11/8/2008

Voyage en Inde — Reflets, rêverie… et Conclusion

Classé dans: — Brigitte @ 18:57:22

                      J’avais, il fut un temps, lors de mon voyage autour du monde, montré quelques photographies où la rouille s’essayait à peindre des tableaux abstraits sur les cheminées et parois du navire. Cette fois-ci, ce sont des reflets dans ces eaux indiennes qui m’ont séduite. En voici quelques échantillons, sur lesquels, sans plus de commentaires, nous laisserons, si vous le voulez bien, voguer nos pensées avec les souvenirs de ce beau voyage…   ;-)

                          Reflets 3

                          reflets 4

                          reflets 2

                          reflets 7

                          reflets 6

                          reflets 5                           

                 Et, ma conclusion,  je vais l’emprunter à  Jacques Lacarrière  qui a exprimé, comme jamais je ne pourrais le faire, ces idées auxquelles j’adhère :

Voyager n’est pas seulement se déplacer

Source jadis de rapt et de profit, l’ailleurs devient source de connaissance avant de muer, de nos jours, en source d’évasion et d’émotion. Ni Cook ni Magellan n’ont entrepris le tour du monde dans le seul but de s’extasier ou de s’épouvanter mais, avant tout, pour découvrir, connaître, comprendre et relater, ce qui constitue les quatre points cardinaux du voyage. Dans un monde où tous les pays semblent à notre portée, l’essentiel demeure : voyager n’est pas seulement se déplacer. Inutile de courir vers le mirage polynésien si c’est pour y passer des heures à se mirer dans un lagon. Voyager, c’est rencontrer l’autre, pour le meilleur ou pour le pire, le connaître ou le reconnaître. C’est abolir l’inconnu, dans tous les sens du terme. Et, comme le dit si bien le poète libanais Georges Schehadé, aller de par le monde afin d’y « rencontrer la poussière savoureuse des hommes ». En somme, voyager c’est n’être jamais seul.
Jacques Lacarrière,  Le Monde de l’éducation, août 2007.

                     À bientôt, mes amis ;-)                       Bizzàtous !    Brigitte

10/8/2008

DELHI

Classé dans: — Brigitte @ 18:39:50

DELHI

                           carte Inde

Capitale de l’Inde, avec ses 13 millions d’habitants, Delhi est la ville de commerce et de gouvernement. Elle comprend deux mondes dissemblables : l’ancien (Old) et le nouveau (New) Delhi. New Delhi  est construite autour de larges artères où s’élèvent des hôtels de luxe autour de la fameuse Connaught PlaceOld Delhi  est la vieille ville, foisonnante et agitée où l’on se fraye difficilement un chemin dans une foule bruyante et agitée où vaches sacrées, petits commerces et multiples temples se côtoient allègrement.

                            Crêpe à Delhi
                                               Une petite crêpe au passage ?

Je ne suis restée que quelques jours à Delhi et n’ai donc visité ou revu que quelques sites. Je me suis notamment attardée, à New Delhi, au Crafts Museum. Très intéressant, ce musée est le Conservatoire des arts traditionnels indiens où l’on peut découvrir, diverses collections de bijoux, textiles, peintures, objets de culte, papier mâché… Dans les jardins, les demeures traditionnelles rappellent les diverses architectures du pays.

         Crafts Museum Delhi
                                        Delhi — Crafts Museum

                   À Old Delhi, j’ai dû faire aussi un choix. J’ai revu avec plaisir le Fort Rouge, une énorme forteresse construite en pierre rouge en 1640 par l’empereur Shah Jahan. Ce fort s’étend sur 2 km. Au coucher du soleil, les pierres du Fort ruissellent d’or. Le Red Fort reste un témoin de l’apogée de la puissance moghole, avec ses bâtiments intérieurs et extérieurs, ses jardins où il fait bon flâner…

                           Delhi Red Fort

                           Red Fort Delhi 2

  Islam (100 millions de personnes)

À côté du Fort Rouge, la belle mosquée Jama Masjid (1644). Cette mosquée, où des bandes verticales de grès rouge alternent avec le marbre blanc. La cour peut contenir jusqu’à 25 000 personnes.

                             Delhi Mosquée Jama Masjid

J’ai grimpé sur le minaret où l’on découvre une vue superbe sur New Delhi. J’ai dû trouver dans la foule un homme pour m’accompagner, l’accès étant interdit aux femmes seules.

                              Vue minaret mosquée Delhi                                                                Vue du minaret de la mosquée Jama Masjid

Jaïnisme (4 millions de personnes)

Non loin de cette belle mosquée, on peut visiter un temple Jaïniste (Jaïn Digambara and Birds Charitable Hospital).  Le jaïnisme (du sanskrit “jina” = vainqueur) fut fondé au VIe siècle av. J.-C. par Mahariva qui a prêché l’athéisme ou l’absence d’un dieu et met en avant des principes comme la non-violence et la protection de tout être vivant.

                               Delhi temple jaïn
                                                              Delhi, temple Jaïn

Avec seulement 4 millions de croyants, le jaïnisme est la plus petite des 10 religions principales du monde, mais en Inde, les jaïns sont surreprésentés dans les secteurs économique et politique.

                               hopital pour oiseaux 1

C’est ainsi que j’ai pu visiter l’hôpital pour oiseaux. Une multitude de volatiles dans des petites cages sont pris en charge par des vétérinaires. Non violents, les jaïns refusent les armes et ne mangent aucun animal. Cette pratique alimentaire va au-delà du simple végétarisme, puisqu’elle exclut la plupart des racines, car l’on pourrait causer du mal à un animal en les déterrant, et certains autres aliments considérés comme nuisibles ; l’ail et l’oignon présumés aphrodisiaques.

                               hôpital pour oiseaux 2

        Sikhisme  (18 millions de personnes)

Un impressionnant complexe religieux (Gurudwara Sis Ganj), en constante activité, ne laisse pas indifférent. Le visiteur est immédiatement bien accueilli, à condition d’enlever ses chaussures et de se couvrir la tête. On entre dans une vaste salle de prière aux multiples lampions et tapis où les fidèles viennent faire leur offrande et prient au son d’un petit orchestre.

                               Delhi temple sikh

Je me promène en liberté dans le majestueux édifice aux multiples étages. Je découvre au rez-de-chaussée d’énormes cuisines où mangent environ 30 000 personnes par jour (je suis invitée à partager leur repas… toujours le Dal). Des chambres et des dortoirs sont mis aussi à disposition. Un parking, un dispensaire, une bibliothèque, un musée… Un sikh m’explique dans un anglais parfait toute l’histoire de leur religion. Il me donne un petit livre (traduit en français) qui en retrace l’historique.

