8/7/2018

Puna Pau et l’Ahu Akivi (24 mars)

Classé dans: — Brigitte @ 14:26:30

PUNA PAU,  la carrière des pukaos (chapeaux des Moaï).

Puna Pau est un petit volcan éteint, situé à environ 7 km au nord-est de Hanga Roa, et dont le nom fait référence à une source ou un puits d’eau qui aurait existé dans son environnement. Ce cône volcanique fait partie d’un ensemble de cônes parasites qui émergèrent au cours des éruptions de Ma’unga Terevaka, le plus jeune et le plus haut volcan sur l’île de Pâques.

À l’intérieur du cratère de Puna Pau se trouve une carrière de scorie rouge qui était autrefois une source importante de matières premières pour les insulaires. La scorie rouge ou hani hani, son nom en langue rapa nui, est un type de cendre volcanique d’une grande porosité et d’une structure particulière, qui présente une couleur rougeâtre due à l’oxyde de fer présent dans sa composition. Les caractéristiques de ce matériau tendre et facile à sculpter, ce qui le rendait impropre à la construction, ont été utilisées pour la fabrication de différents types d’objets, dont certains très spéciaux. Parmi eux, une vingtaine de statues de petite taille, des récipients pour l’eau, appelés taheta, des blocs de type ornemental et des yeux de moaï.

Bien qu’il existe d’autres dépôts de cendres rouges sur l’île, la carrière de Puna Pau était la plus important de tous, et est considérée comme étant à l’origine de la plupart des objets connus sculptés en hani hani . La couleur rouge est, en effet, une couleur symbolique associée aux rites sacrés et au mana (force spirituelle).

Puna Pau

Puna Pau

                    La forme actuelle du petit volcan est le résultat de l’intervention de l’homme au cours de l’histoire. Selon les dernières fouilles, la période entre les XIVe et XVIIe siècles a donné lieu à un intense travail d’extraction dont le motif principal était l’élaboration des pukaos (chapeaux) cylindriques qui couronnaient quelques-unes des statues de l’île de Pâques. Tout comme le versant sud du volcan Rano Raraku  (voir cet article) est à l’origine de la plupart des statues de l’île, on estime que le tiers du cratère de Puna Pau a été utilisé pour fabriquer tous les pukaos. On pense, également, que, dans la carrière, se formaient différentes équipes de travail se concurrençant pour délimiter leurs propres zones de production.

Puna Pau

Puna Pau

Puna Pau

                    Cependant, contrairement à Rano Raraku, il semble que Puna Pau ait été considéré comme un lieu secret et sacré. Son emplacement dissimulé aux autres parties de l’île, une production presque silencieuse, réalisée à l’intérieur du cratère, et cette couleur rouge particulièrement appréciée a contribué à son isolement à un certain mysticisme.

Un chemin un peu raide et, parfois, glissant mène au cratère et on peut monter jusqu’au sommet du volcan pour découvrir un magnifique point de vue sur la périphérie de Hanga Roa, l’océan Pacifique et les terres cultivées où se dressent doucement des cônes volcaniques.

Puna Pau

Puna Pau

Puna Pau

Puna Pau

Puna Pau

                    Cliquer sur l’image, pour regarder le panorama en très grande taille  ;-)

   

L’AHU AKIVI   Les sept explorateurs

                    Ce site présente des caractéristiques singulières, en raison de son emplacement unique, de son orientation astronomique, bien étudiée et des travaux de restauration qui ont été opérés et qui représentent une étape importante dans l’histoire récente de l’île de Pâques.

Ahu Akivi est situé sur le flanc sud-ouest du volcan Maunga Terevaka (511 m), le point culminant de l’île, à 2,6 km à l’intérieur de la côte centre-ouest. Cette situation est déjà importante, puisque la plupart des plates-formes cérémonielles sont élevées sur le littoral de l’île.

Ahu Akivi

Des quelques Ahus construits à l’intérieur de l’île (environ une trentaine), Ahu Akivi est la plate-forme la plus importante et complexe. D’après les fouilles et les études réalisées, on pense que la première phase de construction a commencé vers la fin du XVe siècle. On érigea, tout d’abord, une plate-forme rectangulaire sur une surface plane, d’où partait une rampe de 25 mètres. À l’arrière se trouvait un crématorium utilisé dans les cérémonies de crémation.

Au cours de la deuxième phase, qui débuta à la fin du XVIe siècle, des améliorations et des modifications furent apportées : on construisit un deuxième crématorium et l’on édifia sept statues de Moaï sur la plate-forme centrale.

