale.

          L’intérieur somptueux de la cathédrale :

                                   

          Après avoir écouté un petit récital d’orgue, tout en admirant les fresques et plafonds, nous descendons pour visiter la crypte :

            Puis nous sortons pour visiter le reste de la ville. Au détour du chemin, nous tombons sur cette statue de Franz Liszt qui semble nous observer étrangement :

          Irme Varga, qui l’a réalisée en 1983, a voulu cette statue du compositeur et pianiste hongrois de la fin du XIXe à la fois figée dans le temps et vivante, accoudée au balcon du palais épiscopal, intriguée par le spectacle de la rue. ;-)

                              

                    Nous découvrirons, du reste, d’autres statues de bronze de peintres ou d’écrivains, lors de notre promenade dans la ville. Les habitants aiment à rendre ainsi hommage à leurs grands hommes…

… voire aux petits métiers ; ici un cordonnier :

          Dans la rue Janus Pannonius, les grilles remplies de cadenas, preuves d’amour éternel… enfin tant que la rouille ne les a pas détruits ;-)

          Au coeur de la ville de Pécs, la magnifique place Széchenyi :

       avec la belle statue équestre de János (Jean) Hunyadi, qui fut inaugurée en 1956, a l’occasion du cinquième centenaire de la mort du héros de l’histoire de la Hongrie. Régent de Hongrie et commandant de l’armée hongroise, il défit les Ottomans qui assiégeaient Belgrade en 1456). C’était la plus grande victoire des Hongrois sur l’armée turque. Le sculpteur est Pál Pátzay, et l’érection de cette statue avait provoqué de vives contestations, les critiques se scandalisant que la statue n’eût pas été placée en plein milieu de la place. Depuis, tout le monde s’est habitué à cette disposition, après tout fort esthétique.

          Non loin de là, la mosquée du Pasha Gazi Kasim… qui se trouve être une église catholique… Surmontée à la fois d’un croissant ET d’une croix !

Construite au milieu du XVIe siècle, l’ancienne mosquée de Pécs est le plus grand monument de l’ère turque en Hongrie. ce monument fort particulier fut édifié sur les vestiges de l’église Saint-Barthélemy, une église gothique construite au XIIIe siècle et détruite par les Turcs lors de leur invasion de la ville en 1526.

Durant l’occupation turque, en 1543, le Pacha Qasim, alors à la tête de la ville, décide la construction d’une mosquée avec les pierres de l’ancienne église catholique. La mosquée du pacha Qasim est édifiée en 1546.

La domination turque dure plus d’un siècle et demi mais la cité est libérée en 1686. Les Hongrois reprennent la ville et la mosquée est abandonnée. En 1776, les jésuites détruisent son minaret. Entre le XVIIIe et le XXe siècle, de nombreuses modifications ont lieu sur l’ancienne mosquée afin d’en faire, à nouveau, une église catholique. De grandes fresques sont peintes, un immense orgue est installé, et l’on tente d’effacer, le plus possible, les traces du culte musulman.

Mais, en 1955, on prend conscience de la richesse historique du monument et l’ancienne mosquée est restaurée dans son aspect d’origine. Et c’est ainsi que l’on peut, aujourd’hui, y voir des peintures catholiques côtoyer des inscriptions musulmanes.

          Nous parcourons les petites rues et places fort vivantes et agréables :

                                   

          Le beau Théâtre national :

          Tiens, un bronze de l’écrivain Sándor Weöres, assis à une table, et qui semble nous inviter à le rejoindre :

                              

          Bon… Il est temps de rentrer. Nous avons bien profité du soleil et des beautés de cette petite ville…

                                              

        Notre navire nous attend sagement à Mohacs (km 1447), où nous arrivons :

          C’est ici, à Mohács, qu’eut lieu l’un des événements les plus tragiques de l’histoire hongroise : En 1526, après avoir anéanti en ces lieux l’armée hongroise, les Turcs prirent le contrôle du pays pour un siècle et demi. Ce véritable carnage est rappelé par un grand mémorial. Après l’expulsion des Turcs, des colons arrivèrent des pays voisins afin de repeupler le pays dévasté. Ils apportèrent avec eux des traditions qu’ils conservent encore aujourd’hui.Y cohabitent des minorités allemandes, croates, serbes, etc. Le Danube, en quittant Mohács, marque la frontière entre la Croatie et la Serbie. Nous quittons, à 19h 30, le territoire de l’Union européenne. pour entrer en Serbie.

