NIKKO (2) suite — temples et jardins
Le soleil brille, à présent, et fait luire joliment les toits mouillés de pluie, au milieu de ce feuillage multicolore. La lumière est belle. Nous continuons la visite de Nikko en visitant les autres temples.
Nous admirons la riche ornementation du Rinnō-ji. Il a été le premier temple créé, par Shodo Shunin, à quelques pas du pont sacré. Il avait pour nom Shironryu-ji et n’a pris son nom actuel qu’au XVIe siècle, où il devient, sous l’influence du moine Tenkai le point d’essaimage régional d’une quinzaine de temples répondant au même nom.
Tout à côté, le musée du Trésor, qui expose, par rotation, une partie de ses 6.000 pièces de patrimoine bouddhique. Et le délicieux jardin du Shōyō-en, créé à l’époque d’Edo, qui reproduit en miniature les paysages du lac Biwa, près de Kyoto, immortalisés par Hiroshige nous ravit par ses couleurs magiques :
Qu’entends-je ? Vous me dites que ce panorama est trop petit ?… Mais il ne tient qu’à vous de le voir en plein écran : il vous suffit de cliquer sur l’image et vous pourrez l’examiner à loisir (attendez que l’image se charge) à l’aide de votre souris… ou bien le laisser défiler
Ensuite de quoi, les yeux encore emplis de ces merveilles, nous nous rendons à notre hôtel, un hôtel typiquement japonais, non loin de l’emplacement des temples. Il était près de 16 heures, il ferait nuit à 17 heures. Nous sommes accueillis par une patronne charmante qui avait mis mon nom au fronton de son hôtel pour me faire honneur. Il faut se déchausser. Nous commençons à avoir l’habitude. On nous montre notre chambre : une pièce très accueillante meublée d’une belle et grande table basse vernie, sur laquelle trône une bouilloire avec tout le nécessaire pour le thé, des sièges sans pieds, pour s’asseoir en tailleur, à la mode japonaise. Pas de lits : les futons qui sont dans le placard seront sortis ce soir, nous dit-on, et posés à même le tatami.
Il y a un bain commun, accessible à toute heure, mais également un bain privé, plus agréable, que la dame nous propose de nous réserver entre 16 h 30 et 17 h 30, ce qui nous arrange, car nous nous proposons de descendre, ensuite, dîner en ville. Le bain japonais, dans lequel on entre propre — il faut, bien sûr, avoir fait sa toilette à côté auparavant, ceci puise son origine dans les rites shintoïstes de purification : on ne souille pas les eaux dispensées par les divinités — est un moment de bien-être et de sérénité extrême. Et cette détente, après le voyage et la marche de cette journée, est vraiment un moment de béatitude.
Nous avons un “pass", qui nous permet de prendre gratuitement les bus de la ville. Mais la patronne — décidément aux petits soins pour moi — nous propose de nous emmener demain matin, à 8 h 30, à la gare en voiture, pour nous éviter d’avoir à nous lever trop tôt ! Elle nous fera servir le petit-déjeuner à 7 h 30, ce qui nous permettra de nous reposer. Nous lui exprimons notre gratitude et, après le bain, nous rangeons nos affaires et partons à pied vers ville, dans la nuit, afin de trouver un restaurant… Nous descendons, un temps, le long du côté gauche de la rivière sans rien trouver, même pas une lumière, puis remontons, traversons et nous dirigeons vers des endroits plus éclairés.
Las !… Il est 19 h 30 et tout est fermé !… Nous avions vécu la même mésaventure à Tokyō, un soir où nous avions voulu manger une pizza dans un restaurant “italo-japonais” et où, arrivés à 20 heures, on nous avait signifié, en nous servant… que le restaurant fermait à 20 h 15 ! Mais bon… en cherchant un peu, nous finissons par trouver une sorte de bistrot/resto ouvert, où un drôle de bonhomme, sympathique, mais un peu bizarre, se propose de nous préparer des spaghettis bolognaise et de nous servir des bières, dans le capharnaüm (très propre) qui est son restaurant et où il accumule une telle quantité d’objets hétéroclites de tous endroits et de tous pays (il connaît un peu Paris pour y avoir été) qu’il n’y aura, bientôt plus de place pour les clients !
Après nous être restaurés, une petite marche pour remonter jusqu’à notre hôtel. Nous retrouvons avec plaisir notre chambre aux cloisons à glissière. La table est poussée dans un coin, les lits sont posés et prêts à nous recevoir et à nous donner le repos attendu. Demain, retour à Tokyo pour nous diriger immédiatement vers Kamakura. Nous allons bien dormir, les yeux encore emplis des merveilles du jour…
Brigitte