7/3/2013

Kōya-san (4) — 21e jour (2) Fin de Kōya-san et retour à Paris

Classé dans: — Brigitte @ 17:57:15

           Nous parvenons, donc, à l’enceinte sacrée du complexe de Danjō Garan ( 壇上伽藍 ). Elle est précédée, à environ 300 m à l’Ouest, par la majestueuse porte à deux étages, le Dai-mon, dont j’ai déjà parlé.

En 816. Kōbō Daishi (774-835) établit sa communauté et pose les premières pierres d’une « enceinte sacrée » qui devait rester, avec le Kongobu-ji, l’un des principaux sites religieux de la ville.

Le lieu compte une vingtaine de temples et bâtiments et est dominé, en son centre, par le Konpon Daitō, grande pagode peinte de vermillon de 50 m de hauteur. Pagode à un niveau, reconstruite à la fin des années 1930, elle figure au centre du mandala en fleur de lotus formé par les huit montagnes entourant Kōya-san. Entre légende et culte, elle abrite le Dainichi Nyorai, Bouddha cosmique, entouré de quatre autres bouddhas qui l’assistent.

  Koyasan Konpon Daito

            Juste en face, se dresse le Kondo, pavillon principal qui accueille les principales cérémonies religieuses. Il fut édifié en 819 et également reconstruit pour la septième fois en 1932. Une statue du Yakushi Nyorai, le Bouddha médecin, se dévoile lorsque le pavillon est ouvert.

  Koyasan Kondo

  Koyasan Kondo 2

            Derrière le Kondo, l’élégant pavillon du Miedo contient le portrait de Kōbō Daishi peint par son disciple Shinnyo. Image précieuse entre toutes, qui est entourée par dix autres portraits des disciples du saint. Initialement, ce pavillon était utilisé par Kōbō Daishi pour sauvegarder ses images de Bouddha et pour se recueillir. Ces deux éléments le rendent particulièrement sacré. Il n’est ouvert qu’une fois l’an, le 21 mars.

  Koyasan Miedo

  À l’Ouest s’élève, encore, une grande pagode en bois, très ancienne, à l’extrémité d’une allée de cèdres : Saitō, la pagode de l’Ouest :

  Koyasan Danjo Garan Pagode

    Nous continuons notre chemin… À droite, Tōtō, la pagode de l’Est.

  Koyasan Danjo Garan 2

    Le Fudodō, le plus ancien bâtiment de Kōya-san ayant échappé aux incendies. Il a été construit par Gyosho shonin en 1198 à la demande de Hachijo-nyonin, la fille de l’empereur Toba. En 1910, le pavillon fut déplacé à son emplacement actuel, à l’occasion de la rénovation de Trésor National. Le bâtiment actuel date de l’époque de Kamakura dans le style archaïque des demeures de l’époque d’Heian. À l’intérieur, l’objet de vénération principal est la divinité Achala ( Fudō Myōō) . On trouve également les huit vassaux ou Hachidai Doji, réalisés par le célèbre sculpteur Unkei. Le pavillon et les huit vassaux sont classés aux Trésors nationaux.

  Koyasan Fudodo

  Koyasan Konpon Daito 2

  Koyasan Danjo Garan 3

                  Au Sud, de l’autre côté de l’étang, le musée Reihō-kan, construit en 1921, conserve les trésors artistiques de Kōya-san. Il possède plusieurs milliers d’œuvres dont 200 sont en circulation, par roulement. bon nombre d’elles sont classées Trésors Nationaux (il possède 8% de ceux du Japon) ou Biens culturels importants. Sculptures, mandalas, tentures… Les photographies sont interdites.

