Danube (5) - de l’Autriche à la Hongrie
Soir du 17 mai
Quand nous quittons Vienne, on aperçoit, sur la rive droite du Danube, une pagode blanche, en forme de cloche : c’est la « Friedenspagode » (pagode de la Paix) :
La propriétaire du restaurant Lindmeier, qui se trouve à côté, était boudhiste. Un jour de 1982, elle reçut la visite de deux moines de l’ordre Michidatsu Fuji, qui avaient, jusque là, construit, partout dans le monde, 70 pagodes de la Paix. Celle qu’ils construisirent ici, répondant au souhait de la propriétaire, fut la première sur le sol européen.
L’écluse de Feudenau (au km 1921) est l’écluse la plus récente sur le Danube autrichien et l’avant-dernière sur notre trajet pour Budapest. La hauteur du barrage, de 8,5 m, provoque un refoulement des eaux de 28 km, jusqu’au barrage de Greifenstein…
Hainburg (km 1184, sur la droite) est la dernière ville autrichienne avant la frontière de la Slovaquie. Elle a toujours eu une grande importance stratégique, comme en témoignent les fortifications, encore bien conservées, et le fort sur le Schlossberg (montagne de château). En outre, la route dénommée Bernsteinstrasse passait en ces lieux, qui fut l’une des premières routes les plus importantes d’Europe pour le commerce à longue distance, des Pays baltes à la Méditerranée.
En 1108, le château entre en possession des ducs d’Autriche. De par sa position stratégique proche de la frontière avec le royaume de Hongrie, la ville de Hainbourg est alors fortifiée. Ces fortifications sont améliorées dans la seconde moitié du XIIe siècle en utilisant une partie de la rançon pour la libération de Richard Cœur de Lion, dont nous avons précédemment évoqué la capture par le duc d’Autriche.
C’est ainsi que Hainbourg possède une des fortifications les mieux conservées d’Europe avec 3 portes, 15 tours et 2,5 km de murs. Une grande partie du matériel de construction a été récupéré dans les ruines de la ville romaine de Carnuntum, proche.
À la veille du siège de Vienne en 1529, les troupes ottomanes franchirent la frontière du Saint-Empire à Hainbourg et dévastèrent la ville et du château. Le 11 juillet 1683, lors de la deuxième grande guerre contre les Turcs, ceux-ci prirent de nouveau la ville. Les habitants tentèrent, alors, de s’enfuir vers la plaine alluviale, de l’autre côté du Danube, une région exempte de Turcs. Ils se dirigèrent, donc, en masse vers la porte des Pêcheurs. Cependant, celle-ci, qui était, déjà, la plus petite porte des trois portes de la ville, ne pouvait s’ouvrir que de l’intérieur… Du fait de la pression de la cohue, cette ouverture devint impossible, et les Turcs se saisirent des habitants pour les massacrer. Le 12 juin 1683, plus de 8.000 personnes furent tuées dans la ruelle qui fut appelée « Blutgasse » (ruelle de sang).
Huit personnes seulement, sur toute la population de la ville ont pu échapper aux coups des Turcs en se réfugiant dans la cheminée de l’hôtel Wildermann (Homme sauvage). L’une d’elles était Thomas Haydn, le grand-père du célèbre compositeur Joseph Haydn…
Il est temps d’aller dîner (l’appel a sonné). Nous laissons Bratislava, capitale de la Slovaquie, sur la gauche (km 1866). Nous y reviendrons pour la visiter au retour. Elle est située à 60 km de Vienne. Ces deux villes sont, donc, les capitales les plus proches du monde.
18 mai au matin
Nous sommes, à présent, en Hongrie. Nous montons sur le pont afin d’admirer la traversée de Budapest.
Budapest est la capitale de la Hongrie, la plus grande ville du pays et la métropole culturelle et économique la plus importante de l’Europe orientale. J’en parlerai plus en détail quand je la visiterai, sur le trajet de retour. Pour l’heure, je me contenterai de décrire ce que je vois et de considérations générales.
