22/1/2013

KANAZAWA (2)  — Jardin, samouraïs et musée

Classé dans: — Brigitte @ 18:41:11

                    Après avoir déjeuné, quand même, dans un sympathique petit restaurant

      Kanazawa repas

              Nous nous sommes dirigés (sous la pluie) vers le jardin Kenroku-en.

             Le jardin Kenroku-en est considéré comme l’un des trois plus beaux du Japon, avec ceux de Mito et d’Okayama. Situé sur les hauteurs de la partie centrale de la ville, ce parc de 11, 4  ha, créé en 1676, puis agrandi par les générations successives des seigneurs Maeda, était, alors, le jardin extérieur du château de Kanazawa.

      Kanazawa Kenroku-en 1

           En son centre, un grand étang artificiel Kasumigaike, entouré de collines et de pavillons et aménagé comme un océan, avec une île placée en son centre, l’on disait qu’un sage ermite immortel y vivait, symbole de longévité et de prospérité. Le nom de ce jardin : « jardin aux six aspects » se réfère aux six aspects que peu de parcs peuvent offrir en un même lieu : espace, quiétude, agencement minutieux, ancienneté, fraîcheur des cours d’eau et charme des paysages.

      Kanazawa Kenroku-en 2

           En effet, ruisseaux, étangs, cascades, bosquets, collines, sentiers, rochers, tout répond à une esthétique parfaite, qui évolue avec les saisons et les floraisons, pruniers et cerisiers en fleurs au printemps, iris et azalées au début de l’été, chrysanthèmes et pourpre des érables, quand vient l’automne, neige, en hiver, qui s’accroche en fils immaculés, créant une ambiance féerique, sur les cordages par lesquels, dès le 1er novembre, on suspend les branches des arbres afin d’éviter qu’elles ne se brisent sous le poids de la neige.

      Kanazawa Kenroku-en 3

      Kanazawa Kenroku-en 4

          Une fontaine, la plus ancienne du Japon, jaillit en exploitant la pression naturelle résultant de la différence de niveau des plans d’eau de l’étang Kasumi, au bord duquel se dresse une lanterne de pierre, Kotoji-toro,

       Kanazawa Kenroku-en 8

réalisée à l’image des hauts chevalets placés sous les cordes des kotos (cithare japonaise)…

                                          Koto

            …et qui est devenue le symbole du Jardin Kenroku-en.

            Avec les tambours à main des piliers de la gare, la ville nous appelle toujours à la musique.

       Kanazawa Kenroku-en 7

            Un panorama depuis l’étang, malgré la pluie qui tombait sur nous sans relâche, à cette heure :

       Kanazawa Kenroku-en 6

           Vous pouvez cliquer sur l’image, ou bien sur ces mots pour le voir en plein écran, et zoomer et vous déplacer en cliquant sur les boutons ad hoc, ou en utilisant la roulette de votre souris.

           Ensuite de quoi, nous nous accordons quelques instants de détente dans un café non loin du parc, avant de continuer notre visite de la ville :

      Kanazawa 2

                       Nous repartons vers le quartier de Naga-machi,, ancien quartier des samouraïs.

                      La ville de Kanazawa s’est développée autour du château du Domaine de Kaga et était dirigée par la famille Maeda jusqu’en 1868 (soit environ 280 ans) après l’installation de Toshiie Maeda au château de Kanazawa en 1583. Les résidences de deux des huit vassaux en chef du Domaine de Kaga se trouvaient dans la zone de Naga-machi où vivaient les samouraïs (guerriers japonais au service d’un daimyo) des hautes et moyennes classes. Avec l’arrivée de l’âge moderne, l’aspect des résidences a changé mais les étroites venelle et les murs en torchis ocre de la porte Nagayamon (porte d’une suite de maisons), conservent, cependant, encore intacte l’ambiance de l’ancienne époque.