                    Demain, Belgrade, capitale de la Serbie…

Danube (5) - de l’Autriche à la Hongrie

Classé dans: — Brigitte @ 12:03:45

      Soir du 17 mai

          Quand nous quittons Vienne, on aperçoit, sur la rive droite du Danube, une pagode blanche, en forme de cloche : c’est la « Friedenspagode » (pagode de la Paix) :

La propriétaire du restaurant Lindmeier, qui se trouve à côté, était boudhiste. Un jour de 1982, elle reçut la visite de deux moines de l’ordre Michidatsu Fuji, qui avaient, jusque là, construit, partout dans le monde, 70 pagodes de la Paix. Celle qu’ils construisirent ici, répondant au souhait de la propriétaire, fut la première sur le sol européen.

   L’écluse de Feudenau (au km 1921) est l’écluse la plus récente sur le Danube autrichien et l’avant-dernière sur notre trajet pour Budapest. La hauteur du barrage, de 8,5 m, provoque un refoulement des eaux de 28 km, jusqu’au barrage de Greifenstein…

     Hainburg (km 1184, sur la droite) est la dernière ville autrichienne avant la frontière de la Slovaquie. Elle a toujours eu une grande importance stratégique, comme en témoignent les fortifications, encore bien conservées, et le fort sur le Schlossberg (montagne de château). En outre, la route dénommée Bernsteinstrasse passait en ces lieux, qui fut l’une des premières routes les plus importantes d’Europe pour le commerce à longue distance, des Pays baltes à la Méditerranée.

     En 1108, le château entre en possession des ducs d’Autriche. De par sa position stratégique proche de la frontière avec le royaume de Hongrie, la ville de Hainbourg est alors fortifiée. Ces fortifications sont améliorées dans la seconde moitié du XIIe siècle en utilisant une partie de la rançon pour la libération de Richard Cœur de Lion, dont nous avons précédemment évoqué la capture par le duc d’Autriche.

C’est ainsi que Hainbourg possède une des fortifications les mieux conservées d’Europe avec 3 portes, 15 tours et 2,5 km de murs. Une grande partie du matériel de construction a été récupéré dans les ruines de la ville romaine de Carnuntum, proche.

     À la veille du siège de Vienne en 1529, les troupes ottomanes franchirent la frontière du Saint-Empire à Hainbourg et dévastèrent la ville et du château. Le 11 juillet 1683, lors de la deuxième grande guerre contre les Turcs, ceux-ci prirent de nouveau la ville. Les habitants tentèrent, alors, de s’enfuir vers la plaine alluviale, de l’autre côté du Danube, une région exempte de Turcs. Ils se dirigèrent, donc, en masse vers la porte des Pêcheurs. Cependant, celle-ci, qui était, déjà, la plus petite porte des trois portes de la ville, ne pouvait s’ouvrir que de l’intérieur… :-( Du fait de la pression de la cohue, cette ouverture devint impossible, et les Turcs se saisirent des habitants pour les massacrer. Le 12 juin 1683, plus de 8.000 personnes furent tuées dans la ruelle qui fut appelée « Blutgasse » (ruelle de sang).

Huit personnes seulement, sur toute la population de la ville ont pu échapper aux coups des Turcs en se réfugiant dans la cheminée de l’hôtel Wildermann (Homme sauvage). L’une d’elles était Thomas Haydn, le grand-père du célèbre compositeur Joseph Haydn

           Il est temps d’aller dîner (l’appel a sonné). Nous laissons Bratislava, capitale de la Slovaquie, sur la gauche (km 1866). Nous y reviendrons pour la visiter au retour. Elle est située à 60 km de Vienne. Ces deux villes sont, donc, les capitales les plus proches du monde.

                                                                                                  

             18 mai au matin

   Nous sommes, à présent, en Hongrie. Nous montons sur le pont afin d’admirer la traversée de Budapest.

          Budapest est la capitale de la Hongrie, la plus grande ville du pays et la métropole culturelle et économique la plus importante de l’Europe orientale. J’en parlerai plus en détail quand je la visiterai, sur le trajet de retour. Pour l’heure, je me contenterai de décrire ce que je vois et de considérations générales.

Au temps des Celtes, il y avaitdes premières habitations dont on a retrouvé trace, avant même que les Romains y aient installé leur siège administratif Castrum Aquincum dans le quartier de l’actuel arrondissement d’Obuda qui apparaît sur la droite. Ce n’est qu’en 1872 que fut opérée la fusion officielle d’Obuda, de Buda et de Pest.

Aujourd’hui, la ville s’étend sur une surface de 525 km2, avec une population avoisinant les 2 millions d’habitants (la Hongrie en comporte 10 millions, au total). Obuda et Buda occupent environ un tiers de la surface et sont érigées sur la rive droite, dans un paysage valloné ; tandis que Pest s’étend sur la rive gauche du Danube, sur la surface plane. C’est ici le début de la plaine hongroise, la Puszta, qui s’étend loin vers l’Est.

