13/2/2009

VANARASI  (BÉNARÈS)

Classé dans: — Brigitte @ 06:00:00

                         Bénarès… Arrivée à 4h30 du matin par le train, j’ai demandé à être déposée dans la vieille ville où se trouve ma “Guest house“, petit hôtel aux chambres simples. J’ai fini le trajet à pied, mon rickshaw ne pouvant se faufiler dans ce dédale invraissemblable de petites ruelles minuscules, sans lumière, et peu engageantes à cette heure si matinale. Quelqu’un m’a conduite tout de même à ma destination et je l’en remercie.

                        Ma guest house se situe sur une des “ghâts” sorte de grandes marches au bord du Gange. En attendant midi pour prendre possession de mon “chez moi", je me promène et vois le doux lever du soleil sur la mère “Gange” . Des couleurs pastels roses et vertes se reflètent sur l’eau encore endormie d’où s’élève une légère brume de chaleur. Je marche le long du fleuve pour me trouver, sans m’y être vraiment préparée, au Manikarnika Ghât, haut lieu des crémations. Je suis pourtant une “dure à cuire", mais le choc du spectacle m’a saisie !   Une dizaine de bûchers laissaient crépiter leurs flammes. Quelques civières à même la terre attendaient un bûcher libre. Des “Doms“, hommes de caste inférieure, armés de grands bâtons remuaient les bûchers déjà avancés pour replacer un bras ou une jambe égarés et déjà bien noircis par le feu… les chiens errants en quête de nourriture n’étant pas très loin.

Une autre civière arrive… le cadavre est enveloppé dans un linceul de couleur différente selon qu’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Cette civière, portée par les membres mâles de la famille du défunt qui récitent les prières adéquates, est ensuite immergée dans le Gange, pour le dernier bain du défunt, puis déposée sur le bûcher, la quantité de bois nécessaire étant d’environ 200 kg par personne. Un rituel s’ensuit. Du camphre et du beurre ainsi que d’autres produits sont éparpillés sur le mort. Le fils aîné tourne autour du bûcher à cinq reprises dans le sens contraire des aiguilles d’une montre pour symboliser le retour du corps vers les cinq éléments d’origine grâce au feu. La famille achète le feu sacré (le même feu, jamais éteint depuis plusieurs milliers d’années) et allume le bûcher. Le corps met environ trois heures pour se consumer, puis les cendres sont jetées dans le Gange.
Des rôdeurs viennent récupérer l’or des cadavres (dents, bijoux). Des stèles de satis, évoquent le sacrifice des veuves qui se faisaient brûler vives en même temps que leur époux. L’explosion du crâne symbolise la libération de l’âme du défunt. 200 cadavres sont ainsi incinérés chaque jour. Les photos sont interdites… Revenons à Varanasi.

                    Vanarasi

Bénarès,  Kali,  et puis Varanasi,  la ville change de nom mais reste éternelle et égale à elle-même. C’est la ville la plus vieille du monde, avec les mêmes rites immuables perpétués depuis des âges immémoriaux. Ici, plus que jamais ailleurs en Inde, j’ai éprouvé la puissance de la religion et la ferveur inébranlable qui anime les croyants !

                      Repos sur le ghât

                                                     Repos sur le ghât

                       Chaque année plus d’un million de pélerins viennent à Varanasi  tout comme le musulman va à la Mecque. Le bonheur suprême pour un hindou est de venir mourir ici pour en finir avec le cycle des réincarnations et atteindre le nirvāna.

                       Pèlerins à Bénarès

                                                            Pèlerins à Bénarès

Des hindous de toutes les parties de l’Inde se rendent ici, sur les bords du Gange. Des ethnies différentes se côtoient, vêtues des vêtements spécifiques de leur région et toutes ces couleurs chatoyantes rendent cette ville très vivante au pays des morts…

                                               Petit matin à Vararasi

                                                                                Petit matin à Vanarasi

                         Tôt le matin, hommes et femmes viennent faire leurs ablutions dans la “mère Gange”  pour se purifier de tous leurs péchés sans se préoccuper des touristes curieux ou des voisins. Puis, toute une vie s’organise sur les ghâts (les marches qui recouvrent les rives des cours d’eau ou les berges des bassins et permettent de descendre au contact de l’eau). Sous de grands parasols se développe toute une vie sociale, religieuse et commercante.

                          Commerçants et TV

                                                       Commerçants et leur TV

                         Il y a des masseurs, des vendeurs de fleurs, de cartes postales…

                          marchand de fleurs

                                                       Marchand de fleurs

Des sages méditent, font leur yoga ou jouent de la flûte. D’autres “prêtres” préparent la “puja“, offrande à un dieu. Quelques musiciens et chanteurs accompagnent ces rites.