  Koyasan 4

                Il est onze heures. Nous avons un peu de temps. Je veux refaire une dernière fois, avant de partir, le chemin dallé de l’Okuno-in, jusqu’au temple. Nous trouvons un bus qui nous emmène jusqu’à l’entrée du sanctuaire…

                                     Koyasan Okuno-in 28

  Koyasan Okuno-in 29

  Koyasan Okuno-in 30

  Koyasan Okuno-in 31

         Plaquettes de bois plantées dans la rivière sacrée en l’honneur des enfants morts-nés :

  Koyasan Okuno-in 32

  Koyasan Okuno-in 33

            Des pèlerins :

  Koyasan Okuno-in Pèlerins

            Et des religieux :

  Koyasan Okuno-in Moines

  Koyasan Okuno-in 34

                                    Koyasan Okuno-in Brigitte

  Koyasan Okuno-in 35

  Koyasan Okuno-in 36

  Koyasan Okuno-in 37 Pierre circulaire

                Et voilà !… Il est 14 heures… il ne nous reste plus qu’à prendre le funiculaire, puis le train jusqu’à Osaka, puis le train jusqu’à la ville de banlieue proche de notre aéroport…

  Koyasan Retour funiculaire

             Notre séjour japonais se termine. Nous avons vu des choses étonnantes, ou étranges, goûté de merveilleuses beautés, avons été, tour à tour, surpris, émerveillés, et, parfois, eu la sensation de nous trouver sur une autre planète, entourés, imprégnés de cette explosion de couleurs… Et charmés, toujours, de la politesse et, surtout, la gentillesse des humains que nous avons côtoyés et au milieu desquels nous avons vécu des journées inoubliables…

            Notre avion décolle demain, jeudi 29 novembre, pour Pékin à 9h 30. Il nous faudra être à l’aéroport à 7 heures, au moins. Ensuite Pékin-Paris, où il est prévu que nous arriverons à 18h 30, décalage horaire oblige… Voilà. Il nous faut rentrer et retrouver les charges de la vie quotidienne, mais avec, dans le cœur, cette grande gentillesse et ces mille couleurs…

           À un prochain voyage, donc !……… Bizatous !…               Brigitte-san

                                                                                                      

Kōya-san (3) — 21e jour (1) Cérémonies au temple

Classé dans: — Brigitte @ 12:02:00

                 C’est le petit matin. La nuit a été glaciale. Certes, nous avions le chauffage d’appoint, pour la nuit. Mais sortir de la chambre pour aller se laver ou aux toilettes nous gelait sur place. Bref, nous voilà réveillés et prêts pour la cérémonie… une heure avant.

                 La cloche sonne et un prêtre vient chercher les « fidèles » (nous !), pour leur faire emprunter un grand escalier de pierre jusqu’à un grand bâtiment où se déroulera la cérémonie bouddhiste du matin. Les moines récitent des soutras, font brûler de l’encens, psalmodient des textes dans une langue inconnue (dérivée du sanscrit), textes qui ont un fort caractère répétitif.

Nous sommes assis par terre, jambes croisées, ou sur nos talons, sur un coussin. Les moines officient. La cérémonie dure près de trois quarts d’heure. Les personnes présentes sont invitées à s’avancer pour prier et brûler un peu d’encens.

  Koyasan cérémonie 1

                   Puis les moines nous demandent de les suivre dans un autre bâtiment, devant l’enceinte du monastère, où aura lieu la cérémonie du feu.

Dans la pénombre éclairée de la flamme de bougies, cependant qu’un jeune moine frappe un gong de manière de plus en plus rapide, que d’autres psalmodient à voie basse des matras, le grand-prêtre s’assied devant l’autel chargé d’offrandes, de cloches et de canneliers et allume le feu avec des fagotins de bois.

  Koyasan cérémonie du feu

Bois, graines, riz, encens. En tout 108 objets seront brûlés, qui représentent les péchés. Au son des clochettes et dans les volutes des fumées d’encens, le feu consume les illusions et délivre des passions. Après une demi-heure, environ, nous sommes invités à passer un par un devant la fumée, afin de l’attirer vers nous de la main, dans le but de nous purifier.

Il nous est, alors, permis de retourner dans nos chambres, où un jeune moine nous apporte notre petit-déjeuner, végétarien, toujours, sur des petites tables qu’il installe sur le tapis, les futons ayant été rangés dans l’oshiire, pendant notre absence.