Pest est le centre commercial et le centre d’affaires de la ville, ainsi que le siège des organes politiques les plus importants. On y trouve, également, le premier métro de l’Europe continentale.

     Le Parlement, sur la rive gauche, est un des emblèmes de Budapest. On y conserve les insignes de couronnement, la couronne de Saint-Étienne, l’orbe crucigère, l’épée, ainsi que le manteau de couronnement. Sa construction, commencée en 1884, dura vint ans. Réalisé sous la direction de l’architecte Imre Steindl, il est inspiré par la « House of Parliament » de Londres.

C’est un édifice gigantesque (268 m de longueur sur 118 m de large) et le plus grand bâtiment de la Hongrie. La flèche de la tour s’élève à 96 m. Il a 691 salles, 3.650 fenêtres, 10 cours, 27 portes et 29 escaliers intérieurs. Pour la décoration des salles, on a utilisé 41 kg d’or à 24 carats ! Au temps de la monarchie des Habsbourg, le parlement était composé de deux Chambres, qui se trouvaient dans les deux ailes.

      Matthiaskirche, l’église Matthias, ou Église Notre-Dame de l’Assomption de Budavár.

En haut, sur le « Burgberg » (mont du château), la grande tour qui s’élance vers le ciel est celle de l’église Matthias.

L’ancienne Liebesfauenkirche (Église Notre-Dame) fut construite à la fin du XIIIe siècle, par le roi Bela V. Ce n’est qu’en 1474, après plusieurs constructions, qu’elle reçoit son architecture néogothique et son nom actuels, sous le règne de Matthias Corvin 1er qui agrandit et embellit l’édifice et y célèbre ses noces à deux reprises. Mais, lors de l’occupation turque, au début du XVIe siècle, elle fut transformée en mosquée sous le nom de Suleyman Djami (mosquée de Soliman), les statues des saints ôtées, un mirhab aménagé dans le mur sud, et le sanctuaire reste affecté au culte musulman jusqu’en 1686.

Cette année-là, les armées chrétiennes conduites par le prince Eugène de Savoie reprennent la ville. Après un long siège, une canonnade provoque des fissures dans l’un des murs de l’église, laissant apparaître la statue de la Vierge à l’enfant emmurée plus d’un siècle plus tôt. Cet épisode, considéré par les chrétiens du temps comme le « Miracle de Buda » aurait contribué, selon la légende, à démoraliser les Ottomans.

Après plusieurs péripéties, incendies et reconstructions, l’église sert de cadre, le 8 juin 1867, au couronnement de François-Joseph 1er et de son épouse Élisabeth de Wittelsbach (Sissi) comme roi et reine de Hongrie, sous les accents da la Messe du Couronnement, de Franz Liszt, dirigée par le compositeur en personne. Le 30 décembre 1916 y est célébré le couronnement du dernier roi de Hongrie, Charles IV, et de son épouse, la reine Zita

L’église subira d’autres avanies lors de la Seconde Guerre mondiale et elle est fermée par les autorités communistes. Jean-Paul II y célèbre un office en 1991.

L’église néo-gothique en briques roses, sur le côté Buda du Danube, est l’Église réformée de la place Szilágyi Dezső.

      Die Burg auf dem Burgberg (Le château sur le mont du château)

     Sur la rive droite, toujours, au-dessus du « Pont des chaînes » (ou Pont suspendu), le château de Buda (ou palais royal) trône sur le haut du mont. Construit par le roi Béla IV, au XIIIe siècle, afin de se protéger des Mongols et des Tartares, il était non seulement une forteresse mais une ville tout entière, animée et vivante. Pendant des siècles, il fut la demeure des rois hongrois. Restauré après avoir subi une destruction importante lors de la Seconde Guerre mondiale, il abrite, maintenant des musées importants et des institutions culturelles et est inscrit au patrimoine de l’UNESCO.

     La Statue de la liberté à 14 mètres de haut, est l’oeuvre du sculpteur Zsigmond Kisfaludy Strobi, érigée sur la colline Gellert en 1947 en mémoire de la libération du pays des Nazis.

À côté de la statue de la Liberté, on aperçoit le mur de la citadelle, construite par les Habsbourg en 1851 à la place d’une forteresse turque. Les murs ont, par endroits, une épaisseur de 3 m.

               

     Gellertberg, La colline ou le mont Gellert. C’est un rocher dolmitique qui offre une vue fantastique sur la ville de Pest à 140 m au-dessus du Danube.