                                                       Un Sikh
                                                                              Delhi — Un Sikh

Cette religion est née au XVe siècle, avec à la tête le guru Nanak. Cette religion monothéiste vénère l’égalité et refuse le système des castes. Ainsi, il est courant de voir les riches sikhs cirer les chaussures de chacun, à l’entrée. Les Sikhs se distinguent facilement : longue barbe non taillée, souvent enserrée dans une résille, et accompagnée d’une belle moustache. Ils arborent fièrement un turban de couleur, cachant leur longue chevelure roulée en chignon.

                                 Delhi temple Sikh
                                                      Delhi — Devant un temple Sikh

  Hindouisme  (700 millions de personnes).

Cette religion se base sur les textes sacrés, les principes fondamentaux s’appuient sur le samsara, le karma, le dharma et les castes. Pour les hindous, la vie humaine est cyclique. Après la mort, l’âme se réincarne dans un nouveau corps humain, animal ou végétal (samsara). Ils pensent que le karma de leur vie en cours déterminera la qualité des vies suivantes, un mauvais karma peut conduire à se réincarner dans une caste inférieure voire en animal. Pour atteindre le moksha (éveil, délivrance du processus du samsara, la transmigration des êtres) il faut renoncer à tous les désirs matériels.

                                                         Delhi temple hindouiste
                                                                                  Delhi — Temple hindouiste

Je vais visiter quelques petits temples hindouistes parfois très « kitch » où règnent une multitude de dieux et de déesses auxquels les fidèles viennent déposer des offrandes de fleurs, biscuits, fruits…

Je déambule dans les petites venelles pittoresques et tumultueuses de Old Delhi bourrées d’une foule compacte et bruyante. Les quartiers ont chacun leur spécialité et les petites échoppes rivalisent en offrant les mêmes produits, les unes contre les autres. Chaleur, poussière, bruit, odeurs… tout le panorama de l’Inde est réuni ici.

                       En fin de journée, je rejoins mon hôtel situé près de la gare. Là aussi, comme dans toutes les gares, il y règne une atmosphère intense comme vous pouvez l’imaginer avec la foule de rickshaws, de gens de toutes conditions, les petits vendeurs, les énormes valises et les haut-parleurs qui égrènent inlassablement d’une voix suave les arrivées et départs de train.

                                              Marchand de montres à la gare
                                                                      Marchand de montres à la gare

Les lourdes portes de mon voyage vont se refermer sur cette Inde dont on ne revient jamais indifférent. C’est mon troisième voyage en Inde. Cette fois-ci, j’ai été plus particulièrement touchée par toutes les religions que j’ai pu approcher : judaïsme, pârsis, jaïnisme, bouddhisme, islam, christianisme, sikhisme, hindouisme. La religion joue un rôle essentiel dans la vie quotidienne des indiens qui sont très fervents.

                         Hum… c’est bientôt terminé mais…..[ surprise    ]              Brigitte

9/8/2008

SRINAGAR (CACHEMIRE)

Classé dans: — Brigitte @ 14:04:59

SRINAGAR…

                   Le nom de Cachemire résonnait en moi comme un terme enchanteur, évocateur de soieries brodées d’oiseaux, de jardins moghols, de lacs parsemés de house-boats, de palais merveilleux… etc. La réalité fut tout autre.

D’abord, on me déconseille de me rendre dans cette région; des tensions politiques très tendues rendent agressifs certains groupes de militants perpétrant des attentats. Des bus sont attaqués. Le Pakistan n’est pas loin, la Chine non plus, chacun de ces pays s’étant déjà approprié une petite portion du Cachemire qui réclame lui-même son indépendance vis-à-vis de l’Inde. La situation est sulfureuse. 

Après quelques hésitations, je décide de partir tout de même et de prendre le bus de jour afin de pouvoir admirer les paysages magnifiques entre Leh  et Srinagar : deux jours de bus avec arrêt à Kargil  pour la nuit (début de la vallée du Zanskar… avec un peu de chance, je pourrai y aller aussi…).

                           leh-srinagar

Quelques heures avant mon départ, on me fait savoir que mon billet de bus de jour a été changé automatiquement en billet de bus de nuit afin d’éviter toutes attaques éventuelles, les « assaillants » n’accomplissant leurs méfaits que de jour… .

Me voilà, donc, installée pour un trajet direct de 18 heures entre Leh et Srinagar. Adieu mes beaux paysages et la vallée du Zanskar tant espérés !… Dans ce bus, uniquement des hommes cachemiris, genre commerçants. Je suis toute contente : le seul siège vide du véhicule est à côté de moi… pas pour longtemps, hélas. La route est sinueuse, je devine les hautes montagnes. Vers minuit, arrêt pour un petit thé et, là, un passager atteint d’obésité prend la place vide à côté de mon siège. Le reste de la nuit fut un peu l’enfer pour moi, cette masse de chair endormie retombant à chaque tournant sur moi qui la repoussais comme je pouvais… et impossible de changer de place !

Bref, nous voici arrivés à Srinagar, des barrages militaires nous faisant passer par de multiples déviations.

À l’arrêt du bus, je suis déjà assaillie par les multiples logeurs de house-boats (hôtels flottants) qui sont désespérément vides, en cette période troublée. De nombreuses maisons flottantes, habitées en leur temps par les Anglais, sont ancrées un peu partout sur le lac et disponibles à la location. Mais aucun touriste à l’horizon. Je pars, alors, à la recherche d’un petit hôtel dont on m’a donné une adresse imprécise et que je n’ai jamais trouvée. Lasse de chercher sous une chaleur imprévue en portant mon bagage, je me laisse tenter par un propriétaire de house-boat plus persévérant que les autres. Et me voilà, comme une princesse, logée dans un bateau pour moi toute seule.

                            House-boat à Srinagar

La famille qui m’accueille est sympathique et, tout de suite, je suis l’hôte de marque (pas difficile, je suis la seule ;-) ). Le propriétaire me propose de me conduire où je désire avec sa shikara (sorte de petite barque à fond plat) et de s’occuper de mes visites.

Cette famille, qui habite sur le bateau d’à côté, est pauvre. Pas de meubles, dans leur bateau, un simple réchaud, un simple matelas que l’on roule pendant la journée, mais tout est propre. Pour eux, c’est une aubaine d’avoir une cliente. J’accepte la proposition du propriétaire d’être mon guide; cela me facilitera la tâche dans cette ville où l’on ne sent pas très à l’aise.
Logée et nourrie, je mange comme eux : matin, midi, soir le DAL, composition de riz, sauce aux lentilles et quelques légumes, le tout accompagne de thé ou eau chaude… bon mais pas varié !

                           Lac Dal à Srinagar
                                                           Lac Dal, à Srinagar

Srinagar est bâtie autour d’un lac, lui-même entouré de belles montagnes. Je commence par visiter les magnifiques jardins moghols, dessinés d’après des motifs de tapis persans, le tout agrémenté de jets d’eau rafraîchissants. Ils sont au nombre de trois (Shirazi Bagh, Nishat Bagh et le Shalimar Bagh), situés à l’extrémité est du lac.

