23/5/2022

Danube (12) — Bucarest

Classé dans: — Brigitte @ 20:05:29

Aujourd’hui, 23 mai, notre navire fait escale à Oltenita, en Roumanie à 10 h 30. Il repartira une heure après pour continuer vers Giurgiu. Mais nous ne restons pas à bord et partons en excursion afin de visiter la ville de Bucarest. Ce qui va durer environ 5 heures et demie. Nous rejoindrons le navire à Giurgiu, et il repartira, du reste, aussitôt que tous les passagers de l’excursion seront à bord.

          Si Bucarest est la capitale de Roumanie depuis 1861, la cité fut fondée dès le IVe siècle par Mircea l’Ancien, prince de Valachie. Au XVe siècle, Vlad Țepeș (le voïvode qui inspira le personnage de Dracula) y fit construire une cour royale, dont on peut encore admirer les ruines aujourd’hui.

Bucarest devient un centre commercial important au XVIIe siècle. Occupée tour à tour par les Ottomans, les Autrichiens et les Russes, elle acquiert son statut de capitale et se développe considérablement au XIXe et au XXe siècle. Son architecture offre au regard une traversée intéressante des époques qui ont marqué la ville ; l’on peut même voir quelques édifices médiévaux dans la rue Lipscani, la plus ancienne rue de Bucarest.

Certes, elle apparaît, de prime abord, quelque peu chaotique, sans homogénéité architecturale, du fait des mélanges et de sa transformation par la mégalomanie d’un homme et la pauvreté se fait sentir en bien des endroits, de même que la publicité sauvage qui est, hélas le lot de nombreuses cités des anciens pays de l’Est… Mais une grande partie du centre historique a miraculeusement échappé à de la folie destructrice de Nicolae Ceauşescu, et il est agréable de flâner dans ses rues piétonnières et animées, et de s’attarder aux terrasses des cafés qui mordent sur les trottoirs.

          De fait, la première visite sera pour cet immense bâtiment qu’est le Palais du Parlement ou Maison du Peuple. Symbole controversé de la dictature, le palais du Parlement, initialement appelé la Maison du peuple, a été construit dans les années 1980 après la démolition d’un vaste quartier de maisons anciennes particulièrement pittoresques et d’édifices historiques d’une valeur inestimable, gratte-ciel stalinien, qui abrite le Parlement roumain composé de la Chambre des députés et du Sénat. Avec sa surface intérieure de 350 000 m2 habitables (!!!), il est l’un des plus grands bâtiments d’Europe avec le marché aux fleurs d’Aalsmeer (Pays-Bas) et le complexe de bureaux « Cœur Défense » (France). Enfin, il est le plus grand bâtiment en pierre et le deuxième plus grand bâtiment administratif au monde après le Pentagone !

Le leader communiste, qui le considérait comme son logis personnel, souhaitait, alors, regrouper dans un seul bâtiment, ses propres logements de fonction, ceux des ministres et les quatre plus grandes institutions du pays : la présidence de la République, la Grande Assemblée nationale, le Conseil des ministres, et le Tribunal suprême (« Tribunalul Suprem  »). Des bâtiments résidentiels situés devant le palais, vers l’est, sur la place de la Constitution et le long du boulevard de l’Union, complètent l’ensemble avec pour vocation de loger les hauts fonctionnaires du régime.

Une vue panoramique du Palais et de ses alentours donne la mesure de cette construction :

Et, en face, vue du Palais :

Une avenue aux jets d’eau rachitiques, le Bulevardul Unirii (Boulevard de l’Union) complète l’ensemble…

          Nous poursuivons notre visite de la ville et passons devant l’Arc de Triomphe, sur le Boulevard de la Reine Elisabeth :

En 1878, un mois après l’accession du pays à l’indépendance, un premier arc de triomphe en bois est érigé rapidement afin d’y faire défiler les troupes victorieuses. Après la Première Guerre mondiale, un autre arc provisoire lui succède sur le même emplacement en 1922. Mais, détruit en 1935, il est remplacé par l’arc de triomphe actuel, de 27 m, inauguré en septembre 1936. Il est orné de sculptures réalisées par des artistes célèbres.

          Puis devant la l’Université de Bucarest.

Situé en face du musée national d’Art, ce superbe bâtiment de 1895 est l’œuvre de l’architecte français Paul Gottereau. Construit par le roi Carol Ier, il accueille la bibliothèque centrale universitaire, la plus vieille de la ville. Gravement endommagé pendant la révolution de 1989, l’édifice, formé de trois corps, a été rénové. En 2010, on installa une statue équestre de Carol Ier devant le palais de la fondation, qui constitue le corps d’origine.