                     Les murs en torchis ont été bâtis avec des pierres et de la boue insérées dans un moule et durcies. Les toits sont recouverts de minces plaques de bois. Bien que certains anciens mur, âgés de plus de 100 ans soient encore intacts, la majeure partie a été reconstituée. Kanazawa connaît de fortes chutes de neige pendant l’hiver. Afin d’empêcher que les murs en torchis ne s’effritent au moment du dégel au printemps, on les recouvre de nattes de paille, à partir du début décembre et jusqu’à la mi-mars.

                     Le canal d’Onosho qui coule autour de la zone est l’un des plus anciens canaux de Kanazawa et constituait une voie importante pour l’acheminement des marchandises du port jusqu’à la ville sous le château.

                    Toute de bois brun froncé, la luxueuse résidence Buke Yashiki Nomura ke au plafond décoré réalisé entièrement en cyprès japonais, et aux fusuma-e (peintures sur les panneaux des portes coulissantes) réalisées par le peintre personnel de la famille Maeda, appartenait à Nomura Denbei Nobusada, l’un des plus proches lieutenants de Maeda Toshiie. Depuis le XVIe siècle, douze générations de cette famille s’y sont succédé jusqu’à l’ère Meiji, enrichissant la maison et lui conférant, en particulier, un délicieux jardin ornemental où coule une cascade miniature, et qui abrite un myrica rubra âgé de 400 ans et une source aux méandres ponctués de rochers aux formes étonnantes.

                                     Armure Nomura

      Maison Nomura

              Kanazawa Nomura Katanas

                   Des armes et une lettre de remerciements de 1566, adressée à Shichirogoro Nomura par le seigneur (daimyō) Asakura Yoshikage, remerciant le sieur Nomura pour avoir tué un ennemi de haut rang, au cours d’une bataille et lui avoir fait parvenir sa tête. (Asakura Yoshikage mourra par seppuku, du reste, en 1573).

       Lettre remerciements

       De très belles laques :

       Laques Nomura

                                      Jardin Nomura 1

      Jardin Nomura 2

                  Il est 15h 30. Il nous reste deux heures pour aller visiter le Le Musée d’art contemporain du XXIe siècle de Kanazawa, laquelle bien que considérée comme une petite Kyoto, conservatrice des traditions, n’en abrite pas moins un des espaces les plus célèbres dans le domaine de la création artistique. Ouvert en 2004, au cœur de la ville, le bâtiment, entièrement circulaire, à cinq entrées et de faible hauteur, s’entoure d’une façade de verre et déborde sur des jardins qui accueillent des « installations » permanentes d’artistes internationaux, ainsi que des expositions temporaires de type expérimental d’artistes contemporains de renommée mondiale. Privilégiant légèreté, lumière et fluidité, il invite à un parcours de découverte sur un mode libre et ludique et se veut à l’écoute des nouveaux modes d’expression.

       Musée 21 siècle

       Retour par la gare où l’heure est affichée par les jets d’eau. Il fait nuit. Nous retournerons à l’hôtel nous doucher, nous sécher, nous changer. Demain, nous repartons en train pour un séjour dans la merveilleuse Kyōto:-)

        Kanazawa Heure

                                                                     Brigitte

KANAZAWA (1)  — 10e jour

Classé dans: — Brigitte @ 16:08:44

                                                                       carte kanazawa

                     Un proverbe japonais local énonce : « À Kanazawa, tu peux oublier ta femme ou ton repas, mais pas ton parapluie !… ». Et il fut vérifié, ce jour encore…

     Kanazawa 1

                   En effet, la pluie nous accompagna pendant pratiquement toute cette journée, cessant, par moments, pour nous laisser souffler, mais repartant de plus belle ensuite.

