GUATEMALA (suite) PANAJACHEL
Panajachel est située au bord du lac Atitlàn, que l’on dit être l’un des plus beaux au monde. “Pana” — comme tout le monde l’appelle, à la mode guatémaltèque, qui consiste à donner aux villes des noms hyper-compliqués (nous verrons Chichicastenango transformée en Chichi ;-)) et de n’en prononcer qu’une partie, en langage courant — est le point de départ pour visiter (par bateau) tous les petits villages indiens situés au bord du lac.
Le lac Atitlàn est remarquable par sa situation géographique. Entouré de hautes montagnes (dont trois volcans), de jardins fleuris et de forêts luxuriantes ainsi que de douze villages à forte majorité maya, la couleur des eaux varie considérablement selon les conditions atmosphériques, allant du bleu clair au gris foncé.
Accompagné de cette chaîne de majestueux volcans, il s’étend sur plus de 130 km² à 1560 m d’altitude, sur une longueur de 18,5 km. Le matin, l’air est pur, le ciel dégagé et le lac se fait miroir. L’après-midi, les volcans se parent pudiquement d’un léger voile et rendent, bientôt, l’atmosphère mystérieuse et poétique.
Volcan san Pedro, Atitlán
Les villages cakchiquels (agriculteurs des hautes plaines, renommés pour les couleurs de leurs étoffes) et tzutuhils — dont on peut traduire le nom par “ceux de l’endroit fleuri” — au bord des rives du lac, semblent sortir d’une autre époque, en ayant gardé leur mode de vie traditionnel.
Femmes à Santa Catarina
Chaque village a son costume propre (cela vaut aussi bien les femmes que les hommes), ses étoffes somptueuses aux coloris et motifs d’une infinie diversité. Les femmes ont toujours leurs longues nattes où est entrelacé un ruban multicolore (tocoyal). Les hommes avec leur chemise à dominante rouge aux nombreux motifs colorés, pantalon large et chaussures à talonnettes et bouts carrés et, autour de la taille, un châle qu’ils nouent comme une jupe…
Marché de Chichicastenango
Le marché de Chichicastenango (Chichi) surpasse tous les autres par la population et les centaines de marchands, venus de toute la région, qui s’y pressent, surtout autour de l’Église Santo Tomas, où se manifeste, là encore, dans les fumées d’encens, un mysticisme nourri d’un catholicisme mêlé de traditions ancestrales… Sa construction sur un ancien site maya remonte à 1540. Les 18 marches de l’escalier menant à l’église symboliseraient le calendrier sacré de 18 mois de 20 jours chacun. Des chuchkajaus ("hommes de prière"), intermédiaires entre les hommes et les esprits, officient sur le parvis où les gens leur confient leurs vœux…
Marches de l’église à Chichi
Paradoxe des tissus mayas du Guatemala : les couleurs éclatantes attirent les regards, mais aucun, avant le XIXe siècle, ne semble s’être jamais vraiment posé sur eux : il n’existe pas de description systématique de ces tissus : aucune histoire documentée n’est possible avant le début du XXe siècle. Et l’attention que l’on peut leur porter se risque rarement sur le terrain de l’analyse. La technique du tissage est étudiée à la perfection, mais peu de choses apparaissent quant aux fonctions sociales. Or, pour les peuples mayas, le vêtement met en signes l’identité de celle ou celui qui le confectionne et l’inscrit dans un ordre qui n’est pas seulement spatial, ni même social, mais cosmogonique (place attribuée dans un univers naturel et divin).
Femme tissant à Chichi
Détails de tissus
Motifs
Brigitte