18/5/2022

Danube (6) — Pécs (Hongrie)

Classé dans: — Brigitte @ 20:22:31

Arrivés à Solt (km 1561), nous débarquons après le déjeuner, à 13h 30, pour visiter la belle ville de Pécs. Nous rejoindrons, ensuite, sur le soir, le bateau qui repart aussitôt pour Mohacs.

          La ville de Pécs a eu une histoire mouvementée. Située sur le site de Sopianae, fondée par les Romains et perdue lors de la chute de l’Empire, elle fut connue dès 871 sous le nom de Quinque Basilicae, parce que son église fut construite à partir des restes de cinq autres. D’où son nom français : Cinq-Églises, son nom italien Cinquechiese,et son nom allemand : Fünfkirchen.

          L’arrivée des Magyars dans les Carpates conduit, en l’an 1000, à la fondation du royaume de Hongrie. Son premier roi, Étienne 1er, y fonde un épiscopat en 1009. Ce roi, Saint Étienne de Hongrie fut, en effet, le premier à consacrer un royaume à la Vierge Marie ; il avait épousé sainte Gisèle, la sœur de l’empereur d’Allemagne Henri II et, consacrant les quarante années de son règne à christianiser son royaume, il fonda huit évêchés et de nombreux monastères.

          Après 1235, la ville est connue sous le nom de Pécs. Louis 1er y fonde en 1367 la première université du pays et elle devient, ainsi, au XVe siècle, un haut lieu de l’humanisme de la Renaissance. Mais les Ottomans la prennent au XVIe siècle. Puis ils sont chassés et l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche lui confère le statut de ville libre royale. Cinquième ville de Hongrie, son patrimoine est très riche.

          Nous débutons la visite de la ville par celle de sa cathédrale Saint Pierre & Paul

             

Reconnaissable aisément grâce à ses quatre tours qui dominent la ville, la cathédrale de Pécs fut construite au XIIe siècle sur les vestiges de l’ancienne église épiscopale détruite en 1064 par un incendie. Inspirée, alors, par le courant venu de l’Italie du Nord, elle a connu de nombreuses modifications au cours des siècles. Au XIVe et au XVe siècle, elle est fortement endommagée lors des incursions mongoles. L’on remplace, alors, son toit plat par des voûtes gothiques. Au moment de l’occupation turque, elle est utilisée comme mosquée et sa crypte devient un magasin d’armes.

Lorsque la ville est libérée du joug turc, on pense à la transformer entièrement en édifice baroque mais ce projet n’aboutit pas. La cathédrale connaît alors peu de transformations jusqu’au XIXe siècle où, en très mauvais état, on construit une deuxième façade pour l’église qui menace de s’effondrer.

La seconde façade n’aidant en rien, on décide de restaurer la cathédrale en la reconstruisant presque entièrement, tout en respectant le plan d’origine. C’est l’architecte viennois Friedrich Schmidt qui en a la charge et qui donne à la cathédrale Saint-Pierre de Pécs son apparence actuelle. De nombreuses sculptures de pierre et des peintures murales oubliées ont été redécouvertes en cette occasion. Elle a été relativement épargnée lors de la Seconde Guerre Mondiale.

          L’intérieur somptueux de la cathédrale :

                                   

          Après avoir écouté un petit récital d’orgue, tout en admirant les fresques et plafonds, nous descendons pour visiter la crypte :

            Puis nous sortons pour visiter le reste de la ville. Au détour du chemin, nous tombons sur cette statue de Franz Liszt qui semble nous observer étrangement :

          Irme Varga, qui l’a réalisée en 1983, a voulu cette statue du compositeur et pianiste hongrois de la fin du XIXe à la fois figée dans le temps et vivante, accoudée au balcon du palais épiscopal, intriguée par le spectacle de la rue. ;-)

                              

                    Nous découvrirons, du reste, d’autres statues de bronze de peintres ou d’écrivains, lors de notre promenade dans la ville. Les habitants aiment à rendre ainsi hommage à leurs grands hommes…

… voire aux petits métiers ; ici un cordonnier :

          Dans la rue Janus Pannonius, les grilles remplies de cadenas, preuves d’amour éternel… enfin tant que la rouille ne les a pas détruits ;-)

          Au coeur de la ville de Pécs, la magnifique place Széchenyi :

       avec la belle statue équestre de János (Jean) Hunyadi, qui fut inaugurée en 1956, a l’occasion du cinquième centenaire de la mort du héros de l’histoire de la Hongrie. Régent de Hongrie et commandant de l’armée hongroise, il défit les Ottomans qui assiégeaient Belgrade en 1456). C’était la plus grande victoire des Hongrois sur l’armée turque. Le sculpteur est Pál Pátzay, et l’érection de cette statue avait provoqué de vives contestations, les critiques se scandalisant que la statue n’eût pas été placée en plein milieu de la place. Depuis, tout le monde s’est habitué à cette disposition, après tout fort esthétique.

          Non loin de là, la mosquée du Pasha Gazi Kasim… qui se trouve être une église catholique… Surmontée à la fois d’un croissant ET d’une croix !

Construite au milieu du XVIe siècle, l’ancienne mosquée de Pécs est le plus grand monument de l’ère turque en Hongrie. ce monument fort particulier fut édifié sur les vestiges de l’église Saint-Barthélemy, une église gothique construite au XIIIe siècle et détruite par les Turcs lors de leur invasion de la ville en 1526.

Durant l’occupation turque, en 1543, le Pacha Qasim, alors à la tête de la ville, décide la construction d’une mosquée avec les pierres de l’ancienne église catholique. La mosquée du pacha Qasim est édifiée en 1546.

La domination turque dure plus d’un siècle et demi mais la cité est libérée en 1686. Les Hongrois reprennent la ville et la mosquée est abandonnée. En 1776, les jésuites détruisent son minaret. Entre le XVIIIe et le XXe siècle, de nombreuses modifications ont lieu sur l’ancienne mosquée afin d’en faire, à nouveau, une église catholique. De grandes fresques sont peintes, un immense orgue est installé, et l’on tente d’effacer, le plus possible, les traces du culte musulman.

Mais, en 1955, on prend conscience de la richesse historique du monument et l’ancienne mosquée est restaurée dans son aspect d’origine. Et c’est ainsi que l’on peut, aujourd’hui, y voir des peintures catholiques côtoyer des inscriptions musulmanes.

          Nous parcourons les petites rues et places fort vivantes et agréables :

                                   

          Le beau Théâtre national :

          Tiens, un bronze de l’écrivain Sándor Weöres, assis à une table, et qui semble nous inviter à le rejoindre :

                              

          Bon… Il est temps de rentrer. Nous avons bien profité du soleil et des beautés de cette petite ville…

                                              

        Notre navire nous attend sagement à Mohacs (km 1447), où nous arrivons :

          C’est ici, à Mohács, qu’eut lieu l’un des événements les plus tragiques de l’histoire hongroise : En 1526, après avoir anéanti en ces lieux l’armée hongroise, les Turcs prirent le contrôle du pays pour un siècle et demi. Ce véritable carnage est rappelé par un grand mémorial. Après l’expulsion des Turcs, des colons arrivèrent des pays voisins afin de repeupler le pays dévasté. Ils apportèrent avec eux des traditions qu’ils conservent encore aujourd’hui.Y cohabitent des minorités allemandes, croates, serbes, etc. Le Danube, en quittant Mohács, marque la frontière entre la Croatie et la Serbie. Nous quittons, à 19h 30, le territoire de l’Union européenne. pour entrer en Serbie.

                    Demain, Belgrade, capitale de la Serbie…

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