Il a été consacré au saint évêque Gellert, un moine bénédictin de Venise que le roi Étienne était allé chercher afin d’apporter à son peuple la foi chrétienne. Après la mort d’Étienne, l’évêque avait tenté sans succès d’empêcher la population de se détourner de la foi. Les païens l’avaient fait mourir en l’enfermant dans un tonneau clouté qu’ils avaient fait rouler du haut de la montagne. Mort en martyr en 1046, l’évêque a été canonisé en 1083.

Au flanc du mont, au-dessus du Pont d’Elisabeth, on lui a dressé une statue (cadeau de l’empereur Guillaume II) : dans sa main droite, l’évêque brandit une croix sur Budapest et les figures à ses pieds symbolisent les païens magyars qu’il a convertis.

     L’ancienne station thermale et l’hôtel Gellert.  Dans tout Budapest, il y a plus de 100 sources d’eau thermale, où l’eau frémit à 78°C. Ces sources étaient fort appréciées des Romains comme des Turcs, qui y avaient construits différents complexes thermaux. Au XIIIe siècle, il s’y trouvait déjà une maison de cure qui usait de l’eau de la montagne. Entre 1900 et 1918, on construisit le Nobelhotel Gellert d’aujourd’hui, de style Art Nouveau. Modernisé en 1983, il a reçu un espace aquatique thremal avec une piscine à vagues et des bains curatifs.

    Fondée en 1782, l’Université de technologie et d’économie de Budapest, abréviation officielle BME, est la plus importante université de technologie de Hongrie. Un magnifique bâtiment, encore.

   Le Pont vert, ou pont de la Liberté (Freiheitsbrücke), très beau pont, qui mène au mont Gellert et relie les villes de Buda et Pest. Baptisé « pont François-Joseph » en 1896 et inauguré à l’occasion du millénaire de la Hongrie, il fait 331 m de long sur 20 m de largeur, tout en acier. Dynamité en 1945, il fut ensuite reconstruit à l’identique en 1946 après la guerre et prit le nom de « pont de la liberté ». Ses 4 piliers sont surmontés d’un « turul », l’oiseau mythique qui aurait guidé Arpad dans sa conquête des Carpates. Oiseau, bien entendu, typiquement hongrois, mais absolument inconnu des zoologistes. Mélange d’aigle et de faucon, il est dans la mythologie hongroise, un messager lumineux de Dieu. Le nom turul est d’origine turque ancienne et est apparenté au turc moderne tuğrul, toğrul « faucon ».

                                                   Université polytechnique et économique de Budapest

Et, pour terminer, une vue nocturne du Parlement et de ses alentours :

Et, cerise sur le gâteau, la vidéo de la traversée de Budapest, que vous pouvez, également, regarder en plein écran ou en “image dans l’image” :-) :

            Nous arrivons bientôt à Solt d’où nous partirons pour visiter la charmante cité de Pécs

17/5/2022

Danube (4) - La Wachau et Vienne

Classé dans: — Brigitte @ 20:07:19

      En cette matinée du 17 mai, après avoir passé trois nouvelles écluses nous traversons le « Nibelungengau » (km 2059 à 2038), la province de Nibelungen, partie de 21 km du Danube entre Ybbs et Melk, dont le nom se rapporte au chant des Nibelungen, car c’est ici que le roi Gunther von Burgund avait réuni sa chevalerie pour une invitation du roi des Huns que Kriemhild avait épousé, après le meurtre de Siegfried, afin de pouvoir se venger de Gunther et de Hagen. Quant au trésor caché des Nibelungen, il est toujours quelque part par ici, Gunther ayant emporté son secret en mourant…

      Passée l’écluse de Melk (km 2036), la Vallée de la Wachau entre Melk et Krems offre de beaux paysages. Elle a conservé intactes de nombreuses traces du passé depuis les temps préhistoriques : monastères, châteaux, ruines, villes et villages agricoles, liés notamment à la culture de la vigne. Elle est inscrite au patrimoine de l’UNESCO.

     Le château de Schönbühel (au km 2032) surplombe le Danube de plus de 40 m. Surnommé le “gardien de Wachau” et autrefois résidence d’été des évêques de Passau, plusieurs fois détruit et reconstruit, il enferme en ses pierres plus de mille ans d’histoire. La construction actuelle a 170 ans et est devenue propriété privée.

     Au niveau de Weissenkirchen, au km 2013, on peut admirer la plus grande région viticole de Wachau. On y produit depuis mille ans un vin délicieux. De fait, ce sont ces terres qui constituent le berceau du Rießling, car c’est ici que coule le ruisseau nommé « Ritzling » d’où dérive ce nom. On n’a apporté le cépage Rießling sur le Rhin que beaucoup plus tard. Et c’est l’église fortifiée de couleur blanche — qui contrastait avec la traditionnelle église en bois de couleur sombre — qui a donné son nom à la ville.

