12/8/2019

Nagano et Obuse

Classé dans: — Brigitte @ 20:00:35

                              Au cœur des Alpes Japonaises à Nagano, sélève un temple vénérable : le Zenkō-ji, (reconstruit au XVIIIe siècle), le deuxième temple le plus important après celui de Nara.

                          

Avec la reconstruction du temple Zenkō-ji au XVIIIe siècle, la ville de Nagano a connu une croissance rapide grâce au flux constant de pèlerins. Elle est, aujourd’hui, un centre politique, économique et culturel prospère qui a acquis une renommée internationale, lors des Jeux Olympiques d’hiver en 1998.

                            Construit au VIIe siècle, ce temple est classé Trésor National; il abriterait la toute première statue de Bouddha Amida apportée sur l’Archipel par des missionnaires coréens lors d’une visite en 552… Mais elle n’a jamais été proposée à la vue du public. Fût-ce lors de la grande cérémonie Gokaichō qui a lieu une fois tous les sept ans ; c’est une copie qui est exposée.

                           En dehors de cet événement exceptionnel, le temple reçoit chaque année des millions de fidèles, qui franchissent deux portes massives (Niōmon et Sanmon), de part et d’autre de la rue Nakamise dōri,. Dans son bâtiment principal, les plus audacieux peuvent emprunter un couloir souterrain dont la traversée dans l’obscurité complète leur permettra d’essayer de toucher une lourde clé les conduisant à… l’Éveil !

                          Tous les matins, aux alentours de 5h 1/2-6h se tient une cérémonie religieuse publique, nommée « Ojuzu-Chodai ». Le père supérieur tapote la tête des fidèles avec son chapelet, le juzu, pour les bénir. Nombre de pèlerins s’y pressent. C’est un temple très tolérant qui accepte à la fois les deux sectes Jodō Shū et Tendai, deux tendances du bouddhisme japonais, et les hommes comme les femmes. Je me suis particulièrement attachée à la cérémonie de l’aube. J’ai gravi vaillamment les escaliers à 4h30 du matin. Le grand prêtre nous a bénis un à un, puis les moines, crânes rasés et vêtus de somptueuses robes de soie vinrent se mettre à genoux devant l’autel. Des lectures de textes sacrés entrecoupées de sons de gong et de volutes d’encens. Tout un rituel s’ensuit pendant près de 2 h. Photos interdites…

Le temple de Zenkō-ji, dont la cloche avait sonné l’ouverture de la cérémonie d’inauguration des Jeux d’hiver de Nagano en 1998, a refusé de participer au relais de la flamme olympique, lors des Jeux de Pékin, en 2008, en solidarité avec les Tibétains. Il devait être le point de départ de la flamme dans le pays, et a contraint le Japon à choisir un autre point de départ. Il fut vandalisé quelques jours plus tard, peut-être en relation avec cette décision…

                          Ensuite, j’ai pris un train local pour me rendre à Obuse où vécu Hokusaï. C’est une petite ville aux multiples secrets, avec un très beau centre montrant de luxueuses maisons anciennes. Mais elle n’a pas toujours été une petite ville. À l’époque Edo, elle était un important domaine féodal qui avait su tirer profit de son emplacement idéal sur les routes commerciales du centre du Japon pour prospérer. Outre des industriels, elle attirait à cette époque des artistes de renom, dont l’un des plus célèbres : Katsushika Hokusai. Résidant à Edo (aujourd’hui Tokyo), il a passé beaucoup de temps à Obuse dans les dernières années de sa vie. Il y est venu pour la première fois en 1844 à l’invitation d’un jeune marchand local qui avait brillamment réussi dans le commerce, et qui lui fit construire une demeure où il a pu travailler confortablement et calmement jusqu’à la fin de sa vie.

Cette histoire est retracée dans le très beau musée Hokusai, situé en plein cœur d’Obuse, au milieu des vignobles et des châtaigneraies. Le lieu abrite d’innombrables œuvres de l’artiste, et, notamment, des peintures réalisées ici à la fin de sa vie. On peut visionner des vidéos retraçant la belle carrière de cet artiste, dont ses œuvres les plus célèbres : Les trente-six vues du Mont Fuji :

Tout commence à la fin de l’époque Edo (1603-1868), quand Kozan Takai, peintre d’ukiyo-e confucianiste, voyage à Edo (l’ancienne Tokyo) et rencontre l’artiste déjà célèbre Hokusai Katsushika. Quelques années plus tard, ce dernier lui rend visite à Obuse. C’est le début d’une amitié artistique. Kozan est issu d’une riche famille de marchands de saké. Il aime l’art mais devient surtout un mécène pour les artistes, particulièrement pour Hokusai. Il lui fait construire un atelier sur place pour lui permettre de se consacrer pleinement à la peinture. Il a déjà 83 ans, Kozan 37. Par générosité, l’artiste fait plusieurs séjours à Obuse jusqu’à ses 89 ans, laissant de nombreuses œuvres derrière lui.

                            

                            

                    Coup de chance, ma longue journée fut complétée par la fête d’Obon (fête des âmes). Elle se déroule au milieu du mois d’août, lors des vacances d’été. Les Japonais rentrent dans leurs familles pour honorer leurs ancêtres et en profitent pour participer à de nombreux festivals locaux et régionaux (matsuri ), que j’ai déjà évoqués précédemment.

                            

                            

                            

Au Japon la perception de la mort n’est pas exactement la même qu’en Occident. La disparition d’un proche signifie un renouveau pour son âme. La fête d’Obon traduit bien cet état d’esprit. Chaque famille agrémente l’autel de la maison appelé butsudan de certaines offrandes : de l’encens, des fleurs ou des fruits selon les régions. Obon est un rassemblement familial. Des danses traditionnelles sont associées à cet événement. Chanteurs et musiciens animent les rues et places où les visiteurs, vêtus de leurs yucatas dansent en rond. Au son du tambour, une jeune femme dirigeait cet ensemble…

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