                                                    dévot

                                                                                 Un dévot

                     sadhu 1    sadhu2

                                                                                Sadhus

                        Vanarasi est célèbre aussi pour son artisanat : saris de soie brodée, enluminures…

                       tissage de la soie

                                                        Tissage de la soie

                        Manikarnika Ghât est le ghât des crémations où se trouve le puit sacré de Shiva dans lequel sont jetés chaque jour des tonnes de fruits et de fleurs en offrande aux dieux. La ville est dédiée à Shiva et ses adorateurs se reconnaissent aux trois traits blancs tracés sur le front. Des bûchers sont dressés le long du ghât et brûlent en permanence. Une crémation coûte une centaine de roupies et le bois s’achète aux vendeurs situés autour du ghât.

                       Bûchers au loin

                                                       Bûchers au loin

Le bois le plus précieux pour les crémations est le bois de santal qui coûte cent roupies le kg (2€) et il en faut 350 kg pour une crémation. Le bois le moins cher est à cinq roupies mais il brûle beaucoup moins bien et le corps n’est alors pas entièrement consumé; ce qui reste est jeté dans le Gange.

                       Bois en attente de crémation

                                                       Bois en attente de crémation

                                               Fleurs pour offrandes

                                                                                          Fleurs pour offrandes

                       Le soir, à la tombée de la nuit, la Puja est tout aussi saisissante. Sur une des ghâts s’élèvent les chants sacrés tandis que prend lieu l’offrande de la lumière au fleuve.

                                                invocation au soleil

                                                                                         Invocation au soleil

Cinq prêtres officient, tournés vers le Gange, accompagnés d’un groupe de musiciens. Des dizaines de petites bougies, posées sur l’eau, créent, alors, une atmosphère irréelle. On peut aller voir aussi la Puja du fleuve, en louant une barque.

                      Puja du soir

                                              Puja du soir

                      spectateurs de la puja

                                              spectateurs de la Puja

                      L’on est saisi par cette ambiance qui nous transporte au-delà de nous-mêmes, dans un lieu où la vie et la mort s’entremêlent dans un sentiment d’éternité, faisant, soudain, paraître vaines les petites réalités de notre existence… On ne quitte pas Varanasi sans une certaine émotion.

Laissons parler Pierre Loti : “Il est des villes — telle Bénarès — encore tellement imprégnées de prière, malgré l’invasion du doute moderne, que l’on y est plus qu’ailleurs libéré d’entraves charnelle et plus près de l’infini“.

                       Lumière du soir

                                             Lumière du soir

                         J’ai pu me joindre à un groupe pour pratiquer le yoga, le soleil se levant tout doucement sur le Gange.

                        Lever du soleil sur le Gange

                                              Lever du soleil sur le Gange

                        Je suis aussi allée écouter un concert de cithare et de tablas, sui allée au musée…

                                          Statue

                                                                      Statue du musée Kala Bhavan

J’ai flâné dans les rues, réalisé de petits dessins, regardé les vaches sacrées, les gens avec leurs petits métiers enfin goûté à n’en plus finir toute cette atmosphère prenante de Varanasi (Bénarès) que l’on quitte à regret mais pour un au revoir seulement, j’espère…  Je pars dans quelques heures pour Calcutta, quelque peu triste de quitter Varanasi où je commencais a connaître du monde et à faire ma petite vie au bord du Gange….

             Je rappelle que vous pouvez voir l’animation de mon voyage (en flash) ici (Cliquez)

                          À bientôt !… Bizatous !…                                             Brigitte

4 Comments »

  1. Ah oui, Varanasi/Benares, les Ghâts, fascinants et envoutants. Je ressens les odeurs âcres. Je vois que tu y es allée à toute heure du jour et de la nuit. Superbes photos. Profite bien ! Bz de Monique J

    Comment par jarrier — 14/2/2009 @ 09:17:21

  2. Par la lecture de ton blog, nous remarquons que tu as bien commencé ton voyage en Hindoustan nous remémorant ainsi, par tes écrits et tes photos, d’agréables moments d’un périple assez récent dont les cinq sens s’étaient retrouvés constamment en éveil pour apprécier la richesse de ses diverses cultures artistiques. Nous te souhaitons une bonne continuation pour ta prochaine destination : Calcutta ! Cette ville va te réserver beaucoup de surprises. Janine nous a fait part d’avoir essayé de te laisser un message sur ton blog. Bibi des Geoli

    Comment par Les Geoli — 16/2/2009 @ 15:39:16

  3. Bonjour Brigitte ! Tes photos sont très belles, empreintes de posésie. Les photos de la mère Gange ont une lumière très douce. J’ai bien aimé aussi les séries, c’est amusant! Quelles personnes tu rencontres ! je vois que les saddhus posent pour toi de bonne grâce… On sent un autre monde, c’est très attirant. Et toi qui le parcours en ce moment… merci de nous faire partager ! Je t’embrasse, Agnès

    Comment par Agnès — 18/2/2009 @ 10:24:53

  4. de retour d’un voyage en Inde je suis contente de voir vos photos de Varanasi et les explications que vous en donnez.

    Comment par Fortuné (Clotilde) — 29/12/2014 @ 11:22:25

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