Une virée à Espiritu Santo
Nous nous arrêtons pour la nuit sur le trajet d’Honiara (iles Salomon) et j’ai pris le risque de sortir du cargo pour poster ce message et ces images
Luganville (Espiritu Santo Vanuatu), le 8/05/06
Faisons, tout d’abord, une petite visite au marché Par là :
ou par ici :
Ayant entendu parler de villages très primitifs aux Iles Vanuatu, et profitant du chargement de copra sur notre cargo, j’ai entrepris de visiter l’un d’eux que j’avais repéré dans un livre.
Seul le couple d’américains, au demeurant fort sympathique, était intéressé par mon escapade. Nous avons, donc, repéré, dans la seule rue de Luganville, une voiture pick-up à quatre places et, après discussions et négociations, nous voilà partis dans le bush, sur une piste de terre rouge bordée d’une épaisse muraille d’arbres aux formes étranges.
Cette végétation très dense, aux essences tropicales multiples est, parfois, entrecoupée d’immenses plantations de cocotiers qui fournissent ce fameux copra que nous allons transporter.
Nous arrivâmes enfin dans le petit village de Tanafo, lieu de résidence de Jimmy Stevens, leader du mouvement indépendantiste des années 80. Son but était de sauvegarder les us et coutumes des natifs et de lutter contre l’influence européenne. Il a même eu l’appui de Giscard d’Estaing, alors président de notre République. Mort il y a une dizaine d’années, son cercueil trône, intact ( !), dans une des cases.
Invités surprises, nous fûmes très bien accueillis par l’un des fils de J. Stevens, Frankie, chef de ce village. Il me serait trop long de vous relater, ici, l’histoire, les coutumes, le rôle important du porc, de la religion et de leur science médicinale très élaborée…
Ce village est encore très primitif, les gens vivant pratiquement nus, vêtus de simples pagnes constitués de feuilles pour les femmes et d’étuis péniens pour les hommes (nambas ) et rien pour les enfants. Mais ces coutumes tendent à disparaître et, déjà, l’on peut voir quelques jeunes hommes en short long et de jeunes femmes en robes aux couleurs vives.
Les belles grandes cases faites de branches séchées de cocotiers sont dispersées dans de petits jardins où enfants, cochons noirs, chiens et poules s’égayent, mais le tout est très propre.
Chaque case possède une cuisine très rudimentaire dans laquelle un chaudron est posé sur des braises à même le sol, la fumée se répandant dans l’unique pièce et s’évacuant péniblement à travers la toiture composée de feuilles de bananier. On peut distinguer des nattes dans un coin et quelques racines qui pendent du plafond, le tout dans une pénombre à laquelle l’œil a du mal à s’habituer.
Nous avons fait des échanges de cadeaux : mes porte-clefs Tour Eiffel et les berlingots pour les enfants ont eu beaucoup de succès et l’on m’a offert de délicieux pamplemousses. Ces personnes ont été très surprises d’apprendre qu’à Paris, il ne poussait pas de cocotiers ! Nous avons fait également une donation à ce village.
Sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés dans une sorte de “cokerie” où le copra est séché. Après avoir brisé la noix de coco, on entasse les morceaux sur une immense clayette en bois sous laquelle un feu très doux est entretenu, qui les assèche. Puis les morceaux sont broyés et le copra est acheminé jusqu’à notre cargo (2 000 tonnes) et sera livré à Anvers pour être transformé en huile.
Notre route s’est poursuivie jusqu’à une grande baie bordée de petites plages de sable fin et blanc sans personne à l’horizon ! Arrêt obligatoire pour une petite baignade (eau à 28°C).
Nous sommes revenus à notre cargo, en passant par le « trou bleu » petite retenue d’eau bleu turquoise où, à nouveau, nous n’avons pas hésité à faire un plongeon dans cette eau douce de rivière translucide.
Notre cargo avait terminé de charger sa cargaison. Devant partir plus tôt que prévu, mon couple d’américains et moi-même avons eu juste le temps, pour clore en beauté cette journée enrichissante et inoubliable, d’aller déguster, en ville, une langouste grillée (une pour chacun, évidemment ! ) qui a été un régal.
Prochain arrêt : Honiara, Capitale des Iles Salomon Brigitte