     Dürnstein, petite cité autrichienne du district de Krems en Basse-Autriche s’étire une assise de rochers dominant le Danube, dans l’un des sites les plus frappants de la Wachau. Elle est bien connue pour son château médiéval où le roi Richard Cœur de Lion, au retour de la troisième croisade, fut maintenu prisonnier par le duc Léopold V d’Autriche, en réponse à une querelle de préséance à Acre, avant d’être livré à l’empereur Henri VI.

Selon la légende, lors du siège de Saint-Jean-d’Acre en 1191, la tunique blanche de Léopold, qui commandait, alors, les croisés allemands, se retrouva couverte de sang ennemi. Lorsqu’il retira sa ceinture, une bande blanche apparut au milieu de la tache écarlate, ce qui serait à l’origine du drapeau de l’Autriche. Ces couleurs ont été adoptées en 1230 par Frédéric II.

     Après l’écluse d’Altenwörth (km 1980, 16 m de dénivelée), siège de la centrale hydroélectrique la plus puissante du Danube et de l’Autriche, nous passons devant Zwentendorf (km 1976), où s’élève l’unique centrale nucléaire construite en Autriche. Cependant, cette centrale n’a jamais fonctionné, en raison d’un referendum (novembre 1978) qui a refusé sa mise en service. Elle restera, donc, la ruine la plus chère d’Autriche ! ;-)

     Une autre écluse (Greifenstein, 10 m) et nous faisons escale à Vienne, capitale de l’Autriche (km 1931). Nous descendons après le déjeuner pour visiter le centre-ville. Nous avons jusqu’à 17h 45 avant le départ pour Solt.

                   Vienne

     Sortis du bateau, nous prenons le tram pour rejoindre le centre ville. Cet arrondissement est la vitrine dela capitale autrichienne. Centre touristique, commerçant, on y découvre ses élégantes boutiques, ses rues étroites, ses trésors patrimoniaux (le complexede la Hofburg, la cathédrale Saint-Étienne), ses cafés qui font la réputation de la ville, ses restaurants ainsi que l’élégante avenue qui l’encercle, le Ring. L’ Innere Stadt est le véritable coeur de la ville, de jour notamment, quand tout le monde se presse dans les boutiques du Graben ou de la Kärntner Strasse. On s’y rend aussi pour l’Opéra et les innombrables musées.

Nous parcourons les rues animées et visitons la cathédrale Saint-Étienne (StephansDom). Elle symbolise Vienne et magnifie la place Saint-Étienne, site «le plus sacré du monde» selon l’architecte de la sobriété, d’origine tchèque, Adolph Loos (1870-1933), qui signa de nombreuses villas à Vienne. Les Viennois surnomment cette somptueuse cathédrale « Steff’l » et, croyants ou non, lui vouent une grande tendresse. Malgré les nombreux remaniements qu’il connut, cet édifice demeure l’un des exemples les plus représentatifs du gothique classique et flamboyant en Autriche. Ses façades de grès, extrêmement sensibles à la pollution, nécessitent un entretien régulier, d’un coût annuel de plus de 23 millions d’euros. C’est grâce à la mobilisation de tous les Viennois, à la participation du ministère de la Culture et à d’habiles campagnes publicitaires, que le grand porche des Géants a notamment pu être restauré :

                                           

                                 

                                        

                                        

                              

                  

          L’impressionnant complexe de la Hofburg

     C’est le plus grand palais de la ville, édifié par étapes successives depuis le XIIIe siècle. Ce fut la résidence de la plupart des dirigeants de l’Autriche, notamment de la dynastie des Habsbourg (pendant plus de 600 ans), et des empereurs d’Autriche et d’Autriche-Hongrie. Depuis 1946, c’est la résidence officielle du président fédéral de la république d’Autriche.

     Le noyau primitif, construit sous le règne des Babenberg vers 1220, comprenait un quadrilatère hérissé de tours autour de la cour nommée plus tard Schweizerhof. Les apports successifs des souverains soucieux d’agrandir et d’embellir leur résidence expliquent la juxtaposition de styles très différents. La Hofburg était la résidence d’hiver de la famille impériale, alors que le lieu de villégiature estivale préférée de la famille était le château de Schönbrunn.

