Canal de Suez
Ma position à cette heure, en mer Méditerranée (nous venons de passer la ville d’Alexandrie) :
Latitude : 32°24′87 Nord, Longitude : 29°32′73 Est
Nous sommes arrivés à l’entrée du Canal de Suez ce mardi 20 juin, à 3 heures du matin, après avoir traversé le Golfe d’Aden, puis la mer Rouge. Une multitude de cargos étaient déjà en attente pour le passage, tout illuminés de leurs feux variés et colorés.
Au reste, la réglementation exige que les navires en transit soient pourvus d’un projecteur agréé, lequel, placé à la proue, permet d’éclairer, si besoin, les berges, dans le cas où un vent de sable réduirait la visibilité.
Le Canal de Suez est un canal long de 163 km qui relie Port-Saïd, port égyptien donnant sur la Méditerranée, à Suez qui s’ouvre sur la mer Rouge. Avant son creusement, les marchandises devaient être transportées par terre entre la Méditerranée et la mer Rouge. Dans l’Antiquité, un canal indirect par le Nil reliait les deux mers. À l’époque de Napoléon on disait que le niveau de la mer Rouge dépassait de dix mètres celui de la Méditerranée.
Comme le canal ne peut être utilisé qu’avec des bateaux pourvus d’un moteur et qu’en 1860 seulement 5 % des navires fonctionnaient à la vapeur, sa construction fut un pari. Dans la décennie suivante, les marines marchandes s’équipèrent en masse.
Débutée en avril 1859, la construction du canal de Suez par la compagnie de Ferdinand de Lesseps se termina en 1867 mais son inauguration eut lieu le 17 novembre 1869 en présence de l’impératrice Eugénie.
Ismaïl Pacha, Khédive ou vice-roi d’Égypte ambitionne, alors, de donner à l’Égypte l’image d’une grande nation à l’égal de celles d’Occident. L’achèvement du percement du canal de Suez et la souveraineté de l’Égypte lui ouvrent des perspectives. Il fait construire un théâtre au Caire inauguré en même temps que l’achèvement du canal de Suez, le 1er novembre 1869, avec Rigoletto dirigé par Emmanuel Muzio, l’ami et l’ancien élève de Giuseppe Verdi . Le khédive commande également à Verdi l’opéra Aïda qui ne sera joué qu’en décembre 1871.
Au moment de l’inauguration du canal, L’Égypte possédait 44% des actions et 21 000 français se partageaient le reste. Un peu plus tard, la dette extérieure de l’Égypte contraignit celle-ci à vendre ses parts à prix d’aubaine au Royaume-Uni qui assurait ainsi sa route des Indes. Des troupes britanniques s’installèrent sur les rives du canal pour le protéger en 1882 et remplacèrent l’empire Ottoman comme tuteur du pays.
Après l’indépendance de l’Inde, le poids stratégique du canal change: il n’est plus le point de passage capital entre le Royaume-Uni et son Empire. En revanche, le canal devient un point de passage stratégique pour le pétrole…
Contrairement au Canal de Panama, encore, nous avons eu plus de chance et l’attente n’a été que de quelques heures. Le passage se fait par
convoi de 10 cargos sur une seule voie. Plus de 65 cargos transitent chaque jour par le canal et c’est la première source financière de l’Égypte, avec les revenus du pétrole et du tourisme.
La traversée a duré 12 heures. A bâbord, à l’entrée du canal, nous avons pu apercevoir la ville de Suez, construite de bâtiments modernes et neufs. Des arbres et jardins rafraîchissent cette ville située aux portes du désert. Notre cargo a poursuivi sa route en longeant une “oasis” de plusieurs
kilomètres où palmiers et jardins cultivés contrastent avec les montagnes arides en arrière-plan. Sur la rive gauche, le paysage varie entre des mini-canyons, des dunes de sable , des oasis bien verdoyantes, de nouvelles villes en pleine construction. A tribord, le Sinaï n’est que désert…
De part et d’autre des rives, sur les 170 km qui constituent le canal, des camps militaires sont implantés, avec des guérites de surveillance tous les 300m environ. Des barges, transportant véhicules et personnes d’une rive à l’autre, se faufilent habilement dans l’intervalle du passage de deux cargos. Des petites embarcations de pêcheurs, certaines avec des voiles de fortune, vont et viennent.
Des routes neuves longent le canal et j’ai même vu un train ! A mi-chemin du canal, un magnifique pont édifié il y a deux ans par les japonais relie le contient africain et le continent asiatique. Quel beau symbole ! Mais je n’ai vu qu’un camion circuler sur cette oeuvre d’art. Nous avons atteint Port Saïd vers 20 heures, avec un très beau coucher de soleil rougeoyant comme on peut en voir dans les peintures orientalistes.
Nous avons dit au revoir au canal de Suez et bonjour à la mer Méditerranée.
Il a fait assez chaud, surtout l’après-midi, et il était presque impossible de rester à demeure sur le pont brûlant. J’ai, quand même, pu trouver un petit coin d’ombre (chaude aussi ! ) pour faire mes photos que vous verrez lors de mon prochain arrêt : Algeciras (Espagne) dans quatre jours… en principe !
Brigitte