                            jardin à Srinagar

Il est agréable de regarder déambuler ces femmes indiennes vêtues de leur sari (une longue étoffe de 5,5 m) aux couleurs magnifiques. Elles remplacent les fleurs et la couleur qui manquent un peu ici.

                             Shalimar bagh Srinagar
                                                           Shalimar bagh à Srinagar

La Vieille Ville, parcourue d’un dédale de ruelles et de mosquées, s’anime en contrebas du fort Hari Parbhat. La grande Mosquée datant du XIVe siècle qui surplombe la ville (Jama Masjid) est superbe, avec ses 370 impressionnants piliers de cèdre, taillés d’une seule pièce et sa belle et grande cour.

Je m’attarde aussi au Musée Pratah Sing, situé dans l’ancien palais d’été du maharaja. Ses murs et ses plafonds aux décors de papier mâché servant d’écrin à des vestiges archéologiques, ossements de mammouth, peintures, œuvres d’art en papier mâché. Musée intéressant, mais un peu et, même, très poussiéreux.

                     J’aime bien regarder les gens vaquer à leurs occupations et observer la vie. Par exemple, en me promenant dans la vieille ville de Srinagar, j'’ai retrouvé l’esprit de l’Asie Centrale. Je repense alors à Samarkand, Kashgar, les petites maisons de briques et de bois avec balustrades sculptées. Les marchands de cuivre, tissus, épices…

                              rue de Srinagar
                                                     Une rue de la vieille ville de Srinagar

J’en ai profité pour acheter…. un poulet vivant ! qui a été égorgé et plumé sous mes yeux, des légumes, des morceaux de mouton. Un cadeau royal pour mes hôtes qui ne peuvent pas s’offrir ce festin, et pour moi, enfin, des protéines.

                              Marché flottant Srinagar
                                                      Marché flottant à Srinagar

Je demande à mon logeur de m’emmener voir un marché flottant qui se tient à 5h du matin, à une heure de shikara de mon house-boat. Là, au lever du soleil, les barques s’enchevêtrent, les hautes rames droites surmontant les hommes me font penser au fameux tableau d’Uccello « la Bataille de San Romano ». Les hommes à la barbe bien taillée, en tenue cachemirie, échangent leurs légumes. C’est un ballet qu’on ne se lasse pas de regarder.

                                                         Srinagar personnage
                                                                                        Srinagar — Personnage au bord du lac

                               Srinagar maison
                                                        Maison sur le lac Dal à Srinagar

                               soldats à Srinagar
                                                        Soldats indiens à Srinagar

                      Srinagar mérite sans doute une plus longue visite, notamment dans ses environs, mais mon temps est limité. Je vais, donc, quitter cette ville et ses militaires, placés à tous les 10 mètres, armés jusqu’aux dents. Il m’est interdit de prendre le bus pour Delhi, des attaques ayant eu lieu la veille. Un petit billet d’avion et crac ! je me retrouve à Delhi.

                                soir tombant sur le lac Srinagar
                                                        Le soir tombant sur le lac Dal à Srinagar

                                 … et, bientôt, la fin du voyage !…                Brigitte

8/8/2008

Le Lac de PANGONG

Classé dans: — Brigitte @ 23:48:29

Le lac de Pangong  (ou Pangong Tsotso signifiant “lac” en ladakhi)

Pour parvenir au lac de Pangong… il ne faut pas souffrir du mal de dos, du mal de voiture ni de la faim !    Avec notre jeep, sur des routes caillouteuses et sinueuses à souhait, nous mettons près de 5 heures pour parcourir 130 km… sans le moindre village,

                             vers le lac Pangong

                             route du lac Pangong
                                                            route vers le lac Pangong

en passant par le col de Chang (5 289 m). Le troisième col le plus haut du monde  [ les deux autres étant le Taglang La (2e), que nous avons emprunté pour nous rendre à Leh ;-)… et le premier, bien sûr, le Khardung La ].

                             Chang La

Seuls les postes de police indiquent une présence humaine. Mais nous sommes récompensés par la beauté du lac.

                                                 lac Pangong 1

C’est l’un des plus grands lacs d’Asie (134 km). Il s’étend de l’Inde au Tibet à une altitude de 4 250 m.

                              Lac Pangong 2

Bien que salées, ses eaux sont gelées, en hiver. Il atteint 5 km en son point le plus large et les deux-tiers de sa longueur sont en territoire chinois. Ses eaux turquoise, profondes et chatoyantes, se détachent sur un fond de montagnes brunes aux sommets enneigés.

                               lac Pangong 3

Je reste sans voix, en contemplation devant cette nature magnifique à laquelle prêtent vie les ombres mouvantes des nuages.

                                lac pangong 4

De l’autre côté, le Tibet… Je rentre, un peu fatiguée mais heureuse, à Leh avec, en perspective, la route de Srinagar, en bus. :

                               Brigitte part pour le Cachemire
                                                                    Brigitte part pour le Cachemire

                                  À bientôt !… peut-être !   ;-)                                     Brigitte

Vallée de la Nubra

Classé dans: — Brigitte @ 21:58:32

Blottie au pied du grand Karakoram, isolée du reste du Ladakh, la vallée de la Nubra  est située à 150 km, environ, au nord de Leh. Pour l’atteindre, à partir de Leh, on grimpe en jeep sur la plus haute route carrossable du monde en passant par le col du Khardung — ou Khardung La (la  signifiant col en Tibétain) — à 5 359 m, selon les différentes mesures GPS et les relevés topographiques russes, mais, localement, on revendique 5 602 m (18 380 pieds). ;-)

                           col de Khardung

Le col est à 37 km de route de Leh et permet de rejoindre les vallées de la Shyock   et de la Nubra. Ouvert toute l’année, grâce à la faible fréquence des chutes de neige, en raison de la sécheresse de l’air, il est maintenu et contrôlé par l’Armée et ne permet la circulation que depuis 1988 et à la circulation civile (surveillée) que depuis 1994. Historiquement, ce col a vu des milliers de chevaux et de chameaux l’emprunter au cours des siècles (plus de 10 000 par an) car il se trouvait le point de passage des caravanes reliant Leh à Yarkand et Kashgar, en Asie Centrale, la vallée de la Nubra étant une étape sur la route de la soie.

Depuis le col, le panorama sur la chaîne du Zanskar est grandiose ! On jouit, de là haut, d’une vue exceptionnelle et l’on ne peut que s’extasier devant la démesure de ces chaînes de montagnes aux parois variant de l’ocre au mauve surmontées de leurs sommets enneigés. Puis on descend tout doucement vers la vallée au fond de laquelle serpente un long ruban vert d’oasis.