Au temps des Celtes, il y avaitdes premières habitations dont on a retrouvé trace, avant même que les Romains y aient installé leur siège administratif Castrum Aquincum dans le quartier de l’actuel arrondissement d’Obuda qui apparaît sur la droite. Ce n’est qu’en 1872 que fut opérée la fusion officielle d’Obuda, de Buda et de Pest.
Aujourd’hui, la ville s’étend sur une surface de 525 km2, avec une population avoisinant les 2 millions d’habitants (la Hongrie en comporte 10 millions, au total). Obuda et Buda occupent environ un tiers de la surface et sont érigées sur la rive droite, dans un paysage valloné ; tandis que Pest s’étend sur la rive gauche du Danube, sur la surface plane. C’est ici le début de la plaine hongroise, la Puszta, qui s’étend loin vers l’Est.
Pest est le centre commercial et le centre d’affaires de la ville, ainsi que le siège des organes politiques les plus importants. On y trouve, également, le premier métro de l’Europe continentale.
Le Parlement, sur la rive gauche, est un des emblèmes de Budapest. On y conserve les insignes de couronnement, la couronne de Saint-Étienne, l’orbe crucigère, l’épée, ainsi que le manteau de couronnement. Sa construction, commencée en 1884, dura vint ans. Réalisé sous la direction de l’architecte Imre Steindl, il est inspiré par la « House of Parliament » de Londres.
C’est un édifice gigantesque (268 m de longueur sur 118 m de large) et le plus grand bâtiment de la Hongrie. La flèche de la tour s’élève à 96 m. Il a 691 salles, 3.650 fenêtres, 10 cours, 27 portes et 29 escaliers intérieurs. Pour la décoration des salles, on a utilisé 41 kg d’or à 24 carats ! Au temps de la monarchie des Habsbourg, le parlement était composé de deux Chambres, qui se trouvaient dans les deux ailes.
Matthiaskirche, l’église Matthias, ou Église Notre-Dame de l’Assomption de Budavár.
En haut, sur le « Burgberg » (mont du château), la grande tour qui s’élance vers le ciel est celle de l’église Matthias.
L’ancienne Liebesfauenkirche (Église Notre-Dame) fut construite à la fin du XIIIe siècle, par le roi Bela V. Ce n’est qu’en 1474, après plusieurs constructions, qu’elle reçoit son architecture néogothique et son nom actuels, sous le règne de Matthias Corvin 1er qui agrandit et embellit l’édifice et y célèbre ses noces à deux reprises. Mais, lors de l’occupation turque, au début du XVIe siècle, elle fut transformée en mosquée sous le nom de Suleyman Djami (mosquée de Soliman), les statues des saints ôtées, un mirhab aménagé dans le mur sud, et le sanctuaire reste affecté au culte musulman jusqu’en 1686.
Cette année-là, les armées chrétiennes conduites par le prince Eugène de Savoie reprennent la ville. Après un long siège, une canonnade provoque des fissures dans l’un des murs de l’église, laissant apparaître la statue de la Vierge à l’enfant emmurée plus d’un siècle plus tôt. Cet épisode, considéré par les chrétiens du temps comme le « Miracle de Buda » aurait contribué, selon la légende, à démoraliser les Ottomans.
Après plusieurs péripéties, incendies et reconstructions, l’église sert de cadre, le 8 juin 1867, au couronnement de François-Joseph 1er et de son épouse Élisabeth de Wittelsbach (Sissi) comme roi et reine de Hongrie, sous les accents da la Messe du Couronnement, de Franz Liszt, dirigée par le compositeur en personne. Le 30 décembre 1916 y est célébré le couronnement du dernier roi de Hongrie, Charles IV, et de son épouse, la reine Zita
L’église subira d’autres avanies lors de la Seconde Guerre mondiale et elle est fermée par les autorités communistes. Jean-Paul II y célèbre un office en 1991.
L’église néo-gothique en briques roses, sur le côté Buda du Danube, est l’Église réformée de la place Szilágyi Dezső.