                    La ville de Kanazawa est un des joyaux du tourisme japonais, bien que quelque peu oubliée des étrangers (mais pas des touristes nippons). C’est, avec Takayama, l’une des cités les mieux préservées de la période Edo. Elle n’a pas connu de destructions de la guerre, ni celles des catastrophes naturelles, et samouraïs, marchands, geishas et seigneurs y ont tous laissé leurs marques dans un centre compact à la circulation aisée. Sa cuisine est justement célèbre et son artisanat riche et varié, notamment la laque et la feuille d’or.

                  Mais, à tout seigneur tout honneur, commençons par la gare où nous sommes arrivés, à l’architecture magnifique :

      Kanazawa gare 1

            Son dôme de verre baptisé « Dôme de Motenashi » (bienvenue) ressemble à un gigantesque parapluie à l’entrée Est. Il est pourvu d’une porte de bois appelée « Tsuzumi-mon », qui symbolise l’instrument japonais traditionnel tsuzumi (tambours à main). Devant cette porte, des jets d’eau, et l’heure y est affichée sous forme de petits jets d’eau…

      Kanazawa gare 2

            Au XVIIe siècle, cette ville, dont le nom signifie « le ruisseau doré » était l’une des plus puissantes cités féodales du Japon, depuis qu’en 1583 un seigneur Maeda, vassal du shogun Toyotomi Hideyoshi, s’en était emparé, au détriment d’une secte bouddhiste. Elle régna sur la région jusqu’en 1869, et y acquit une telle prospérité qu’elle devint la deuxième famille du pays, se faisant, également mécène des arts (poterie, teinture sur soie, laque, dorure à la feuille, théâtre Nô, etc.).

          Une petite digression, si vous le voulez bien, sur la teinture sur soie Kaga Yûzen 加賀友禅, spécifique de Kanazawa :

      Kanazawa teinture soie

                   A Kanazawa, ville où la cérémonie du thé, le théâtre nô ou la danse traditionnelle ont toujours été florissants, il est fréquent d’apercevoir des silhouettes vêtues de kimonos dans les rues de la ville et pas seulement pour des occasions exceptionnelles. Il en existe une grande variété, chacun correspondant à une occasion ou un lieu particuliers. Le Kaga Yûzen est un kimono que l’on porte à l’occasion de mariages ou de cérémonies solennelles.

         Son histoire, très ancienne, trouverait ses origines dans la technique de teinture umezome, vieille de près de 540 ans. Par la suite, un peintre de Kyôto nommé Yûzensai Miyazaki vint s’installer à Kanazawa et y inventa différents motifs de teinture. Parallèlement à cela, le peintre Kôrin Ogata, représentant de l’école Rinpa, créa ses propres motifs uniques et c’est ainsi que se développa le style Kaga Yûzen.

         L’une des particularités du Kaga Yûzen réside dans ses motifs à la tonalité réaliste qui le différencient du Yûzen de Kyôto (le Kyô Yûzen) aux ornements stylisés. Les principaux motifs du Kaga Yûzen ont pour thème les charmes de la nature à travers les quatre saisons. Différentes techniques, comme celle de la gradation, permettent de rendre avec habileté et précision toute la beauté de la nature. Ainsi, on pourra même reproduire avec un réalisme d’une rare finesse, par exemple, les feuilles rongées par les insectes. Par ailleurs, la gamme des couleurs du Kaga Yûzen est beaucoup plus riche que celle du Kyô Yûzen. Elle est dominée par cinq couleurs principales que l’on nomme kaga gosai, « les cinq couleurs de Kaga⦆» : l’indigo, le cramoisi, l’ocre, le vert et le pourpre. À travers les styles de teinture sur soie des deux villes, on peut sentir la différence entre la culture aristocratique de Kyôto et la culture guerrière de Kanazawa. Le processus de fabrication comporte cinq étapes (à la main, bien sûr).