                             vallée Nubra 1

                             vallée Nubra 2

Point le plus au nord de l’Inde, à 2500 km du cap Comorin,  extrémité sud du pays, cette vallée est très fertile et produit en abondance céréales, fruits, pommes et abricots. En effet, véritable bout du monde, restée fermée jusqu’il y a peu, cette large vallée à fond plat est à 3 000m au-dessus du niveau de la mer, soit 500 m de moins que la vallée de l’Indus à Leh. Les températures y sont, par conséquent, plus élevées, elle bénéficie d’un climat plus clément que le reste du Ladakh, plus verte, les cultures y sont plus riches et la population plus nombreuse dans les villages et monastères. La vie quotidienne y est celle du Tibet.

                              Vallée Nubra 3

Son surnom de ” Vallée Interdite” est lié au fait que l’armée en a interdit tout accès jusqu’en 1995. En effet, il lui a fallu arrêter l’armée chinoise à l’est, laquelle, après avoir envahi le Tibet, a aussi envahi les hauts plateaux ladakhis du Chang Tang; et il faut bloquer, à l’ouest, l’armée pakistanaise qui, après avoir envahi le Baltistan,  occupe la vallée de la Shyok et le glacier du Siachen, dans la haute vallée de la Nubra.

                               Vallée Nubra 4

Je reste quelque temps à Hunder,  dernier village que l’on peut visiter, la frontière chinoise n’étant pas très loin. Ce coin charmant est reposant, entouré d’arbres et de ruisseaux qui chantent. J’ai grimpé à 5 h du matin, pour admirer le lever de soleil sur une « gompa » (monastère bouddhique tibétain), accrochée au flanc de la montagne. Un vieux moine me précède sur le petit sentier rocailleux. Il va ouvrir le monastère, balayer, nettoyer les lampes à huile en psalmodiant des prières. Moment unique.

                                                                Moine à Hunder
                                                                                       Moine à Hunder

Petit paysage insolite près de Hunder : une mer de sable et des chameaux de Bactriane (à deux bosses). Ce sont les derniers chameaux que l’on peut voir, les descendants des dernières caravanes bloquées par la fermeture des frontières. On les utilise à des fins de portage dans les activités agricoles mais aussi à des fins touristiques. On se croirait dans les déserts d’Asie Centrale, n’étaient, dans le lointain, les sommets enneigés…

                                 Chameau à Hunder
                                                               Chameau de Bactriane à Hunder

                               À suivre…    Brigitte

LEH — Les monastères — THIKSE et HEMIS

Classé dans: — Brigitte @ 13:37:16

                  voir carte deux articles plus bas (Alchi)

           THIKSE,  monastère construit au XVème siècle, au sommet d’une colline rocheuse, surplombe la vallée.

                         monastère de Thikse

Dans la cour principale à droite de l’entrée, le sanctuaire dédié à Matreya a été consacré par le Dalai Lama en 1980. On découvre un énorme Maitreya  (Bouddha du futur) (**) polychrome, haut de 12 m. Et l’on se laisse séduire par le sourire empreint de sagesse de l’immense tête dorée de la statue.

(**) [ maitreya = amical, bienveillant, en sanscrit . Il y a environ deux mille six cents ans, Gautama Bouddha aurait prophétisé qu’au début de l’ère nouvelle viendrait dans le monde un grand instructeur, un Bouddha comme lui, du nom de Maitreya, qui inspirerait à l’humanité la création d’un âge d’or, d’une brillante civilisation fondée, selon lui, sur la justice et la vérité. La croyance en l’avènement de Maitreya, qui serait le prochain Bouddha à venir lorsque le Dharma, l’enseignement du Bouddha Shakyamuni, aura disparu, est partagée par les courants theravāda et mahāyāna du bouddhisme. ]

                           Thikse bouddhas

                          De très vieilles fresques décorent les murs de ce monastère dont l’une, intéressante, reprend de manière imagée l’un des fondements de l’enseignement bouddhique : la Roue de la vie, qui embrasse la totalité de l’existence conditionnée, aussi étendue que le cosmos. : un monstre, symbolisant l’impermanence, tient entre ses griffes et ses crocs une grande roue dont le moyeu est occupé par trois animaux incarnant les défauts majeurs de l’être humain la Haine (symbolisée par le serpent), le Désir (par le pigeon- ou le coq) et l’Ignorance (par le porc noir). Ils forment un cercle, chacun tenant la queue de l’autre. Les scènes de la jante illustrent la chaîne des douze causes et celles des cinq quartiers (souvent six) les cinq(six) voies de la transmigration : les deux du haut représentent les hommes, les dieux et les guerriers ou asuras alors que ceux du bas incarnent les destinées douloureuses de l’Enfer dont les prétas et les animaux, prisonniers de leur ignorance.

                            roue de la vie

L’essentiel de l’enseignement du Bouddha peut, en effet, se résumer ainsi : toute existence est pénible, car elle est inéluctablement sujette à la maladie, la vieillesse, à toutes sortes de souffrances… et se termine toujours par la mort, même celle des dieux. Il est, donc, indispensable de renoncer au désir de renaître et s’employer à briser l’enchaînement des vies successives et, pour cela, rompre tous les liens qui retiennent l’être dans le cycle des transmigrations : samsāra : ceux de l’ignorance, du désir et de la haine, ceux de l’illusion et des passions diverses. On ne peut y parvenir que par l’exercice d’une morale rigoureuse et la pratique de méditations et d’exercices qui purifient l’esprit pour lui permettre enfin d’atteindre la délivrance définitive de toute renaissance et une sérénité inébranlable appelée nirvāna (littéralement extinction des erreurs et des passions).

         Thikse et tangka
                                                                                                                                                                 Un tangka à Thikse

                              Drapeaux de prières
                                                                 Drapeaux de prières

        Le monastère de HEMIS   fut, quant à lui, fondé au XVIIème siècle. Situé à 48 kms de Leh sur l’autre rive du fleuve Singee Tsangpo (Indus), le monastère de Hemis est adossé au flanc d’une colline au fond d’une gorge profonde au centre d’une oasis où poussent saules et peupliers. Hemis est le plus grand monastère Drukhpa du Ladakh. Monastère le plus accessible, le plus célèbre et le plus visité. Hemis possède une vaste cour sur laquelle donnent de jolies vérandas de bois sculpté.

                          monastère de Hemis

Il a la particularité de posséder le plus grand thangka du Laddakh (long de plus de 12m et haut de quatre étages), brodé et orné de perles, qui n’est déroulé qu’une fois tous les 12 ans, c’est-à-dire qu’à présent, il ne le sera pas avant 2016. Il est célèbre aussi grâce à la fête lamaïque, Tse-Chu, qui s’y déroule en juillet. Elle célèbre la naissance de Padmasambhava, qui introduisit le bouddhisme au Tibet vers le VIIe siècle ap. J.-C.. C’est un lieu de pèlerinage important pour les Bouddhistes ladakhis qui doivent s’y rendre au moins une fois dans leur vie.

