22/1/2013

KANAZAWA (1)  — 10e jour

Classé dans: — Brigitte @ 16:08:44

                                                                       carte kanazawa

                     Un proverbe japonais local énonce : « À Kanazawa, tu peux oublier ta femme ou ton repas, mais pas ton parapluie !… ». Et il fut vérifié, ce jour encore…

     Kanazawa 1

                   En effet, la pluie nous accompagna pendant pratiquement toute cette journée, cessant, par moments, pour nous laisser souffler, mais repartant de plus belle ensuite.

                    La ville de Kanazawa est un des joyaux du tourisme japonais, bien que quelque peu oubliée des étrangers (mais pas des touristes nippons). C’est, avec Takayama, l’une des cités les mieux préservées de la période Edo. Elle n’a pas connu de destructions de la guerre, ni celles des catastrophes naturelles, et samouraïs, marchands, geishas et seigneurs y ont tous laissé leurs marques dans un centre compact à la circulation aisée. Sa cuisine est justement célèbre et son artisanat riche et varié, notamment la laque et la feuille d’or.

                  Mais, à tout seigneur tout honneur, commençons par la gare où nous sommes arrivés, à l’architecture magnifique :

      Kanazawa gare 1

            Son dôme de verre baptisé « Dôme de Motenashi » (bienvenue) ressemble à un gigantesque parapluie à l’entrée Est. Il est pourvu d’une porte de bois appelée « Tsuzumi-mon », qui symbolise l’instrument japonais traditionnel tsuzumi (tambours à main). Devant cette porte, des jets d’eau, et l’heure y est affichée sous forme de petits jets d’eau…

      Kanazawa gare 2

            Au XVIIe siècle, cette ville, dont le nom signifie « le ruisseau doré » était l’une des plus puissantes cités féodales du Japon, depuis qu’en 1583 un seigneur Maeda, vassal du shogun Toyotomi Hideyoshi, s’en était emparé, au détriment d’une secte bouddhiste. Elle régna sur la région jusqu’en 1869, et y acquit une telle prospérité qu’elle devint la deuxième famille du pays, se faisant, également mécène des arts (poterie, teinture sur soie, laque, dorure à la feuille, théâtre Nô, etc.).

          Une petite digression, si vous le voulez bien, sur la teinture sur soie Kaga Yûzen 加賀友禅, spécifique de Kanazawa :

      Kanazawa teinture soie

                   A Kanazawa, ville où la cérémonie du thé, le théâtre nô ou la danse traditionnelle ont toujours été florissants, il est fréquent d’apercevoir des silhouettes vêtues de kimonos dans les rues de la ville et pas seulement pour des occasions exceptionnelles. Il en existe une grande variété, chacun correspondant à une occasion ou un lieu particuliers. Le Kaga Yûzen est un kimono que l’on porte à l’occasion de mariages ou de cérémonies solennelles.

         Son histoire, très ancienne, trouverait ses origines dans la technique de teinture umezome, vieille de près de 540 ans. Par la suite, un peintre de Kyôto nommé Yûzensai Miyazaki vint s’installer à Kanazawa et y inventa différents motifs de teinture. Parallèlement à cela, le peintre Kôrin Ogata, représentant de l’école Rinpa, créa ses propres motifs uniques et c’est ainsi que se développa le style Kaga Yûzen.

         L’une des particularités du Kaga Yûzen réside dans ses motifs à la tonalité réaliste qui le différencient du Yûzen de Kyôto (le Kyô Yûzen) aux ornements stylisés. Les principaux motifs du Kaga Yûzen ont pour thème les charmes de la nature à travers les quatre saisons. Différentes techniques, comme celle de la gradation, permettent de rendre avec habileté et précision toute la beauté de la nature. Ainsi, on pourra même reproduire avec un réalisme d’une rare finesse, par exemple, les feuilles rongées par les insectes. Par ailleurs, la gamme des couleurs du Kaga Yûzen est beaucoup plus riche que celle du Kyô Yûzen. Elle est dominée par cinq couleurs principales que l’on nomme kaga gosai, « les cinq couleurs de Kaga⦆» : l’indigo, le cramoisi, l’ocre, le vert et le pourpre. À travers les styles de teinture sur soie des deux villes, on peut sentir la différence entre la culture aristocratique de Kyôto et la culture guerrière de Kanazawa. Le processus de fabrication comporte cinq étapes (à la main, bien sûr).

