26/2/2013

NARA (1) — 14e jour (1)

Classé dans: — Brigitte @ 09:50:56

        Aujourd’hui, nous partons, en train, pour Nara, à 42 km au sud de Kyōto. Cela nous permet d’admirer encore l’architecture de la gare de Kyōto :

 gare de Kyoto entrée train Kyoto

     Ah ! Tiens !… cette entrée dans le train semble réservée aux femmes uniquement !…   

                      Un peu d’histoire…

C’est sur le sol de Nara, à l’extrémité de la route de la soie, que fut fondée l’ancienne Heijo-kyo, qui devint et resta la première capitale fixe du royaume, de 710 à 784. Avec elle se mit en place un état puissant et centralisé, catalyseur de l’identité nationale. Le bouddhisme, importé de Chine et de Corée, put s’y enraciner et fleurir sous le patronage des souverains successifs dont quatre impératrices. Avant 710, on était contraint de déplacer la capitale à la fin de chaque règne en raison des interdits shintoïstes concernant la mort.Après le décès du souverain les palais, frappés d’impureté, devaient, en effet, être détruits et reconstruits ailleurs.

Pour pallier cet inconvénient, et peut-être aussi parce que l’influence grandissante du bouddhisme avait effacé les antiques tabous. l’impératrice Gemmei promulgua, en 707, peu après son accession au trône, un édit ordonnant la construction d’une capitale permanente.

Les grands temples des règnes précédents, tels le Kofuku-ji et le Yakoshi-ji y furent déplacés, et d’autres, comme le Todai-ji, y étaient créés. La ville, construite, à l’image de Chang’an, capitale chinoise des Han, puis des Tang, selon un plan géométrique, qui sera, plus tard, celui de Kyoto, représentait un quadrilatère d’environ 2.500 hectares pour une population de 100.000 habitants. Avec le soutien des empereurs, le bouddhisme s’y épanouit, initiant un essor artistique et culturel sans précédent. En témoigne l’édification, de 747 à 752, de la grande statue de Bouddha en bronze, la plus grande du monde, du Todai-ji.. Pendant 74 ans (de 710 à 784), Nara est la capitale du Japon. Cette époque, connue sous le nom de période de Nara, peut être considéré comme le premier âge d’or du pays.

            Arrivés à Nara, nous nous dirigeons vers le temple Kofuku-ji. Édifiés en 669 au sud de Kyoto, ce temple, appartenant à la puissante famille Fujiwara, fut transféré à Nara en 710, et s’est agrandi au fur et à mesure que cette famille prenait de l’influence.. Entre les VIIe et XIIe siècles, il s’étendait sur près de 12.000 m2 et comptait pas moins de 175 bâtiments Sur le plan architectural, c’est l’un des rares édifices bouddhistes qui a conservé son style d’origine purement japonais sans influence chinoise. La pagode de cinq étages, fine et légère, fut plusieurs fois brûlée mais renaquit, à chaque fois, de ses cendres :

                           Nara pagode

Avec ses 50 m de haut, elle est la deuxième plus haute pagode du Japon, après celle du To-ji de Kyōto dont je vous ai déjà parlé.

    Kofuku-ji 1

    kofuku-ji 2

Le Kokuhokan, ancien réfectoire des moines, sert de salle du trésor. Celle-ci recèle plusieurs statues très anciennes. Parmi celles-ci, une tête de bouddha en bronze de 685, reste d’une ancienne statue, dont les yeux étroits et fendus traduisent l’influence chinoise :

                          Kofuku-ji 3

Plus loin, une statue de la déesse Kannon aux mille bras, en bois laqué et doré d’époque Kamakura (XIIe siècle) rivalise de beauté avec un extraordinaire Ashura ( gardien de la Loi) à trois têtes du VIIIe siècle, en chanvre laqué et aux 6 bras longs et fins. ( voir ci-dessus ; évidemment, toutes les photos sont interdites…   ).

                                  kofuku-ji 4

               Nous sortons. Des daims se promènent librement dans les grandes allées de la ville et de son parc et harcèlent les promeneurs afin qu’ils leur donnent quelque nourriture. En fait, ce sont des cerfs Sika (cervus nippon), plus petits que les daims européens. Considérés comme des messagers des dieux du sanctuaire Kasuga, ils sont classés trésors nationaux.

   Nara 1

                                  Nara 2

   Nara 3

   Les couleurs du parc sont magnifiques, bien sûr !

    Nara 4

    Nara 5

              Sous l’œil vigilant des daims,

     Nara 7

nous franchissons la porte Nandai-mon, la majestueuse porte du Sud à cinq travées et double toit qui nous mène au temple Todai-ji :

    Nara 8

Deux imposantes statues en bois, classées, avec la porte, trésors nationaux, représentent les deux féroces gardiens Ni-oh. Comme à l’entrée de tous les temples bouddhiques du Japon (nous les avons déjà évoqués, ailleurs), ils sont là pour s’opposer aux forces du mal. Mais encore…

La statue de droite, « Misshaku Kongō » a la bouche ouverte, symbolisant la première syllabe, en sanscrit, qui se prononce « a », et qui est aussi le premier cri que l’on pousse en naissant. La statue de gauche, « Naraen Kongō », ferme sa bouche, au contraire, symbolisant, lui, la syllabe « Uum », qui est le dernier son que l’on émet. Ainsi, ces deux divinités symbolisent-elles le commencement et la fin de toutes choses ; la contraction des deux sons [Aum] évoque, du reste, « l’absolu » en sanscrit, syllabe sacrée reprise dans le Om ou Aum du bouddhisme. Elles représentent toute la création. On dit aussi que le gardien à la bouche ouverte symbolise la puissance exprimée, alors que celui à la bouche fermée incarne la puissance latente

                                 Nara 9

                          Nara 10

     Nara 11

     Nara 12

     Nara 6

            Et je vous conterai le Todai-ji dans le prochain article… :-)

                                     À suivre…                                     Brigitte

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