                           À suivre…. si vous voulez ! ;-)                         Brigitte

7/8/2008

LEH — Les monastères — LAMAYURU

Classé dans: — Brigitte @ 10:48:51

                      Le monastère de LAMAYURU  reste, pour moi, le plus inoubliable. D’abord par sa situation dans un site superbe, surplombant un ancien lac asséché, tapissé de pics sculptés artistiquement au fil du temps par l’eau puis par le vent. Tout autour, un paysage surréaliste de cheminées de fées et une mer de sable pétrifiée. Les habitants de cette région appellent ces créations des forces de la nature « terre lunaire ».

                              Lamayuru arrivée

                       Mais ma chance a été aussi d’assister au festival donné sur place par les moines et pour lequel je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager les images.

                              festival Lamayuru 1

Ces étonnantes danses rituelles sont effectuées par les moines de grade supérieur. D’un pas lent au son des immenses trompes tibétaines et des cymbales,

                              Cornes tibétaines

ils tournoient, faisant virevolter leurs lourds costumes très colorés.

                               festival lamayuru 2

                               festival lamayuru 4

Je contemplais ce spectacle avec une sorte de fascination. Ne pouvant parvenir à détacher mes yeux de ces lents tournoiements, j’étais comme happée par une spirale sans fin…

                  détails de costumes

          poulbot ladakhi   festival lamayuru 3
              Poulbot ladakhi                                         Un moine en costume

                                festival lamayuru 5

                                festival lamayuru 6

                    festival lamayuru 7 tablier                                                                                                                  Le tablier est constitué d’os humains

Les habitants se pressaient, nombreux, pour jouir du spectacle

                                 spectateurs ladakhi

et en costumes traditionnels, certaines femmes portant leurs longues coiffes parsemées de turquoises et de cornalines, la perak. De forme oblongue, celle-ci recouvre la tête et descend sur la nuque puis le long du dos pour se terminer en pointe, l’ensemble évoquant un cobra dressé. La totalité de la surface de la partie centrale (en cuir recouvert de tissu rouge) est couverte de turquoises, de cornalines, de corail et de perles de nacre. Sur la partie frontale un reliquaire incrusté de pierres figure la tête d’un cobra, symbole de fertilité. De chaque côté de cette partie centrale sont fixées deux grandes oreillettes en astrakan auxquelles les femmes cousent leurs cheveux nattés pour maintenir l’ensemble.

                      coiffes féminines

Les hommes portent de longues robes épaisses et tiennent à la main leur moulin à prières.

                                 hommes à lamayuru

Il est permis de déambuler à volonté dans ce grand monastère dans lequel on peut contempler des fresques très anciennes représentant la vie de Bouddha et une grande collection de manuscrits. On y admire encore des collections renommées de tapis, de thangka et de statues.

Les thangka (littéralement pièce que l’on déroule) sont des peintures sur toiles propres à la culture tibétaine. Ils peuvent être de toute taille, depuis celui que l’on enroule sur deux baguettes passées dans ses ourlets jusqu’à des pièces monumentales destinées à décorer un mur… voire une pente sur plusieurs dizaines de mètres. Représentant généralement des diagrammes mystiques symboliques (mandala), des divinités du bouddhisme ou de la religion bön, ou encore des portraits du Dalaï lama, ils ont, le plus souvent, pour but de servir de support à la méditation.

                                thangka à Lamayuru

                     J’espère que le spectacle vous aura plu ! ;-)
                                 À suivre, encore… Brigitte

6/8/2008

LEH — Les monastères — ALCHI

Classé dans: — Brigitte @ 13:35:41

                            Tout d’abord, commençons par une carte de la région, pour nous y retrouver :

                             Carte des temples Leh
                                                             Environs de Leh

ALCHI,  l’un de mes temples préférés, situé dans une oasis, à 74 km de Leh, pratiquement inconnu des étrangers avant 1974..

Au milieu d’un paysage lunaire apparaît, soudain, au détour de la route, le petit village d’Alchi qui compte autant de chortens (sorte de petits édifices religieux, peint à la chaux, contenant des reliques d’un saint) que de maisons.

                              Chortens
                                                              Chortens dans le lointain

                              Un chorten
                                                               Un chorten

Le monastère, fondé au XIème siècle, est composé de cinq temples et on peut y admirer des bois sculptés polychromes et des fresques murales superbes. Ces fresques, d’une finesse remarquable, illustrent parfaitement le style Cachemiri bouddhiste avant l’invasion musulmane au XIVe siècle. À l’intérieur deux salles renferment les plus beaux exemples d’art indo-tibétain du monde. Les représentations du Bouddha et de ses réincarnations y ondulent avec beaucoup de charme.

                              Vieux moulins à prières
                                                               Vieux moulins à prières

Les pierres mani, typiques du Tibet et du Ladakh, sont des pierres gravées d’inscriptions, aux environs des villes, près des villages, au sommet des côteaux, sur les chemins. D’aucuns pensent que l’origine de ces pierres-mani serait le résultat d’une doctrine syncrétiste de la religion Ben et du bouddhisme. Il semble qu’au début, un certain adepte aurait posé au bord d’un chemin en dehors d’un village une pierre gravée et que, par la suite, des villageois en auraient rajouté d’autres. Le plus gigantesque tas de pierres mani rassemble, au Tibet, quelque 2 milliards de pierres avec un volume de 10 000 m3. Sur certaines de ces pierres sont gravés des sortes de mantras ou des passages de soutras, alors que, sur d’autres on a gravé des images ou représentent des sculptures. En général, les textes sont bien tracés et les sculptures peintes en couleurs vives sont d’une grande finesse. Ces dernières ont le plus souvent été réalisées par des artisans. Elles peuvent être de toutes tailles. Une fois gravées ou sculptées, ces pierres sont sacralisées.

                               pierre mani 2

Pour réaliser ces images, les graveurs ont utilisé les techniques de bas-relief ou de sculpture en ronde-bosse. Ces oeuvres ont des formes élégantes et des styles variés selon les motifs. Les plus récentes gravures ont des traits très fins qui font ressortir leurs effets décoratifs. En évoquant en même temps la vie profane et les croyances religieuses, ces pierres mani sont uniques en leur genre. Elles ont souvent été sous-estimées. Outre leur signification religieuse, elles ont une valeur historique et artistique.

                               pierre mani 1
                                                                Pierres mani

Il est agréable de se promener dans les petites ruelles étroites d’Alchi baignées d’ombre et de lumière.

                                                                             Brigitte

LEH, capitale du LADAKH

Classé dans: — Brigitte @ 10:47:14

Après avoir traversé, en partant de Keylong les hauts plateaux désertiques empreints de la main de Dieu, l’arrivée à Leh, un endroit « humain » est un véritable soulagement.
Leh se niche dans une vallée qui étire son long ruban vert au nord de l’Indus, contrastant avec les ocres et les gris des pentes himalayennes.

                           vallée à Leh

Des abricotiers et des petits jardins agrémentent cette ville. Jusqu’en 1947, la cité entretenait d’étroits liens commerciaux avec l’Asie centrale, les caravanes de yaks en partaient et franchissaient le Karakoram pour rejoindre Yarkand et Kashgar.