             ( Le kimono du haut est l’oeuvre d’Uzan Kimura, grand maître de Kaga Yûzen, promu Trésor National Vivant en 1955. Celui du bas est un kimono formel noir, qui a pour sujet un célèbre paysage hivernal du jardin Kenroku-en, que nous verrons tout à l’heure  )

             Nous parcourons le quartier d’Higashi Chaya et ses rangées de maisons historiques classées au Patrimoine culturel du Japon. Autrefois, le centre de Kanazawa était parsemé de nombreuses maisons de thé (ochaya), mais elles ont été déplacées dans quatre quartiers éloignés du centre en 1820. Higashi Chaya est le plus grand. La construction de maisons à deux étages était interdite à l’époque d’Edo, excepté pour les maisons de thé qui se caractérise par son magnifique treillis appelé « Kimusuko » du côté extérieur du rez-de-chaussée, et ses salles de réception des invités à la japonaise au premier étage.

       Kanazawa Higashi

              Au détour d’une rue, nous nous trouvons devant un temple où se déroule, à l’extérieur, d’abord, sous les parapluies, puis à l’intérieur, un mariage :

       Kanazawa mariage 3

       Kanazawa mariage 1

       Kanazawa mariage 2

                Toujours dans cette ville ancienne, nous visitons la maison de thé Shima, classée au patrimoine culturel important du Japon. Construite à la même époque que le quartier Higashi Chaya en 1820, ses salles de réception et les loges se trouvent au premier étage, la structure sans placard, la petite cour ainsi que l’ensemble du bâtiment sont emplis du charme, de l’atmosphère raffinée et élégante des lieux de divertissement tels qu’ils existaient à l’époque d’Edo.

         Kanazawa Shima1

               Comme il était coutume à l’époque, les pièces de réception se trouvent toutes à l’étage ; la cuisine, un irori (foyer creusé à même le sol), le dressing et la chambre de la propriétaire occupant le rez-de-chaussée. Toutes les salles où étaient accueillis les visiteurs ont une petite salle d’attente attenante.

         Koto (cithare japonaise, shamisen (instrument à trois cordes pincées) Shima4, tambours et autres poèmes (tankas ou haïkus), les geishas ne manquaient pas d’atouts pour distraire leur hôtes…

         Kanazawa Shima2

                              Kanazawa Shima3

                   Avant de prendre le bus pour aller visiter le jardin Kenroku-en, nous faisons un tour dans le magasin et l’atelier de dorure à la feuille Sakuda, qui vend de très belles pièces, notamment des laques dorées ou argentées. Kanazawa produit plus de 90 % des feuilles d’or au Japon. Ces dernières servent à recouvrir les autels des temples et sanctuaires et les objets décoratifs, tels les éventails. On use de la poudre d’or ou d’argent pour rehausser les motifs des laques (c’est la technique du maki-e).

         L’atelier permet d’observer la production de feuilles d’or à partir de lingots jusqu’à obtenir une épaisseur de 0,0001 mm. Pour atteindre un tel niveau de finesse, on recourt au procédé de haku-uchi, qui consiste à superposer les feuilles d’or avec des feuilles de papier washi (papier traditionnel japonais) puis à marteler la liasse obtenue avec un batteur mécanique. Le papier utilisé est lui-même un produit d’artisanat traditionnel de Kanazawa transmis depuis des générations.

          On peut également admirer une exposition d’ustensiles et recevoir des explications sur leur utilisation. Les visiteurs peuvent déguster une tasse de thé (vert) contenant des paillettes d’or, censées soulager les rhumatismes… Dans ce magasin, les (vastes) toilettes dames sont entièrement dorées à l’or fin, murs et plafonds ! Les toilettes pour hommes ne sont qu’argentées. :-)

      Sakuda

                     Allez ! Il pleut dehors. Nous devons prendre le bus. C’est, d’ailleurs, une femme qui conduit, avec un masque sur le visage, comme beaucoup de personnes, ici (mais beaucoup moins qu’au Vietnam)… :

       Kanazawa Bus

                 La suite dans le prochain article…                             Brigitte

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