Danube (8) — Belgrade (Serbie) 2.
Nous quittons ce beau Musée National et, repassant par la Place de la République, nous prenons des rues animées et d’agréables jardins qui respirent le calme :
Comme nous nous dirigeons vers le parc Kalemegdan, où se trouve la forteresse, nous trouvons, près de l’entrée, le « monument de reconnaissance à la France »
Érigé en 1930 par le sculpteur Ivan Meštrović dans un style Art déco, il se veut un hommage du peuple serbe à la France pour l’aide qu’elle lui a apportée pendant la Première Guerre mondiale. C’est en effet l’armée d’Orient qui a récupéré l’armée serbe en 1915 pour la remettre sur pied et, à partir du front de Salonique, exécuter, à l’automne 1918, une progression victorieuse à travers la Serbie. C’est cet esprit de sacrifice et les liens très forts qui se sont noués à cette occasion entre Serbes et Français que Meštrović a voulu honorer. Sous plusieurs bas-reliefs de soldats français, il est écrit : « Nous aimons la France comme elle nous a aimés. »
Nous arrivons à la forteresse.
Vestiges du mur romain de Singidunum
En raison de son importance, elle figure sur la liste des « monuments culturels d’importance exceptionnelle » de la République de Serbie1 et sur la liste des biens culturels de la Ville de Belgrade. L’actuelle ville de Belgrade s’est développée autour de la forteresse ; construite au début du 1er siècle avec des murs en terre, elle est devenue un castrum romain au IIe siècle, pui un château byzantin de vie au XIIe siècle. Capitale fortifiée du Despotat de Serbie du XIIIe au XVe siècle et fut occupée par les Autrichiens aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle constitue aujourd’hui un des hauts lieux culturels et historiques du parc de Kalemegdan et, plus généralement, de la capitale serbe.
La forteresse changea souvent de maîtres, conquise tour à tour par les Hongrois, les Bulgares et les Byzantins. Elle fit ainsi partie des terres de l’empereur Samuel Ier de Bulgarie et de ses successeurs jusqu’en 1018 puis redevint byzantine avant de passer aux mains des Hongrois, qui la conservèrent jusqu’au XIIe siècle. En 1127, le roi Béla la forteresse est offerte en cadeau à Béla II, pour son mariage avec la princesse serbe Jelena, ou Ilona (ou Hélène de Rascie), la fille de Stefan Uroš Ier. Béla II et son père Almos avaient eu les yeux crevés en 1115 pour s’être rebellés contre le roi Coloman (frère d’Almos). Mais, quand Béla II, aveugle, fut couronné roi de Hongrie après qu’Étienne II, succédant à Coloman, fut décédé sans postérité, Hélène prit les rênes du pouvoir et l’un de ses premiers actes fut de faire condamner et exécuter sous ses yeux les 68 seigneurs hongrois qu’elle accusait d’être responsables du châtiment de son mari ! Et, après la mort, dix ans après, de ce dernier, elle continua à régner sur la Hongrie. Cette jeune reine ne plaisantait guère avec les principes. Belgrade resta principalement une terre hongroise, sauf entre 1282 et 1319.
Puis la citadelle fut assiégée par les Turcs, trois fois, avant d’être emportée en 1521 par Soliman le Magnifique. Les Autrichiens s’en emparèrent en 1688 mais elle fut reprise par les Turcs deux ans plus tard. Et ce fut un aller-retour incessant jusqu’au jour où la Principauté de Serbie devint complètement indépendante de la Sublime Porte en 1868 et, à cette occasion, le prince Michel Obrenović reçut symboliquement des Turcs les clés de la forteresse….
Depuis la citadelle, on peut admirer un panorama magnifique sur la ville et le confluent du Danube et de la Save. (Vous pouvez obtenir les images en plein écran agrandissables d’un clic dans une autre fenêtre en cliquant sur les photos)
Pobednik (en serbe cyrillique : Победник), en français Le Vainqueur, a été érigé en 1928 dans la Haute ville de la forteresse de Belgrade à l’occasion de la célébration du dixième anniversaire de la percée du front de Thessalonique.
Le monument est constitué d’une figure d’homme portant un aigle dans la main gauche et l’épée abaissée dans celle de droite. Œuvre du sculpteur Ivan Meštrović, sur un socle en forme de colonne dorique creusée de cannelures sur une haute base cubique, de l’architecte Petar Bajalovic1. L’aigle représente l’accueil chaleureux d’un peuple qui accepte les étrangers, mais l’épée signifie que quand même les Hongrois sont accueillants, ils savent se venger de la trahison, et n’ont pas vocation à se laisser écraser…
Un peu plus loin, au-dessus de l’église Ružica, des ouvriers turcs œuvrent à la restauration des fortifications de la citadelle… Ironie de l’histoire…
En descendant, nous découvrons, dans la partie basse, l’église Ružica ("rose", en serbo-croate), qui est l’église la plus ancienne de la ville, et qui a subi de nombreuses vicissitudes au cours de son histoire. Transformée en mosquée en 1521, l’église fut tour à tour en possession des Turcs, des Hongrois, des Autrichiens… Au XVIIIe siècle, le bâtiment servait de poudrière. Et en 1867, après le prince Obrenovic eut reçu les clés de la forteresse de Belgrade, le bâtiment fut rénové et consacré à nouveau - cette fois en tant qu’église de garnison. C’est alors qu’elle reçut le nom de Ruzica. Mais ses malheurs ont recommencé lors de la Première Guerre mondiale, où elle fut pratiquement détruite. Reconstruite ensuite par les artisans de Kragujevac qui lui ont fabriqué trois lustres uniques composés de sabres, de baïonnettes, de douilles, d’obus d’artillerie, de pièces de fusils et de pièces d’armes légères en souvenir de la Grande Guerre.
Devant l’entrée de l’église, deux sculptures ont été installées - le roi serbe Stefan Dušan en armure de l’époque de la bataille du Kosovo et un fantassin des guerres des Balkans qui ont précédé la Première Guerre mondiale.
Une vue d’ensemble de la citadelle, depuis le bas de la ville pendant que nous rejoignons le navire, avant le repas du soir, pour ressortir plus tard, pour le spectacle vespéral.
À 20 heures, nous avons un spectacle folklorique où nous pouvons assister à un florilège de danses serbes, certaines ayant des accents typiquement orientaux.
Ci-dessous une vidéo montrant des extraits de ce spectacle que vous pouvez, également, regarder en plein écran ou en “image dans l’image :
Il est temps de rentrer, le bateau va bientôt continuer son voyage sur le Danube. Nous quittons cette belle ville, toujours animée, dans la nuit.
Demain, il fera jour… Et nous passerons les célèbres Portes de fer… Brrrrr !…
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