                           yak à Leh
                                                                   Un yack

Aujourd’hui, la présence massive de militaires rappelle la proximité des frontières sensibles avec le Pakistan et la Chine.

                          Présence militaire à Leh
                                                                   Présence militaire à Leh

Cette ville est dominée par un palais qui fut la demeure de la famille royale avant son exil en 1930. Des petites rues donnent sur l’artère principale, bordée de nombreuses échoppes.

                          commerçantes à Leh
                                                                   Commerçantes à Leh

                           porteur d'eau à Leh
                                                                   Porteur d’eu à Leh

Leh est un excellent point de départ pour effectuer des treks et visiter les magnifiques monastères environnants. Pour visiter ces monastères éparpillés le long de la vallée et parfois éloignés, le plus pratique est de louer une jeep en partageant les frais avec d’autres participants.

Je ne vais pas décrire ici tous les monastères que j’ai pu visiter. S’ils paraissent semblables à première vue, ils présentent tous une vraie diversité suivant leur implantation, l’époque de leur fondation ou leurs orientations spirituelles. Je fais un choix difficile en citant ceux que j’ai particulièrement aimé : Alchi, Thiksé, Hemis et Lamayuru.. Nous en parlerons dans un prochain article… mais…

                                                       Portrait d'homme à Leh                                                                                              Portrait d’homme à Leh

                      …Avant que nous ne nous aventurions dans ces monastères, que l’on me permette de faire un bref rappel sur le bouddhisme ladakhi.

Celui-ci fut introduit au Ladakh au Xème siècle. La majorité des Ladakhis sont bouddhistes lamaïstes, divisés en deux écoles : les Bonnets rouges et les Bonnets jaunes ou Gelukpa. Les lamas jouent un rôle important : rôle religieux strict, rôle d’enseignement et rôle social (notamment dans la préparation des médicaments selon les règles de la médecine tibétaine). Ils sont également impliqués dans l’activité économique du pays. Les moinillons entrent dès l’âge de 3 ou 4 ans dans les monastères. Ils vont étudier durant 30 ou 40 ans avant de devenir des lamas. Ces études concernent la connaissance bouddhiste, la physique, la chimie, la médecine des plantes….

                     Dans la plupart des monastères visités, l’atmosphère est sombre, imprégnée de parfums d’encens et d’odeurs de beurre ou d’huile. Le long des murs, des casiers abritent les livres sacrés. Une petite pièce à l’arrière, encore plus sombre, abrite le bouddha du présent et, souvent, des fresques représentant une pléiade de petits bouddhas (1000) qui ont chacun une signification différente. Quelques personnages tantriques aux visages grimaçants à l’entrée de cette pièce… pour chasser les mauvais esprits. Dans tous ces monastères on peut assister à une puja (offrandes ou prières).

                      À suivre…                                    Brigitte

5/8/2008

LE   LADAKH

Classé dans: — Brigitte @ 15:29:34

LEH, capitale du  LADAKH, est bâtie à 3550 m d’altitude.

Le Ladakh, vaste région située dans la partie nord de l’état du  Jammu-et-Cachemire, en constitue le plus grand district (60 ooo km²). Il est constitué de chaînes montagneuses et de plateaux désertiques entre la chaîne du Karakoram au Nord et, au Sud, celle de l’Himalaya.

                            Ladakh carte

C’est aussi le district de l’Inde qui a l’altitude la plus élevée. Pays au climat semi-désertique, il est drainé par l’Indus, qui le traverse d’est en ouest, et par ses affluents.

                            route ladakh 4

Les premiers habitants du Ladakh seraient venus d’Inde. Puis, vers le VIe et VIIe siècle, des Tibétains vinrent s’y installer. Ils y fondèrent un royaume et y construisirent de nombreux monastères afin de propager la foi boudhiste. D’abord autonome, ce royaume de culture tibétaine, rompt, au XVIIe siècle, ses relations avec le Tibet, ce qui conduit le 5e Dalaï Lama à tenter de l’envahir. Le Cachemire va, pourtant l’aider à recouvrer sa souveraineté… mais cette aide se fait au prix de la conversion du roi ladakhi à l’Islam et de la construction d’une mosquée dans la capitale, Leh. Le Cachemire finira, plus tard, par envahir le royaume, mettant fin à son indépendance et conduisant, enfin, à son intégration dans l’Empire britannique.

                            route ladakh 8

Après l’indépendance de l’Inde, il fait l’objet de la convoitise de ses voisins, le Pakistan et la Chine. En 1949, la partie nord-ouest du Ladakh passe sous administration pakistanaise. En 1962, c’est au tour de la Chine de prendre le contrôle de l’Aksaï Chin, la pointe nord-est du Ladakh, à la suite du conflit sino-indien….

                            route ladakh 12

À la différence du reste du Jammu-Kashmir, qui est principalement mussulman, le Ladakh et en majorité boudhiste.
Tandis que le Rupshu, le Zanskar, la vallée de la Shyok et celle de la Nubra sont de culture tibétaine, le Purig à l’ouest est habité par des Baltis parlant un dialecte tibétain mais convertis à l’islam. C’est, du reste, au Purig, dans la région de Kargil, que prend fin l’aire himalayenne tibétaine.

                            route ladakh 5

La plupart des habitants de la région parlent le ladakhi, un dialecte proche du tibétain. On note cependant des différences nettes concernant la grammaire et la prononciation (de ce point de vue, le ladakhi est parfois considéré comme un dialecte tibétain archaïque). On estime qu’environ 60% de la population du Ladakh est de culture tibétaine. Le bouddhisme tibétain est à ce point enraciné au Ladakh qu’on le surnomme parfois le petit Tibet.

                            route ladakh 9

Les habitants suivent la forme tantrique du bouddhisme, le Vajrayāna. les gompas (monastères) sont partout présents. On les trouve le plus souvent juchés à flanc de montagne : Shey gompa, Tikse gompa, Hemis gompa, Alchi gompa, Stongdey gompa et Lamayuru gompa, dont nous parlerons plus loin.

                             route ladakh 10

Littéralement « pays des cols », c’est une région étonnante constituée des plus hauts sommets, à plus de 7 300 m et des vallées les plus sèches du monde. À l’Est, plusieurs lacs miroitent au milieu du désert d’altitude.

                             route ladakh 11

À une altitude moyenne de 5 300 m, une population de 100 000 habitants perpétue un mode de vie ancestral. Elle est concentrée le long de l’Indus, le roi des fleuves, qui leur assure une abondante récolte annuelle.