  Koyasan petit-déjeuner

                 Après nous être restaurés et avoir tenté de répondre à un ou deux mails urgents dans le local informatique du temple (le seul qui ait un Wi-Fi, du reste anémique, et deux machines aux caractères japonais), nous repartons pour la visite des autres sites de Kōya-san… Non sans une certaine nostalgie…

En effet, ceci sera notre dernière journée au Japon, ou tout comme. Tout à l’heure, vers 14 heures et des poussières, nous allons reprendre le funiculaire pour Gokurakubashi, puis le train pour la gare de Namba, à Osaka, où nous allons vivre notre dernière nuit japonaise dans un hôtel retenu non loin de l’aéroport, d’où nous prendrons, aux aurores, notre avion pour Paris…

  Koyasan 2

                  Allez, il est 9 heures, en ce mercredi 28 novembre 2012. Il nous reste pas mal de choses à contempler. Nous prenons nos sacs à dos, après avoir réglé notre dû aux moines, et nous dirigeons vers l’Ouest, un peu au centre ville, où s’élève le temple Kongōbu-ji, le saint des saints de Kōya-san et le quartier général de la secte Shingon. L’ensemble, d’une superficie de près de 16 hectares, abrite à la fois des bâtiments administratifs à partir desquels sont gérés les 3600 temples de l’école Shingon de l’archipel, une université religieuse et un temple.

  Koyasan Kongobu-ji 1

  Koyasan Kongobu-ji 2

  Koyasan Kongobu-ji 3

    Devant le temple, la mascotte du Kongōbu-ji. Érigé pour la première fois en 816 par Kōbō-Daishi, il change de visage en 1131, sous la direction de l’empereur Toba, puis se reconvertit en mausolée, en 1593, pour la mère du shōgun Toyotomi Hideyoshi et brûle entièrement en 1863 avant d’être reconstruit. Il reçoit son nom actuel (« Temple de la Montagne du Diamant ») en 1869.

  Koyasan Kongobu-ji 4

  Koyasan Kongobu-ji 5

  Koyasan Kongobu-ji 6

     La salle principale n’est pas ouverte aux visiteurs, excepté pour de grands évènements comme la fête du solstice d’hiver ou le 8 avril, date anniversaire de la naissance de Sakyamuni, autre nom de Bouddha. Mais on peut admirer les œuvres sur fusuma (portes coulissantes) de Kanō Motonobu, fondateur de l’école Kanō au XVIe siècle :

  Koyasan Kongobu-ji 7

  Koyasan Kongobu-ji 8

  Koyasan Kongobu-ji 9

  Koyasan Kongobu-ji 10

  Koyasan Kongobu-ji 11

  Koyasan Kongobu-ji 12

             Au fond, les rochers du Banryū-tei, le plus grand jardin sec du Japon (2340 m²), évoquent des montagnes ou des dragons émergeant d’une mer de nuages…

  Koyasan Kongobu-ji 13

  Koyasan Kongobu-ji 14

  Koyasan Kongobu-ji 15

             La visite de ce temple s’achève par l’immense cuisine du monastère, où l’on préparait les repas pour environ 2000 moines…

  Koyasan Kongobu-ji 16

              Parmi les sept mille habitants de Kōya-san, près de la moitié sont des moines et le reste se compose de leur famille, résultat des mariages survenus après l’arrivée des femmes. Avec encore cent dix temples actifs, la cité, quartier général de l’école bouddhique shingon, reste un centre religieux influent.

              Ces moines, en effet, ont le droit de se marier, et il n’est pas rare de voir des moines en mobylette ou marchant avec femmes et enfants. La marchandisation du sacré n’a pas épargné le Mont Koya et l’on peut voir, parfois, certains moines en soutane partis faire leurs courses au volant de voitures de luxe… Le but de l’école Shingon est, en effet, nous l’avons vu, d’atteindre l’état de Bouddha pendant son existence. Autrement dit, faire des choix simples, modestes, mais non contraignants. Contrairement à d’autres écoles du bouddhisme, le Shingon ne condamne pas les moines à l’austérité.

               Nous continuons, à présent, un peu plus à l’Ouest, vers une autre enceinte sacrée, le Danjō-Garan (temples sur plateau), que je vais détailler dans le prochain post, qui sera, hélas, le dernier ayant trait à ce magnifique voyage, rempli de beauté et de couleurs…

                                                       Brigitte-san             

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