                    

                                                              Fontaine du Pouvoir de la Mer (1893), du sculpteur autrichien Rudolf Weyr

                                           Cour intérieure In der Burg, de la Hofburg et monument du Kaiser Franz

Nous passons devant la célèbre école d’équitation espagnole :

          Pour nous rendre au célèbre Hôtel Sacher afin de goûter à sa non moins célèbre Sachertorte, un gâteau au chocolat confectionné par Franz Sacher en 1832 pour le prince de Metternich, qui exigeait un dessert particulier pour ses invités de haut rang. Franz Sacher était alors un jeune apprenti de 16 ans, qui remplaçait pour l’occasion son chef-pâtissier, alité. Plus tard, Sacher ouvrit sa propre pâtisserie à Vienne. De nos jours, cette pâtisserie est la spécialité de l‘hôtel Sacher de Vienne.

Elle est exportée depuis Vienne dans le monde entier, et on la retrouve mentionnée dans nombre d’œuvres littéraires, d’auteurs viennois ou non, comme “La Pitié dangereuse”, de Stefan Zweig, ou “Le meurtre du Commandeur” de Haruki Murakami….

     

     Avant re retourner au bateau, nous allons visiter, également, le Café Central, qui était, à la fin du XIXe siècle, l’un des hauts lieux de la scène intellectuelle viennoise. On y pouvait rencontrer nombre d’habitués, comme Paul Altenberg, Theodor Herzl, Alfred Adler, Hugo von Hofmannstahl, voire Sigmund Freud, Léon Trotski et Joseph Staline…

                                               

                       

           Nous rejoignons notre navire pour partir vers la Hongrie (Solt et Pécs)

16/5/2022

Danube (3) - de Passau à Linz

Classé dans: — Brigitte @ 22:08:41

      Notre navire part pour sa croisière. Après le prochain pont (Kräutelsteinerbrücke), un ancien pont de chemin de fer désaffecté, peu après Passau, au km 2223, la rive gauche du Danube fait toujours partie de la Bavière, tandis que la rive droite appartient, désormais, à l’Autriche. Ce n’est qu’après l’écluse de Jochenstein, 20 km plus loin, que nous aurons l’Autriche sur les deux rives du fleuve. La ligne jaune sur la photo marque la frontière de l’Allemagne.

      L’écluse de Jochenstein.

     C’est la première écluse que nous rencontrerons, au km 2203. En prolongement d’une centrale hydro-électrique construite en coopération par l’Allemagne et l’Autriche en 1953-56. Le moment est assez spectaculaire : notre bateau, enfermé entre deux murs, va descendre de 10,20 m…

Le nom de cette écluse provient de l’île rocailleuse qui s’élève au milieu du fleuve.

               La nymphe de Jochenstein

     Le rocher légendaire de Jochenstein émerge du Danube, après l’écluse, à la hauteur de la frontière austro- allemande. Selon la légende, au pied du rocher se trouve un palais magnifique dans lequel règne la nymphe Isa, sœur danubienne de la Lorelei rhénane. Les nuits de pleine lune, lorsque la brume s’étend sur les eaux, cette ondine sort du fleuve pour protéger et guider les bateaux. Mais malheur à ceux qui se laisseraient séduire par son chant ou tenteraient de la rejoindre : ils se retrouveraient à jamais emprisonnés en son palais ! Giacomo Meyerbeer en fit l’argument de son opéra “La nymphe du Danube” dont il ne reste malheureusement que des fragments.

     Sur le rocher, à l’extrémité de l’île, a été édifiée une statue de style baroque de Saint Jean Népomucène, protecteur des bateliers, qui aurait chassé la nymphe Isa de ces lieux, objet, dès le début de l’ère chrétienne, de pratiques rituelles, notamment aux solstices d’été et d’hiver.

     La Schlögener Schlinge :

     Un peu plus loin, au km 2187, à mi-chemin entre Passau et Linz, le cours du Danube va subir, sur 5 km, deux changements de direction à 180° : un premier virage de 180° du sud-est au nord-ouest, suivi d’un autre virage à 180°, vers la droite, cette fois, avec un plus grand rayon de courbure, avant de poursuivre son chemin vers l’Est. C’est le plus grand méandre forcé d’Europe. Cette section était autrefois considérée comme l’une des plus dangereuses pour la navigation.

              Maintenant, il va nous falloir aller dîner et dormir. Demain, nous serons à Vienne.

Danube (2) - Passau, Bavière

Classé dans: — Brigitte @ 20:18:03

               Arrivés à Passau, en fin d’après-midi, après avoir déposé nos bagages à l’hôtel et déposé au parking la voiture qui nous a permis d’arriver jusque là, nous nous livrons à une promenade dans les rues et ruelles vivantes et colorées.