                             route ladakh 7

La position géographique de la région en fait aussi un objectif militaire stratégique. Les Chinois, sur la lancée de leur inqualifiable annexion du Tibet, en ont dérobé une partie. Les Pakistanais ne se sont pas gênés pour en prendre un autre. Ce qui justifie la présence permanente de plus de 150 000 soldats sur le territoire. Soldats qui, au passage, gardent un œil sur les Ladakhis. Cette armée est plutôt paisible, mais 150 000 soldats, ça ne passe pas vraiment inaperçu et l’on voit des casernes un peu partout…

                             route ladakh 6

                           À suivre…                              Brigitte

Route de KEYLONG à LEH

Classé dans: — Brigitte @ 09:12:08

            475 km

           Cette route, qui mène à Leh  est la deuxième route la plus haute du monde et culmine à 5 328m au col de Taglang, entre Sarchu et Leh.

                          route ladakh 3

Elle ne peut se pratiquer qu’en été, quand les cols sont dégagés et les ponts réinstallés, étant couverte de neige le reste de l’année. C’est l’une des plus belles routes au monde que j’ai pu faire. Les paysages s’offrent bruts et sauvages, changeant à chaque instant, les couleurs des montagnes passant du mauve sombre à l’ocre clair.

                          route ladakh 1

Parfois, des sortes de colonnes érodées, accrochées aux flancs des montagnes, font penser à des villes détruites, hantées qu’elles sont seulement de quelques vautours.

On n’y voit âme qui vive, hormis quelques nomades khampa conduisant des troupeaux de yacks ou des ouvriers de Bihar, couverts de goudron, s’efforçant de maintenir en état cette route.

                           troupeau de yacks
                                                                           Troupeau de yacks

Des postes militaires sont aussi installés pour contrôle.

                           poste de police

Nous en profitons pour prendre une tasse de thé. Le parcours se fait sur deux jours; une famille de nomades nous accueille dans sa vaste yourte.

                           nomades sous leur yourte

Malgré un point de feu, il fait froid et sec et je ne parviens pas à me réchauffer. On nous offre du thé salé au beurre rance. Je finis péniblement ma tasse mais, à peine l’ai-je terminée qu’immédiatement nos hôtes m’en reversent une autre fournée : malheur ! il ne me fallait pas finir mon breuvage, ceci signifiant, pour eux, que j’en désirais une autre lampée !

C’est la seule fois de mon voyage où j’ai été un peu malade. Sous la yourte, tout est propre et net. Un coin cuisine à l’entrée, un coin rangement et, tout autour, disposés en rond, des matelas pourvu d’épaisses couvertures. Un bidon où rougissent des braises de charbons nous réchauffe à grand peine. Nous mangeons des sortes de gros raviolis cuits dans une espèce de bouillon, accompagnés de chapati (sorte de pain plat). Je grelotte toute la nuit, malgré mes 7 couches de vêtements et les épaisses couvertures qui pèsent lourd sur moi…

                        route ladakh 2

Au matin, nous repartons dès le lever du soleil, les yeux un peu fatigués par cette nuit froide. Nous continuons à parcourir cette belle route. Je pousse des « ho » et des « ha » d’extase devant ces paysages empreints d’une beauté divine. Le poste de radio de la jeep égrène les enseignements du Dalaï Lama que le Dr Norbu écoute religieusement.

                         passage d'une rivière
                                                                Passage d’une rivière

Parfois des passages difficiles bloquent les véhicules, mais dans ces paysages inoubliables, c’est un délice d’attendre et presque une méditation….

                                À suivre….                                   Brigitte

4/8/2008

Voyage entre Dharamsala et Keylong

Classé dans: — Brigitte @ 10:26:05

( 18 heures par le bus local )

                       Je prends le bus local à 17h. Bourré à craquer !   Pensez : Quatre personnes sur ma misérable banquette prévue pour deux, mes jambes recroquevillées… Le bus s’ébranle difficilement sur les routes glissantes. Les paysages sont toujours magnifiques, avec la vue sur les montagnes qui s’échelonnent à l’infini, la brume laissant place à la pluie des moussons.

                        paysage route Keylong
                                                                Paysage sur la route de Keylong

                        La nuit arrive, les gens descendent ou montent. Je tire mon chapeau au chauffeur pour son habileté dans la conduite difficile de son bus sur les routes non seulement encombrées de toutes sortes d’engins, mais étroites et sinueuses, mais je ne voudrais surtout pas le déconcentrer. ;-) La nuit s’étend tout doucement sur les paysages. Difficile de dormir…

                        Le matin se lève et nous montons le col de Rohtang (3 978 m) sur la route caillouteuse et glissante qui devient de plus en plus étroite. Nous devons doubler de gros camions et les véhicules se frôlent, bloqués d’un côté entre la paroi de la montagne et de l’autre le ravin où déjà gisent quelques cars.

                       circulation

                        montée col de Rohtang

                        Prise un peu de panique, je demande à descendre du bus.  Quelques passagers me suivent et nous finissons par grimper le col à pied où notre bus finit par nous rejoindre tout entier.

                        Le col de Rohtang divise de manière spectaculaire Ie monde indo-aryen, celui de la mousson, de Kulu, du monde mongolo-bouddhiste, celui des steppes sèches du Lahul, du Ladakh, du Tibet. Les jours de ciel clair, on peut voir les sommets jumeaux du Hanuman Tibba et du Gayphang (5 900 m).

                        Nous descendons le col et arrivons à des plaines plus sèches où le ciel bleu succède enfin au ciel gris chargé d’humidité. Au loin de spectaculaires chaînes de glaciers avec certains pics acérés. Le bus soulève maintenant de la poussière. Des arrêts sont prévus où nous buvons le thé au lait brûlant parfumé de cardamone servi dans des petites gargotes noircies par les fumées des huiles centenaires.

                        

On peut aussi y goûter aux aloo parathas (chapati fourré de pommes de terre) ou aux omelettes. Enfin, épuisée, j’arrive à Keylong où j’ai rendez-vous le lendemain avec mon amie Anne et le docteur Norbu.

                         troupeau yacks à Keylong
                                                                 Arrivée d’un troupeau de yacks à Keylong

J’en profite pour visiter cette petite ville, Capitale du district de Lahul et Spiti, située à 3350 m. On ne peut pénétrer au Lahul que depuis 1977. C’est une région complètement isolée, l’hiver, par la neige, de novembre à juin.

                          Femmes à Keylong
                                                                   Femmes à Keylong

                             À suivre…  ;-)               Brigitte

3/8/2008

DHARAMSALA

Classé dans: — Brigitte @ 15:11:01

                      Ancien lieu de villégiature anglais, jusqu’au tremblement de terre de 1905 qui la détruisit et ruina la région, c’est une grosse ville sans importance si ce n’est qu’à une dizaine de kilomètres (mais à 4 km à pied depuis la ville basse ), se trouve la ville haute, plus connue sous l’appellation de McLeod Ganj (du nom de l’ancien lieutenant-gouverneur du Penjab, David McLeod). Bourgade accrochée au flanc de la montagne recouverte de chênes et de rhododendrons, située à 1800m, c’est le lieu de résidence du 14e Dalaï Lama que tout le monde appelle ici « His Holiness ». Ses fidèles, ici, sont autour de 20 000.