Die Burg auf dem Burgberg (Le château sur le mont du château)
Sur la rive droite, toujours, au-dessus du « Pont des chaînes » (ou Pont suspendu), le château de Buda (ou palais royal) trône sur le haut du mont. Construit par le roi Béla IV, au XIIIe siècle, afin de se protéger des Mongols et des Tartares, il était non seulement une forteresse mais une ville tout entière, animée et vivante. Pendant des siècles, il fut la demeure des rois hongrois. Restauré après avoir subi une destruction importante lors de la Seconde Guerre mondiale, il abrite, maintenant des musées importants et des institutions culturelles et est inscrit au patrimoine de l’UNESCO.
La Statue de la liberté à 14 mètres de haut, est l’oeuvre du sculpteur Zsigmond Kisfaludy Strobi, érigée sur la colline Gellert en 1947 en mémoire de la libération du pays des Nazis.
À côté de la statue de la Liberté, on aperçoit le mur de la citadelle, construite par les Habsbourg en 1851 à la place d’une forteresse turque. Les murs ont, par endroits, une épaisseur de 3 m.
Gellertberg, La colline ou le mont Gellert. C’est un rocher dolmitique qui offre une vue fantastique sur la ville de Pest à 140 m au-dessus du Danube.
Il a été consacré au saint évêque Gellert, un moine bénédictin de Venise que le roi Étienne était allé chercher afin d’apporter à son peuple la foi chrétienne. Après la mort d’Étienne, l’évêque avait tenté sans succès d’empêcher la population de se détourner de la foi. Les païens l’avaient fait mourir en l’enfermant dans un tonneau clouté qu’ils avaient fait rouler du haut de la montagne. Mort en martyr en 1046, l’évêque a été canonisé en 1083.
Au flanc du mont, au-dessus du Pont d’Elisabeth, on lui a dressé une statue (cadeau de l’empereur Guillaume II) : dans sa main droite, l’évêque brandit une croix sur Budapest et les figures à ses pieds symbolisent les païens magyars qu’il a convertis.
L’ancienne station thermale et l’hôtel Gellert. Dans tout Budapest, il y a plus de 100 sources d’eau thermale, où l’eau frémit à 78°C. Ces sources étaient fort appréciées des Romains comme des Turcs, qui y avaient construits différents complexes thermaux. Au XIIIe siècle, il s’y trouvait déjà une maison de cure qui usait de l’eau de la montagne. Entre 1900 et 1918, on construisit le Nobelhotel Gellert d’aujourd’hui, de style Art Nouveau. Modernisé en 1983, il a reçu un espace aquatique thremal avec une piscine à vagues et des bains curatifs.
Fondée en 1782, l’Université de technologie et d’économie de Budapest, abréviation officielle BME, est la plus importante université de technologie de Hongrie. Un magnifique bâtiment, encore.
Le Pont vert, ou pont de la Liberté (Freiheitsbrücke), très beau pont, qui mène au mont Gellert et relie les villes de Buda et Pest. Baptisé « pont François-Joseph » en 1896 et inauguré à l’occasion du millénaire de la Hongrie, il fait 331 m de long sur 20 m de largeur, tout en acier. Dynamité en 1945, il fut ensuite reconstruit à l’identique en 1946 après la guerre et prit le nom de « pont de la liberté ». Ses 4 piliers sont surmontés d’un « turul », l’oiseau mythique qui aurait guidé Arpad dans sa conquête des Carpates. Oiseau, bien entendu, typiquement hongrois, mais absolument inconnu des zoologistes. Mélange d’aigle et de faucon, il est dans la mythologie hongroise, un messager lumineux de Dieu. Le nom turul est d’origine turque ancienne et est apparenté au turc moderne tuğrul, toğrul « faucon ».
Université polytechnique et économique de Budapest
Et, pour terminer, une vue nocturne du Parlement et de ses alentours :
Et, cerise sur le gâteau, la vidéo de la traversée de Budapest, que vous pouvez, également, regarder en plein écran ou en “image dans l’image” :
Nous arrivons bientôt à Solt d’où nous partirons pour visiter la charmante cité de Pécs…
Commentaires
Pas encore de commentaire
Flux RSS pour les commentaires sur cet article.
Poster un commentaire
Désolé, le formulaire de commentaire est fermé pour le moment.