             ( Le kimono du haut est l’oeuvre d’Uzan Kimura, grand maître de Kaga Yûzen, promu Trésor National Vivant en 1955. Celui du bas est un kimono formel noir, qui a pour sujet un célèbre paysage hivernal du jardin Kenroku-en, que nous verrons tout à l’heure  )

             Nous parcourons le quartier d’Higashi Chaya et ses rangées de maisons historiques classées au Patrimoine culturel du Japon. Autrefois, le centre de Kanazawa était parsemé de nombreuses maisons de thé (ochaya), mais elles ont été déplacées dans quatre quartiers éloignés du centre en 1820. Higashi Chaya est le plus grand. La construction de maisons à deux étages était interdite à l’époque d’Edo, excepté pour les maisons de thé qui se caractérise par son magnifique treillis appelé « Kimusuko » du côté extérieur du rez-de-chaussée, et ses salles de réception des invités à la japonaise au premier étage.

       Kanazawa Higashi

              Au détour d’une rue, nous nous trouvons devant un temple où se déroule, à l’extérieur, d’abord, sous les parapluies, puis à l’intérieur, un mariage :

       Kanazawa mariage 3

       Kanazawa mariage 1

       Kanazawa mariage 2

                Toujours dans cette ville ancienne, nous visitons la maison de thé Shima, classée au patrimoine culturel important du Japon. Construite à la même époque que le quartier Higashi Chaya en 1820, ses salles de réception et les loges se trouvent au premier étage, la structure sans placard, la petite cour ainsi que l’ensemble du bâtiment sont emplis du charme, de l’atmosphère raffinée et élégante des lieux de divertissement tels qu’ils existaient à l’époque d’Edo.

         Kanazawa Shima1

               Comme il était coutume à l’époque, les pièces de réception se trouvent toutes à l’étage ; la cuisine, un irori (foyer creusé à même le sol), le dressing et la chambre de la propriétaire occupant le rez-de-chaussée. Toutes les salles où étaient accueillis les visiteurs ont une petite salle d’attente attenante.

         Koto (cithare japonaise, shamisen (instrument à trois cordes pincées) Shima4, tambours et autres poèmes (tankas ou haïkus), les geishas ne manquaient pas d’atouts pour distraire leur hôtes…

         Kanazawa Shima2

                              Kanazawa Shima3

                   Avant de prendre le bus pour aller visiter le jardin Kenroku-en, nous faisons un tour dans le magasin et l’atelier de dorure à la feuille Sakuda, qui vend de très belles pièces, notamment des laques dorées ou argentées. Kanazawa produit plus de 90 % des feuilles d’or au Japon. Ces dernières servent à recouvrir les autels des temples et sanctuaires et les objets décoratifs, tels les éventails. On use de la poudre d’or ou d’argent pour rehausser les motifs des laques (c’est la technique du maki-e).

         L’atelier permet d’observer la production de feuilles d’or à partir de lingots jusqu’à obtenir une épaisseur de 0,0001 mm. Pour atteindre un tel niveau de finesse, on recourt au procédé de haku-uchi, qui consiste à superposer les feuilles d’or avec des feuilles de papier washi (papier traditionnel japonais) puis à marteler la liasse obtenue avec un batteur mécanique. Le papier utilisé est lui-même un produit d’artisanat traditionnel de Kanazawa transmis depuis des générations.

          On peut également admirer une exposition d’ustensiles et recevoir des explications sur leur utilisation. Les visiteurs peuvent déguster une tasse de thé (vert) contenant des paillettes d’or, censées soulager les rhumatismes… Dans ce magasin, les (vastes) toilettes dames sont entièrement dorées à l’or fin, murs et plafonds ! Les toilettes pour hommes ne sont qu’argentées. :-)

      Sakuda

                     Allez ! Il pleut dehors. Nous devons prendre le bus. C’est, d’ailleurs, une femme qui conduit, avec un masque sur le visage, comme beaucoup de personnes, ici (mais beaucoup moins qu’au Vietnam)… :

       Kanazawa Bus

                 La suite dans le prochain article…                             Brigitte

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