                      Dharamsala

                      À McLeod Ganj, on trouve toutes sortes de gens, de l’américain « déguisé » en gourou jusqu’aux vieilles dames, usées par te temps, en tenues New Age, à la recherche de spiritualité.

                       Guru americain
                                           Un guru américain

                      Sur les murs de la ville, des affiches proposent des cours de méditation, de philosophie ou de médecine tibétaine ou de petits concerts… Tout est aussi mis en œuvre pour faire entendre la cause tibétaine. Un musée retrace, du reste, en texte et en photos la douloureuse histoire du Tibet, la fuite du Dalaï Lama, l’exil et les tortures infligées aux tibétains (on compte déjà 1,2 millions de morts depuis 1949 et plus de 6 000 temples détruits).

                      Tibétaine prosternée
                                            Tibétaine se prosternant

                      Le Namgyal Temple, à côté de la résidence de « His Holiness » est un monastère où vivent près de 200 moines. Les yeux ne se lassent pas de contempler ce ballet incessant de moines, vêtus de leur tunique couleur bordeaux, que l’on voit déambuler, chahuter et s’exercer à des joutes oratoires assez spectaculaires :

                       joute oratoire des moines
                                                                  Joute oratoire

                       Des pèlerins viennent faire tourner de gros moulins à prières dans la vaste cour du monastère, ombragée par des arbres majestueux.

                       moulin à prières

                       J’ai fait de petites promenades dans les forêts avoisinantes, à la recherche d’un temple, comme celui de Dip Tse Chok Ling ou de l’église néogothique de St John, construite par les anglais au XVIIIème siècle, avec son charmant petit cimetière.

                       Il fait bon flâner dans les deux seules rues de McLeod Ganj, arrêter son regard sur leurs petites boutiques ou manger des délicieux « momos » (farce qui varie suivant les recettes) dans un des nombreux restaurants tibétains. On peut loger dans d’adorables petites « Guest House » où la vue sur la vallée est imprenable. Les voyageurs qui séjournent ici restent plusieurs mois et certains donnent de leur temps à des associations caritatives.

            ……… Ah!… Bonne nouvelle ! ;-)

J’apprends que la route qui conduit à la vallée du Spiti est maintenant réparée… Mais mon amie Anne, que je devais y retrouver, doit se rendre au Ladakh pour une semaine, voyage que j’avais prévu, aussi, d’effectuer. Après des coups de fils… difficiles à passer à travers ces hautes montagnes , nous parvenons à trouver un accord pour un rendez-vous à KeylongLahul, située à 3 500 m d’altitude, sur le chemin du Ladakh.
Je trouve un bus local de nuit pour m’y emmener.

À suivre……                    Brigitte

2/8/2008

SHIMLA

Classé dans: — Brigitte @ 13:07:49

                       Après Chandigarh, pour nous rendre à Shimla, capitale de l’Himachal Pradesh, située à 120 km de Chandigarh, nous prenons un adorable petit train miniature « l’Himalayan Queen », qui sillonne les pentes des montagnes en passant sous 103 tunnels, faisant la joie des enfants qui comptent le nombre de tunnels. Le paysage est de toute beauté, ce petit train traversant à petite vitesse de belles forêts aux essences diverses.

                      himalayan_queen

                       Shimla (alors Simla) fut construite par les anglais au XIXème siècle, sur le flanc escarpé d’une colline, à 2 000 m d’altitude. Capitale d’été du pays, au temps de l’Inde britannique, cette ville conserve encore de belles demeures à l’architecture victorienne. Actuellement, on voit déambuler sur le « Mall » les riches familles indiennes qui perpétuent cette tradition. Des hordes de singes peu farouches peuplent cette ville estivale. Attention à vos poches susceptibles de contenir de la nourriture ! ;-)

        ……………………………. Hum !

                       J’apprends que la route me conduisant au Spiti est coupée !… Je décide, alors, de me rendre à Dharamsala en attendant la réparation de la route, Jules prenant, quant à lui, celle de Manali.

                                                         Brigitte

1/8/2008

CHANDIGARH

Classé dans: — Brigitte @ 13:37:10

                              Arrivés le 16 juin à Dehli, Jules et moi nous rendons directement à la gare afin de prendre le train pour Chandigarh  située à 250 km au Nord de Delhi.

                              Cette cité est née de la volonté de Nehru de créer une ville nouvelle, afin de faire oublier les mutilations provoquées par la partition entre l’Inde et le Pakistan. Chef-lieu de deux états, le Penjab et l’Haryana, Chandigarh ne fait, pourtant, partie ni de l’un ni de l’autre et est administrée par le gouvernement fédéral.
Elle possède le niveau de vie le plus élevé de l’Inde et un taux d’alphabétisation proche de 97% de la population.

Après la partition de l’Inde, en 1947, la région du Penjab fut divisée en deux. La partie indienne ayant besoin d’une capitale pour remplacer Lahore et devant l’impossibilité de transformer une cité préexistante en capitale, il fut décidé de construire une ville nouvelle. Son nom dérive de Chandi Mandir, temple dédié à la déesse Chandi et signifie « le fort de Chandi ». Une fois le Penjab réparti en trois États (Penjab, Haryana, et Himachal Pradesh), Chandigarh resta à l’extérieur des trois.

En 1951, l’architecte français d’origine suisse Le Corbusier  est choisi pour mettre en œuvre cette ville nouvelle. Mission de rêve : créer une cité dans laquelle véhicules et piétons ne se croiseraient pas. Chaque quartier aurait un esprit de village, chacun pourvu de magasins, écoles et lieux de culte. Chandigarh est divisée en secteurs eux-mêmes séparés par de grandes avenues. Le Corbusier insista pour ajouter des lacs artificiels, des sculptures symboliques (aucune représentation humaine ne fut autorisée), des espaces verts. On pénètre dans les secteurs par 4 points seulement et, à l’intérieur, la circulation est interdite aux voitures. Il opta pour d’imposants bâtiments administratifs en béton (temples de la démocratie). Ce Capitol Complex est sur le point d’être inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco ; Chandigarh possède la plus grande concentration d’œuvres de Le Corbusier.

                         C’est une ville, à mon goût, pas très romantique.  Il faut parcourir de longues distances pour se rendre d’un point à un autre, les bâtiments en béton armé vieillissent mal sous ce climat extrême.

                         Rock Garden Chandigarh 1

Un jardin a néanmoins attiré mon attention : Le Rock Garden. Nek Chand, un ancien inspecteur de la voirie, y a construit un véritable labyrinthe minéral et végétal, un monde fabuleux peuplé d’animaux, de personnages fantastiques, déesses, guerriers, etc., construit à partit de tous les débris et objets qu’il ramassait au bord des routes… à la manière de notre facteur Cheval.

                          Rock Garden Chandigarh 2

                                 Brigitte

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