Ici, nous croisons des étudiants qui viennent de recevoir leur diplôme :

          Le Palais CEC (une banque). Il héberge, en effet, l’activité de la CEC Bank, mais, à partir de 2005, on y trouve, également, un Musée CEC.

Présenté comme l’un des symboles de l’influence française sur l’architecture roumaine du début du XXe siècle, le Palais CEC est l’un des bâtiments les plus remarquables de Bucarest. C’est sur les ruines de l’église “Sfântul Ioan cel Mare", dans l’Avenue de la Victoire, qu’a été construit le premier Palais CEC, d’après les plans de l’ingénieur français Jean Alfred Gottereau. La nouvelle institution reçoit le nom de CEC — Caisse des dépôts et des envois.

Cependant, ce n’est que le 8 juin 1897, que la première pierre du palais que nous connaissons aujourd’hui, est posée, en présence du roi Carol Ier et de la reine Elizabeth. Ce palais semble devenir une affaire de famille, construit qu’il est d’après les plans du fils de Jean Alfred Gottereau, l’architecte français Paul Gottereau. Ce dernier s’était fait connaître pour son implication dans la construction du Palais Royal et de la Bibliothèque Centrale Universitaire Carol I, mais aussi pour avoir réalisé les plans du Palais Cotroceni.

Le bâtiment est édifié dans un style éclectique, qui rappelle les formes du Petit Palais de Paris érigé pour l’Exposition universelle de 1900. Sa haute entrée en arc est symétriquement soutenue par des colonnes en ordre composite ; les petites coupoles inspirées par la Renaissance, couvrent les quatre sections de coin de l’édifice. Elles sont couronnées par un véritable dôme en verre et en acier, qui abrite le couloir central de l’institution.

          Nous avançons, à présent, dans le quartier de Lipscani, dans le centre historique de la cité, dans un dédale de rues piétonnes riche en librairies et vieilles échoppes. À l’époque communiste, l’endroit était devenu dangereux, partiellement détruit, les maisons art déco abandonnées, saccagées. Longtemps mal famé, il n’était plus fréquenté, car devenu le terrain des chiens errants et des enfants en guenilles. Une extrême pauvreté y régnait…

Aujourd’hui, le quartier renaît, les vieux immeubles ont été réhabilités… On y rencontre une multitude de bars branchés, de galeries d’art et de jeunes créateurs. Le niveau de vie moyen s’est considérablement amélioré.

Et nous arrivons devant une merveille : le monastère Stavropoleos. En fait, comme la plaque apposée l’indique : Église des saints archanges Michel et Gabriel, du saint martyr Justin le Philosophe, et du saint hiérarque Athanase le Grand… Excusez du peu !

C’est le petit joyau du centre historique. Édifié, en 1724, dans le style brâncovenesc, c’est un superbe exemple parmi les nombreux édifices apparus durant le siècle des Phanariotes, ces gouverneurs imposés par les Turcs. La façade est richement décorée de colonnes sculptées, de médaillons et de multiples motifs végétaux. L’intérieur est également remarquable, recouvert de fresques et doté d’une belle iconostase en bois sculpté. La modeste taille de l’édifice, la pénombre qui y règne, le jeu des lumières sur les icônes lui confèrent une atmosphère très particulière.

Derrière l’église, une très belle cour ensoleillée et fleurie est entourée sur trois côtés par des arcades. Une série de pierres tombales, certaines datant des années 1700. On peut y voir aller et venir des religieuses, depuis la bibliothèque de l’église qui abrite une collection de 8 000 livres sur l’art, l’histoire et la musique byzantins.

Dans ce même quartier, nous passons devant le Palais de la Banque Nationale de Roumanie, construit en 1830 par deux architectes français :

et le Palatul Pinacotecii (Palais de la pinacothèque), ancien Palais Dacia :

Des plaques d’égout diverses, dont certaines avec l’euro : € :

          Nous avions, évidemment, emporté un en-cas, pour le déjeuner ; nous faisons une halte reposante dans un charmant café pour prendre une boisson et échanger nos sentiments, sur cette visite. Les lavabos des toilettes sont assez pittoresques…  

          Il est temps de retourner au bateau qui nous attendra, donc, à Giurgiu. Nous quittons la ville en passant devant quelques immeubles de type soviétique aux façades colorées :

          Et puis, nous admirerons, sur le pont, le coucher de soleil sur le Danube…

Demain, pas de visite de ville, puisque nous remontons vers les Portes de Fer. Demain, aussi, nous gagnerons une heure de sommeil, puisque nous reculerons, cette fois, nos montres d’une heure, en revenant de l’heure de l’Europe de l’Est à celle du Centre.

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