Passau se trouve sur le Danube au kilomètre 2228 — contrairement aux autres fleuves, on comptabilise les km du Danube depuis l’embouchure jusqu’à la source (2852). Notre navire devra, donc, parcourir, en aller-retour, au cours de ces quinze jours, une distance de 4460 km.

Située au confluent du Danube (Donau), de l’Inn et de l’Ilz, Passau, à présent petite ville universitaire de 50.000 habitants (dont 10.000 étudiants) est surnommée pour cette raison Dreiflüssestadt, c’est-à-dire « la ville aux trois rivières ».

Cette photographie montre bien le confluent, avec, à gauche, l’Ilz, qui prend sa source dans la forêt bavaroise et coule à travers les forêts et les sols marécageux, qui seront à l’origine de son eau noire et lui vaudront son surnom de « perle noire ». Sur le côté droit, l’eau de glacier (« Gletcherwasser ») de l’ Inn, d’une couleur à dominante verte ; il prend sa source à 2500 m d’altitude depuis un lac de montagne des Hautes-Alpes suisses et parcourt plus de 500 km. Enfin le Danube au centre. On distingue, par les couleurs, le mélange des eaux.

            Une colonie celtique occupait autrefois la colline, et la ville fut le siège d’un oppidum romain (Bojodurum) avant de devenir un siège épiscopal vers 739, puis une principauté épiscopale indépendante en 1217. L’influence des princes-évêques de Passau est alors comparable à celle des archevêques de Salzbourg : ils dirigent un gigantesque diocèse qui englobe, jusqu’au xve siècle, toute la vallée autrichienne du Danube, y compris Vienne !

La ville s’épanouit grâce au commerce du sel en provenance de Salzburg. À l’époque de la Renaissance, elle est l’un des plus importants centres de forge de lames d’épée d’Allemagne. L’année 1803 voit la fin de la principauté indépendante quand Passau devient la propriété de l’électorat, puis du royaume de Bavière.

           Notre promenade nocturne nous conduit à travers les rues, ruelles et places de la ville, et notamment la place de la cathédrale Saint-Étienne, baroque, tout éclairée, qui semble dominer la cité entière.

                            

            Le lendemain, nous nous rendrons à la citadelle « Veste Oberhaus », ce qui nous permettra d’admirer, outre les lieux fort intéressants, un panorama unique sur la cité :

Cette citadelle, ancien château fort des princes-évêques de Passau, est un édifice datant de 1219. Son architecture est marquée par trois grandes époques artistiques : gothique, renaissance, baroque. Il renferme, actuellement, un musée de l’histoire de Passau depuis le commerce de sel médiéval jusqu’à la production de porcelaine.

              La vue sur la ville, depuis la citadelle, est spectaculaire :

                      Vous pouvez ouvrir la photographie en plus grande taille, voire en plein écran, dans une autre fenêtre en cliquant sur l’image

En bas, sur la gauche, le pont Luitpold (Luitpoldbrücke), appelé aussi familièrement “pont suspendu", qui remplace, depuis 1910, l’ancien pont piétonnier, le Kettensteg qui, depuis 1869, était le plus ancien pont d’Allemagne traversant le Danube.

On voit, aussi, entre autres, le Rathaus, la cathédrale, avec ses coupoles vertes, et l’église Saint-Paul, de couleur rose, qui a conservé son style baroque

          Avant de nous rendre à la citadelle, nous passons par le Rathaus (hôtel de ville), bâtiment au toit rouge de style gothique tardif, avec sa tour ; il a été érigé à l’endroit de l’ancien marché aux poissons :

          Puis, cheminant par les ruelles, nous allons visiter la cathédrale.

         Impressionnante, dans un mélange harmonieux de deux styles architecturaux différents, gothique et baroque, cette construction gigantesque forme un tout cohérent et bien équilibré qui place la cathédrale de Passau dans une position spéciale parmi toutes les cathédrales de l’espace culturel allemand (”une cathédrale baroque avec une âme gothique“). L’architecte Carlo Lurago a créé une église totalement baroque malgré les arrangements gothiques (une hauteur maximale de 29 mètres/95 pieds avec une nef centrale dont la largeur atteint seulement 12 mètres/39,4 pieds).

                                      

                                                      

De nombreuses églises se sont succédé, depuis 730, à l’emplacement de l’actuelle cathédrale. Construction baroque d’environ 100 m de long, elle apparaît dominer la ville avec ses coupoles vertes. Elle fut édifiée entre 1668 et 1693 après qu’un incendie eut détruit la précédente en 1662, dont il ne reste que le versant oriental d’architecture gothique.