Ahu Akivi est situé dans un territoire associé au puissant clan Miru, l’une des tribus les plus puissantes de l’ile. On pense que les moaï ont été érigés environ 150 ans avant le premier contact avec les visiteurs européens, ce qui suggère qu’à ce moment, considéré comme une date tardive, il régnait encore une stabilité politique et l’abondance économique nécessaire pour mener à bien une construction de cette ampleur.

Ahu Akivi

           Les statues qui regardent la mer

Les sept statues ont été transportées depuis la carrière du volcan Rano Raraku (voir cet article) situé à 15 km, à travers un terrain irrégulier et en utilisant une méthode encore sujette à nombre d’hypothèses. Les statues présentent, entre elles, une uniformité minutieuse, quelque chose que l’on ne voit pas à Tahai ou Tongariki, et qui confère au monument une impression d’harmonie et d’équilibre.

On dit souvent que les moaï de Ahu Akivi sont les seules statues qui regardent la mer, sur l’île, puisque toutes les autres tournent le dos à l’océan. Mais, bien que ce ne soit pas faux, la vérité est toute autre : ils sont, en effet, orientés comme le reste des plates-formes : leurs visages regardent vers l’esplanade qui se prolonge devant eux, où s’étendait, autrefois, un village. Les statues de Akivi ont été placées, comme toutes les autres, de manière à surveiller et protéger les habitants du village, par le pouvoir de leur mana, leur puissance mystique.

Ahu Akivi

Ahu Akivi

Un observatoire astronomique précis

Comme d’autres plates-formes sur l’île, y compris le moaï seul de l’Ahu Huri a Urenga, l’Ahu Akivi a été construit suivant une orientation astronomique précise. De cette manière, les moaï contrôlaient le changement des saisons et les moments les plus appropriés pour les tâches agricoles. Ici, l’axe de la plate-forme a été orienté Nord-Sud, de manière à ce que les visages des moaï regardent exactement à l’endroit où le soleil se couche lors l’équinoxe du printemps austral (le 21 septembre) et montrent leur dos au lever de soleil de l’aube de l’équinoxe d’automne (le 21 mars).

La légende de sept explorateurs

La littérature récente sur Akivi fait état d’un lien qui existerait entre les sept statues de la plate-forme et la légende des sept jeunes gens qui avaient été envoyés en exploration, avant sa première colonisation de l’île, par le roi Hotu Matu’a.

Cette légende raconte que Hau Maka, le prêtre de Hotu Matu’a avait fait un rêve dans lequel son âme volait à travers l’océan et lui avait fait voir l’île. Par la suite, il aurait dépêché sept explorateurs sur la mer pour localiser l’île, étudier ses caractéristiques et juger du meilleur endroit pour y débarquer.

Bien que l’idée soit séduisante, de cette légende évoquée dans la pierre, on peut largement douter de cette interprétation. Les Moaï de ce site appartiennent à une période sculpturale assez tardive, après l’an 1440 apr. JC, et les historiens admettent que les premiers colons sont arrivés sur l’île vers le Ve siècle, excluant, ainsi, une relation entre les deux faits…

Ahu Akivi

La restauration

L’Ahu Akivi a été le premier Ahu restauré après qu’un petit groupe d’insulaires, à la demande de Thor Heyerdahl, eut érigé la statue de l’Ahu Ature Huki sur la plage de Anakena en 1956 (voir cet article). L’anthropologue américain William Mulloy, membre de cette équipe norvégienne, consacra, dès lors, une grande partie de son existence à étudier les mystères de l’île de Pâques.

Les travaux de reconstruction de l’Ahu Akivi ont commencé au mois de mars 1960 et continué jusqu’en octobre. William Mulloy et son collègue chilien Gonzalo Figueroa œuvrèrent avec une équipe de 25 Pascuans dans diverses phases d’excavation et de reconstruction. Ce fut la première fouille archéologique sérieuse et la première restauration complète d’un site de cérémonie à Rapa Nui.

Les travaux ont été réalisés avec peu de moyens matériels, ils utilisèrent uniquement des poteaux en bois, des pierres et une paire de bœufs. Mais avec de la persévérance, de l’ingéniosité et beaucoup d’efforts, ils atteignirent leur objectif. Pour soulever et placer le premier moaï, ils usèrent d’une rampe en pierre et de deux grands leviers en bois. Une opération qui prit un mois entier. Cependant, après avoir perfectionné leur technique et avec le bénéfice l’expérience acquise, il leur a fallu moins d’une semaine, ensuite, pour élever la septième statue. La restauration d’Akivi est considérée comme un tournant, sur l’île, car, à partir de ce moment, les autres restaurations de plates-formes importantes (Tongariki et autres) ont commencé, qui conduisirent à une véritable renaissance culturelle…

Ahu Akivi

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