                                                   

La cathédrale de Passau accueille, enfin, un orgue qui a longtemps été le plus grand orgue d’église au monde (et reste, en dehors des États-Unis, le plus grand orgue, religieux ou non). L’orgue actuel comprend 17 774 tuyaux et 233 registres, qui peuvent tous être actionnés depuis la console générale à cinq claviers, située dans la galerie.

La chaire :

                                                   

C’est l’« église mère » de la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. Elle symbolisait la puissance de l’évêque, élevé au rang de prince dans le Saint-Empire romain germanique.

                   Nous avons assisté à un concert d’orgue, qui se donnait dans la cathédrale.

Avant de reprendre nos bagages pour rejoindre le lieu d’embarquement, encore une petite promenade dans ces rues si accueillantes…

                                      

Et nous montons sur le bateau pour y trouver notre cabine…

15/5/2022

Grande croisière sur le Danube - mai 2022

Classé dans: — Brigitte @ 15:24:31

                   Du 15 au 30 mai 2022, j’ai eu le plaisir de vivre une croisière au fil du Danube, depuis l’Allemagne jusqu’à son delta, où il se jette dans la mer Noire. C’est ce beau voyage que je vais conter à présent.

           Le Danube est le fleuve le plus long d’Europe après la Volga (dont le cours se fait tout entier en Russie). Il prend sa source dans la Forêt-Noire en Allemagne lorsque deux cours d’eau, la Brigach et la Breg (dont la source jaillit à 1078 m d’altitude), se rencontrent à où le fleuve prend le nom de Danube. La source « traditionnelle » que l’on trouve dans les jardins du château princier des Fürstenberg est en fait une résurgence de la Brigach qui fut canalisée en 1876. Un dicton allemand énonce : « Brigach und Breg bringen die Donau zu Weg » (littéralement : “Brigach et Breg amènent le Danube sur le chemin").

           Il s’écoule, ensuite, d’ouest en est sur 2852 km, si l’on prend comme point de départ Donaueschingen, mais 3019 km si l’on prend en compte la source de la Breg. Serpentant au sein des pays d’Europe centrale et orientale, il marque pour nombre d’entre eux une frontière géographique et administrative et baigne plusieurs de leurs capitales : Vienne, Bratislava, Budapest et Belgrade. Quant à son delta qui s’ouvre sur la mer Noire, partagé entre la Roumanie et l’Ukraine, il est protégé par une réserve de biosphère et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

           Ce fleuve, qui parcourt dix pays et traverse les plus grands massifs montagneux du continent européen (Alpes, Carpates, Balkan), a toujours servi de voie de communication tout en restant un milieu naturel rare. Il alterne entre paysages bucoliques, gorges escarpées et plaines boisées. Des forêts alluviales, sans doute parmi les dernières en Europe, sont toujours noyées par ses eaux et son delta est un refuge unique pour une faune peuplée essentiellement d’oiseaux.

Relié par des canaux à l’Oder et au Rhin, il permet de joindre la mer du Nord à la mer Noire. Ce grand fleuve a toujours fait office de passeur entre l’Orient et l’Occident. Danube, Donau, Duna, Dunaj, Dunav ou Dunărea, il change de nom au fur et à mesure de son passage par les différents pays.

                                     

             (Vous pouvez cliquer sur l’image pour l’afficher en grande taille et zoomer)

                                   Le voyage :

            Nous embarquons à Passau, en Allemagne, “ville aux trois rivières“, qui doit son surnom à la rencontre en ces lieux du Danube, de lʼInn et de lʼIlz. C’est là qu’il prend l’allure du grand fleuve qu’il ne quittera plus, jusqu’à son embouchure.

            Notre itinéraire sera le suivant (voir la carte) :

   Passau (Allemagne)  Vienne (Autriche)  Solt et Pécs (Hongrie)  Mohács (Hongrie)  Belgrade (Serbie)  Les Portes de fer Roussé (Bulgarie)  Delta du Danube (Roumanie, à la frontière ukrainienne)

    Puis retour vers Oltenita et excursion à l’intérieur à Bucarest (Roumanie)  Les Portes de fer , de nouveau  Novi Sad (Serbie)  Osijek (Croatie), puis navigation à travers la puszta hongroise aux horizons infinis  Budapest (Hongrie)  Bratislava (Slovaquie)  Ybbs (Autriche)  et, enfin, retour à Passau (Allemagne.

              —> On peut suivre le trajet du bateau et les différentes escales en regardant l’animation suivante en plein écran (cliquer ici) :

                          Mais, avant d’embarquer, nous visiterons la belle ville de Passau, cité des trois rivières, où nous passerons la nuit.

                                                                                                                                                  

Réalisé avec WordPress